Le Cercle Modernist

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Paris Mods in the 8o's & 90's : Hard Crew & Stylist Real'Deal.

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Cet article, consacré à la scène Modernist de la ville de Paris,

est écrit avec la précieuse collaboration de Laurent Grux, membre éminent du 75 M.N.S.

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Plus précisément, "Paris Mods in the 80' & 90's : Hard Crew & Stylist Real'Deal" est une préface à une série de textes,

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portant justement sur les origines et les différentes phases du mouvement Modernist en France.

 

Soulignons que ce premier article n'a aucunement la prétention d'être exhaustif sur cette époque,

il se présente plutôt comme une "plongée" au coeur d'une période fondatrice pour la scène Modernist à Paris.

 

 

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- Hommage à notre cher Thierry Steuve (1963-2016), ici avec les Original Gambetta Mods en 1987  (Source : 75 M.N.S) -

 

 

Fin des années 1970, consécutivement à l'émergence du Mod Revival en Angleterre et aux premiers concerts importants du groupe The Jam en Francela culture Modernist s'affirme et s'installe progressivement dans les rues de la capitale Hexagonale.

Incontestablement, Paris est une des premières villes, en France (avec Caen en Normandie) à voir des jeunes gens, de toutes origines sociales, attirés par cette toute nouvelle subculture venue directement d'Outre-Manche.

C'est donc avant même la sortie du film "Quadrophenia" en France (le mercredi 2 avril 1980), que les touts premiers Mods apparaissent peu à peu dans la ville de Paris.

Notons que dès ses prémices, la scène Parisienne tendra à se constituer d'une manière bien spécifique au regard du reste du pays. Effectivement, dés leur apparition, à la différence des autres villes en Franceles Mods de Paris n'ont pas de point de rencontre emblématique (ou spécifique) pour tous se rassembler.

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Plus précisément, la culture Modernist est vécue d'une manière assez individualiste à Paris : Ils se réunissent donc en petits (voire micro) groupes, dans des lieux divers, et un certain nombre d'entre eux restent isolés.

A Lyon par exemple, la capitale des Gaules, les Mods se rassemblent plus facilement : ils se rencontrent  très vite tous ensemble autour d'un même secteur : la place Bellecour.

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Quelques kilomètres plus loin, chez nos chers (es) amis (es) et cousins Transalpins, en Italieles Mods de la ville de Turin ( la Delta T.K, le Frecce Cromate S.C et le mythique groupe de Oscar Giammarinaro les Statuto) ont déjà investit la désormais célébrissime Piazza Statuto : une place qu'ils occupent toujours depuis 35 ans chaque samedi après-midi !

 

- Référence musicale 1 (en bas d'article) -

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 - Gambetta Original Mods (Haut) City Gents All Mod Society (Bas) / (Source : SCU 75 M.N.S) -

 

 

Plus précisément, à Paris, le Modernism est vécu d'une manière assez individualiste, de plus, il se manifeste de manière fragmentée, et avec des effectifs numériquement plutôt réduits, surtout en comparaison aux autres grande villes Européennes.

De ce fait, le premier lieu significatif de rassemblement des Mods à Paris, celui de la Rue des Archives dans le 1er arrondissement, ne s'est établi véritablement qu'au début 1981 (aprés le rendes-vous plus spontané et agrégatif à la friperie "Scooter" aux Halles), alors que l'existence des Mods était bien antérieure dans la capitale (fin 1978 pour quelques individus, et surtout 1979 pour les premiers petits groupes constitués).

En fait, la superficie étendue de la capitale, et son urbanisme si spécifique avec ses quartiers, n'expliquent qu'en partie ce particularisme de la scéne Mod Parisienne. Il est de notre devoir d'établir un constat à propos du niveau de l'ensemble de la scène Modernist Française de cette période.

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Celle-ci était extrêmement pauvre face aux scènes réelles et bien présentes sur le continent, surtout en comparaison de l'organisation de nos amis (es) Italiensde la florissante et très diversifiée scène Espagnole (nombreuses scènes locales, Modzines, rassemblement, groupes musicaux), et du niveau d'excellence des Belges de Bruxelles.

Pour être plus précis, même durant son pic en "matière d'effectifs", de 1980 à 1983, la "scène" Mod Hexagonale ne s'est jamais démarquée positivement, tant dans sa compréhension du Modernism, l'implication personnelle de ses membres s'affirmant comme Modset du fait de l'absence de réelles tentatives d'organisation, d'inventivités ou spécificités relevées pour les différentes scènes Mod Européennes précédemment citées.


Les Mods Français sont pour nombre d'entre eux (même si les notables exceptions eurent une influence marquante sur le devenir de notre culture), restés au stade de "Jam Boy", de Mods "Revivalist"et pour d'autres (qui ont malheureusement vite décroché) l'effet de mode passé et certains dangers apparus, nous parlerons de Plastic ou Target Mods ( les ancêtres des terribles Comedy Mods actuels), ou des Third Class Tickets ...

 

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- Patch Officiel de la City Gents Modernist Society (Source : C.G.M.S) -

 

 

Pour contrebalancer quelque peu et revenir sur nos derniers propos, plusieurs Scooter Club ou Mod Society (issus des différents quartiers de la capitale) vont enfin contribuer a dessiner une histoire beaucoup plus honorable et qualitative pour les Mods de la ville de Paris. Il est utile de rappeler aux plus jeunes certains noms, comme ceux du Vespa Club, du Jet Club, des Crystal Dancer's, des Smart Boys de Lutècedes Gambetta Original Mods, des Laughthing Boys (Rambouillet), puis de la Mod Society des City Gents, et du 75 M.N.S.

En opposition à ce constat de pauvreté culturelle, organisationnelle et d'une certaine couardise, la mentalité et les moeurs très caractéristiques de certains Mods de Paris vont marquer d'une empreinte indélébile, l'identité des rares Mods qui continueront et n'abandonneront pas cette culture, mais bien au contraire l'approfondiront toujours plus malgré des circonstances assez peu favorables.

Plus tard, durant les années 1983-84, après la décrue numérique suivant la dissolution des Jam et la fin du Mod Revivalcette même identité va véritablement se transformer en une authentique marque de fabrique. Une marque de fabrique double ; entre une recherche constante pour une connaissance approfondie des divers champs de notre culture, et au quotidien, un mode de vie Mod fortement teinté de violence.

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Un mode de vie qui sera qualifié à postériori de "Hard Mod", même si nous émettons des réserves sur ce vocable souvent dévoyés ou utilisé à tort : comme avec les  O.M de la place Gambetta et leur Capo Philippe "Sid" Debarge, ou avec les Smart Boys de Lutèce de Lionel Velard devenu "Chef Vulcan".

C'est justement cette dernière partie que nous allons maintenant dévelloper : l'émergence, au milieu des années 1980 dans la ville de Parisd'une frange Ultra Mod, à la fois passionnée par la culture Mod et n'hésitant pas à recourir régulièrement à la violence face à des adversaires divers, qui fera date et marquera clairement une rupture dans la "paysage" Modernist Français du Revival à nos jours ...

Nous tenons à souligner que c'est une histoire encore méconnue dans la culture Modernist Parisienne et Française. Cette histoire est corrélée essentiellement à l'installation, puis à la présence, d'un rendez-vous quotidien des Mods sur la place Gambetta (Paris XXème), et ce pendant plus de dix ans, et par éponyme aux "Mods de Gambetta" (Original Mods Gambetta).

 

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Les Mods de Gambetta se distinguait déjà par la spécificité de leur background et de leur composition. En effet, ce lieux de rendez-vous regroupait plusieurs Clubs ou petite structures (Firm) comme les "Templiers" de SidChristian "Tuss" Bertrand & Crew, le Royal Dandies S.C de Jacques "Big" SerreSylvain "Baby Face" Vilain & Crew, la Mod Society des City Gents (C.G.M.S) avec, entre autres, Nicolas "Budgy" Louchart (dont certains d'entres eux venaient du "feu" Rendez-vous des Mods de Goncourt, ou des Modes en "individuel").

Nous étions tous unis par cette appartenance affirmée et revendiquée aux Mods de Gambetta : Gambetta était pour nous tous un référent de cohésion et de reconnaissance. Gambetta était aussi et surtout le "marqueur" d'une farouche volonté de continuer et développer cette connaissance dans le ModernismUne situation a contario au regard cette période qui voyait la présence Modernist s'éteindre rapidement, ou carrément disparaître dans certaines grandes villes Françaises.

Précisons que la sélection des entrants était relativement serrée et s'attachait aux qualités personnelles des aspirants, mais aussi à leur capacité d'engagements pour le groupe ; sans considération pour toute autre forme de discriminant, et pour finir leur volonté de rejoindre pleinement notre mode de vie. Par conséquence, les recrutements étaient extrêmement limités et rétrospectivement peu ou pas d'erreurs ne furent commises sur ce sujet.

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Il existait aussi quelques Modernist épars sur Paris, dont deux ou trois de grande qualité, les autres s'agrippant à d'autres groupes proches, ou éloignés, de notre scène étaient souvent d'un "niveau" lamentable, honteux et déshonorant aux regards des autres scènes Européennes.

Comme nous l'avons souligné, avec son évolution prècedemment évoquée, la scène Mod Parisienne avait une spécificité dans ses pratiques et usages. En effet, la violence, avec tous ses comportements induits et conséquences, était particulièrement présente et récurrente dans nos rangs.

 Une violence qui éclatait régulièrement, à tout moment, au travers d'affrontements plus ou moins intenses, fortuis ou organisés (rassemblant de ce fait un nombre important de Mods et sympathisants) parfois sanglants, avec les membres des différentes bandes présentes dans les rues de ParisBoneHeads, Rockabillies, Psychobillies (supplétifs de certains BoneHeads), Nazis ou prétendus Gauchistes, Mods de seconde zone, ou classés comme potentiellement hostiles dont quelques recalés à la sélection ...), 60's minables récoltant invariablement des gifles, des Punks, des Bandes du Quartiers ...

 

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 - Affiche d'un All-Nighter organisé conjointement par les Mods de Paris et de Rambouillet (1986) / (Source : C.G.M.S) -

 

Notons au passage que nous scellerons des pactes, aprés affrontements, avec ces bandes de quartiers (comme dans le XXème). Il fallait clairement défendre notre Mod District, ou tout simplement nous défendre, et éviter parfois certains endroits précis. Les conséquences étaient limpides : il fallait en découdre régulièrement, mais fréquemment en pantalon ou costume sur-mesure !..

Les causes qui amenait à ces violences étaient diverses, les plus fréquentes relevant de la haine anti-Mod pour certains groupes acculturés ou d'autres voulant juste en découdre. Le racisme ethnique contre certains de nos membres, et des prétextes erronés qui nous étaient attribués, mais parfois dans ce cas précis après "coups" et défaites des challengers.

Des périples étaient assurés dans les rue du XXème arrondissement, ou dans certains lieux de rassemblement de nos "ennemis", ainsi que des "abordages" (mémorables !) de diverses soirées dans l'Outside World Parisien, voire même jusqu'en Province comme à Royan dans les Charentes-Maritime.

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En région, les Mods de la ville d'Avignon avec qui nous avons rapidement tissé des liens d'amitiés importants, comportaient dans leurs rangs (Lionel Mathieu, Francis, Renato, Stephane "Right Track" Delon ....) des éléments similaires à notre Real Deal Parisien.

Notons que la ville de Milan (Italia) est la seule ville qui va connaître une violence d'un niveau comparable autour et au sein de la scène ModAinsi le très bon groupe 4ByArt et leur emblématique morceau "Who killed'SnoOpy" (morceau en tête d'article) relate directement les affrontements très violents (avec armes à feux Cf Paris DoubleCharge ..Clin d'œil.) des Mods Milanais contre les Paninari ("Casuals" locaux fortement politisés) au début des années 1980.

Tout en étant assidûment impliquée au sein des grands événements Mod d'Outre-Manche : Mod Runs et Clubs Londoniens (Sneakers au Bush Hotel, Drummond, The Bizz au Royal-Oak ...) et dans les soirées et rassemblements Européens (Espagne, Italie, Allemagne, Suéde ..), la scène Mod à Paris était véritablement active malgré sa dimension plutôt réduite.

 

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 - Affiche du Club "La Ruche" à Paris (Avril 1990) / (Source : 75 M.N.S) -

 

 

Nous pouvons relever notamment deux All-Nighters organisés par les City Gents M.S, les soirées régulières du Club Mod "La Ruche" (par "l'Obscure & Rare Rhythm'n'Soul Club" de votre serviteur Alexandre Saillide-Ulysse et Emmanuel "Petit BlOnd" Jourgeaud)), l'organisation de Mod WeeKender en collaboration avec les Mods de Rambouillet (Ile De France) avec nos Dj's, dont certains fortement spécialisés dans un style de musique, tel le R&B, le British R&B, le British Beat, le Blues, le Jazz, Rhythm'n'Soul, Blue Beat .... ; la production de K7 Audios et les sorties des divers Mod-Zines (Race Music, Agent Double 007, Style De Vie).

Notre obsession pour la culture Mod augmente nettement aprés 1984 avec les changements qui intervenaient sur la scène Londonienne et Anglaise, nous nous éloignions définitivement des stéréotypes de nos débuts, musicaux comme évoqués, pour les disques et les Clubs, les pas de danse Mod toujours travaillés (et souvent complètement oubliés de nos jours ...) mais aussi au niveau de l'habillement avec une obsession pour les pantalons, vestes, et costume sur mesure par un maître tailleur.

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Notre recherche et notre approfondissement de la véritable culture Modernist se fit de façon clairement radicale et exponentielle avec la rencontre via l'échange du Mod-Zine des City Gents M.S "Agent 00 Soul" contre celui Bruxellois de très haut niveau "Six Exciting Reasons" (une véritable Mod Bible) auquel participait le très regretté Thierry Steuve (1963-2016) "Our True Continental Face", et suite aux deux premières visites à Bruxelles qui se poursuivirent par ses nombreux déplacements sur Paris.

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En effet, ce contact puis des liens d'amitié tissés rapidement avec Thierry Steuve, au milieu des années 1980, vont indéniablement permettre aux "Mods de Gambetta" d'approfondir leur connaissance de la véritable culture Modernist : le Real Mod Deal.

C'est un véritable véritable vent nouveau d'enthousiasme, voire de "révolution culturelle", que Thierry Steuve insufflera à la scène Mod Parisienne qui fréquentait déjà très régulièrement les National Mod Rallies (C.C.I), les WeeKender des Untouchables ; avant de se consacrer exclusivement (et avec délectation) aux Pirate Mod Runs, dans les années 1980 et au début des années 1990 (qui se substituaient aux Mod Run devenus trop commerciaux).

 

 - Référence musicale 2 (en bas d'article) -


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 - Affiche du Club Sneakers à Londres (Novembre 1986) / (Source : 75 M.N.S) -

 

 

Nous étions toujours plus Modernist : dans le style, la musique, l'habillement, le scooter, les lectures ...

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C'est principalement pour cette raison, et à dessein, que le 75 M.N.S, et son organe officiel de diffusion "Le Cercle Modernist", tiennent impérativement à faire connaître, à diffuser/préserver la véritable culture Modernist.

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Dans cette même optique, nous tenons ABSOLUMENT à utiliser et écrire le terme Modernist sans y adjoindre de "E" final : Pas de "Moderniste" MAIS "Mods", "Modernist" ou "Modernists".

Effectivement, si des scènes Modernists peuvent se prévaloir, avec une certaine légitimité, d'avoir imprimé une certaine culture nationale à leur propre approche du Modernism, encore faut-il en avoir la capacité, les moyens, l'antériorité, et surtout la légitimité.

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De plus, stricto sensu, ce terme "Moderniste" défini des mouvements culturels de la fin du XIXème siècle et du XXème siècle, dans les domaines de la littérature, de l'art, de l'architecture ... Bien loin du Real Mod Deal !

 

Laurent Grux & Alexandre Saillide-Ulysse

 

75 M.N.S ®


 

 

Index :

 

* Grandes Armoiries de la ville de Paris.

 

 

Sources :

 

- Mod-Zine Français (Style De Vie, Race Music, Drynamil, Agent Double 0O... )

- Divers magazines musicaux Français (Nitro, Rock & Folk, Best ...)

 

 

Références musicales :

 

- Sélection 1 : 4ByArt "Who Killed Snoopy" - Art Records (9)- 1983

- Sélection 2 : The Dave Brubeck Quartet "Unsquare Dance" - COLUMBIA Records (4-42228) - 1961 



04/09/2017
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