Billy "Mr B" Eckstine (1914- 1993)
- Ep MGM Records (U.K / 574) en 1956 (Source : 75 M.N.S®) -
Entre 1939 et 1945, de très nombreux styles musicaux liés au Swing Jazz Afro-Américain vont émerger et littéralement exploser aux Etats-Unis d'Amériques. Parmi ces nombreuses créations musicales, certains artistes vont particulièrement se démarquer.
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La liste est vraiment trop longue pour être exhaustive, mais il est impossible de ne pas citer l'explosif Rhythm'n'Blues de Louis Jordan, l'irrésistible Jazz de Lionel Hampton et de Charlie Parker, ou encore le profond et puissant Gospel Blues de Sister Rosetta Tharpe.
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Assurément, au cours de cette période fondatrice pour l'histoire de la musique Afro-Américaine et l'ensemble de la musique contemporaine, il ne faut pas oublier de citer Billy "Mr B" Eckstine artiste charismatique aux multiples talents.
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Billy "Mr B" Eckstine est effectivement un artiste "charnière", dont le rôle est trop souvent méconnu dans l'apparition d'un style de Jazz particulièrement apprécié par les Mods : le Hard'Bop Jazz à la fin des années 1950.
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Votre rubrique "Race Music / Jazz Au Clair !" du "Cercle Modernist" vous propose de revenir sur l'exceptionnelle personnalité de monsieur Billy "Mr B" Eckstine. Une plongée dans une période mythique, véritable matrice qui va largement participer à la naissance des principaux grands rythmes et styles musicaux Afro-Américains.
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Cette musique Afro-Américaine va littéralement révolutionner, et profondément influencer l'ensemble des sociétés et cultures contemporaines ; dont justement et précisément notre authentique, hétérogène, et internationale, culture Modernist.
- Référence musicale 1 (en bas d'article) -
- Billy Eckstine circa 1945 (Source : FAA / US Library of Congress) -
William Clarence Eckstein, plus connu quelques années plus tard sous le nom de Billy "Mr B" Eckstine, est né le 8 juillet 1914 dans la ville de Pittsburgh, dans l'état de Pennsylvanie situé dans le nord ouest des Etats-Unis. Fondée au milieu du XVIIIe siècle, Pittsburg est incontestablement l’une des villes des États-Unis les plus riches culturellement et historiquement.
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Le jeune William Clarence Eckstein est le cadet des trois enfants de monsieur William Eckstein, chauffeur routier, et de madame Charlotte Eckstein, couturière. Comme beaucoup de jeunes Afro-Américains au début du XXe siècle, il apprend les rudiments de la musique et chante dès ses sept ans auprès de sa famille en fréquentant l'église épiscopalienne d'East Liberty dans la banlieue de Pittsburgh.
Mais, à cette époque, le jeune Eckstein est bien plus intéressé par la pratique du sport au sein de son établissement scolaire que par la musique. Après un cursus scolaire satisfaisant, Eckstein est admis en 1932 dans la prestigieuse université Howard à Washington, en partie grâce a ses aptitudes sportives et plus spécialement en athlétisme.
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Malheureusement, William Clarence Eckstein va devoir renoncer à ses rêves de carrière sportive après un accident qui provoque une terrible fracture de la clavicule, ce qui l'oblige de cesser toute activité sportive intensive. Cet incident l'oblige également à quitter l'université en 1932, il doit donc se décider à changer ses projets de vie. Bien heureusement, le jeune homme est plein de ressources et rebondit immédiatement en s'investissant dans sa seconde passion : la musique.
- Référence musicale 2 (en bas d'article) -
- Billy Eckstine au trombone, en premier plan, circa 1944 (Source : G.Y/ JM ) -
Le jeune Eckstein réagit donc avec vigueur, pour ne pas rester sans activité professionnelle. En fait, il va réussir a trouver un nouveau débouché assez rapidement : toujours féru de musique, il avait toujours gardé le contact avec cet environnement musical durant ses années universitaires et sportives.
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Effectivement, parallèlement à sa vie d'étudiant, Billy Eckstein chante au sein de l'orchestre de Jazz de Tommy Myle, en imitant avec talent l'immense Cab Calloway. Les performances d'imitateurs de Billy Eckstein vont être rapidement et largement saluées par les critiques. De ce fait il devient vite très connu au sein de la communauté Afro-Américaine.
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Cet artiste a, dés le départ, beaucoup de chance : l'année même (1933) de son départ forcé de l'université à cause de sa blessure à la clavicule, il réussit et remporte brillamment un concours de chant au Howard Theatre situé au 620 T Street, dans le quartier de Northwest à Washington D.C.
Le jeune musicien commence à jouer régulièrement pour différents clubs dans les villes de Detroit, Buffalo, Chicago, et bien entendu dans sa ville natale Pittsburg. C'est durant cette période qu'il décide de changer son nom, il a compris l'importance de créer sa propre identité musicale pour séduire et être reconnu rapidement par le public.
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Plus exactement il transforme son nom originel d’Eckstein en Eckstine. Il retrouve de cette façon ses racines en adoptant l’orthographe originale du nom de ses propres grands-parents, tout en rajoutant le surnom de "Mister B". Même si c'est surtout son talent qui fait toute la différence, cette décision de transformer son nom marque le point de départ de sa carrière.
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Quand le renommé chef d’orchestre Earl Hines entend le jeu du jeune Billy "Mr B" Eckstine, il décide de l'engager immédiatement comme chanteur principal pour sa formation en 1939. En intégrant le groupe de Earl Hines, Eckstine va faire sa toute première apparition (en deuxième ligne) dès 1941 sur un disque vinyle (78Tours) du label Bluebird en interprétant au chant les morceaux "Jelly, Jelly" et "Skylark".
- Référence musicale 3 (en bas d'article) -
- Billy Eckstine, avec la chanteuse Jazz Lena Horne en 1942 (Source : Carnagie M.A/Heinz F.F ) -
Ces deux superbes compositions, sorties en 1941 par la label Bluebirds Records, sont les premiers succès nationaux du jeune homme. Tout en accompagnant, et en améliorant sa technique de chant, le groupe d'Earl Hines, Billy Eckstine continue avec assiduité son apprentissage musical hétérogène, largement aidé par sa curiosité et son génie naturel.
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Il apprend tout d'abord à jouer du trombone auprès de son talentueux chef d'orchestre Earl Hines qui lui enseigne les "ficelles" du métier. Billy dit "Mr B" va également apprendre à jouer de la trompette en accompagnant tout d'abord le maître Charlie Parker, puis en jouant auprès de Dizzy Gillespie et Sarah Vaughan : un apprentissage fait dans l'excellence !
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C'est en 1943, que Billy Eckstine décide de mettre sur pieds sa propre formation en créant un groupe de Swing Jazz totalement innovant. Dès le départ, la formation va développer un style de jeu très novateur qui va avoir un immense impact et profondément transformer la façon de jouer la musique Jazz.
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L'année suivante, en 1944 plus exactement, Billy Eckstine réussit l'exploit de réunir sa nouvelle formation en présentant une impressionnante brochette de talentueux musiciens. Désormais à la tête de son groupe, appelée The Billy Eckstine Band, le chef d'orchestre initie la plupart de ces messieurs qui vont vite devenirs de véritables légendes vivantes du Jazz.
Après avoir déjà recruté dans sa formation Charlie Parker, Sammy Davis, Sarah Vaughan et Dizzie Gillespie ; Billy Eckstine engage encore d'autres artistes de très haute volée comme : Fats Navarro, Gene Ammons, Dexter Gordon, et enfin le très doué jeune batteur Art Blakey. C'est une véritable écurie de futures stars, rassemblée d'une main de maître par monsieur Eckstine.
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The Billy Eckstine Band va avoir un impact et un rôle primordial dans l'évolution de l'ensemble de la musique Jazz. Cette formation va non seulement rassembler, dés le milieu des années 1940, une part importante de futures grandes stars des années 1950 et 1960. Sa formation va largement participer à la naissance et au développement du fantastique style appelé Be'Bop Jazz.
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Bien que d'autres Jazzmen et d’autres Big Bands aient également expérimenté précocement ce nouveau style, cette nouvelle façon de jouer de la musique Jazz, c'est bien la formation de Billy Eckstine qui va être la première à mettre réellement en exergue, et faire connaître, ce son totalement novateur.
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Billy Eckstine est donc justement crédité d’avoir formé la première formation de Big Bop Band, même si ce style va réellement s'imposer et séduire le grand public quelques années plus tard. Parmi ses nombreux musiciens, Dexter Gordon et Art Blakey, vont également avoir un rôle prépondérant dans cette authentique explosion musicale créatrice.
- Référence musicale 4 (en bas d'article) -
- Billy "Mr B" Eckstine en 1950 (Source : WMA ) -
Le Big Band de Billy Eckstine rencontre rapidement le succès auprès d'un large public, la diffusion de ces morceaux sur les ondes radiophoniques va d'ailleurs largement participer a ce succès. N'oublions pas que la radio est omniprésente durant ces années 1940, il est vrai que la technologie va largement bénéficier des avancées de la recherche durant le conflit mondial.
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N'oublions pas, que c'est effectivement en grande partie par le biais des ondes radiophoniques que la musique Afro-Américaine est diffusée à travers l'immense territoire des Etats-Unis d'Amérique. Cette importance centrale des radios pour la diffusion et la connaissance par le grand public des musiques Afro-Américaine est magistralement illustrée par l'histoire du précurseur et légendaire Bluesmen Sonny Boy Williamson II.
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Déjà relatée au sein de la rubrique "Race Music / Blues" du "Cercle Modernist", il est toujours salutaire de nous rappeler ces moments fondateurs pour la musique, même si elle concerne l'histoire d'un autre style, en l'occurrence le Blues Afro-Américain avec la célèbre émission radiophonique entièrement consacrée au Blues (!!!) "King Biscuit Time", diffusée en 1942 par la Radio KFFA en Arkansas, qui va largement faire connaître Sonny Boy Williamson II.
Cette anecdote sur Sonny Boy Williamson II, illustre clairement le rôle primordial des émissions radiophoniques pour la propagation et la diffusion des musiques Afro-Américaines. C'est aussi grâce à des diffusions radiophoniques que la formation de Billy Eckstine va rencontrer un fort succès auprès d'un large public durant une tournée de concert dans le Deep South des Etats-Unis.
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Cette série de concerts dans le Sud en 1944 va rapporter une petite fortune au producteur de la tournée. Dès le départ, cet à dire les dix premières semaines, c'est la coquette somme de 100 000$ qui tombe dans les caisses. La tournée va durer bien plus de temps que prévu, ce qui va permettre à Billy Eckstine de rentrer dans ses frais.
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Au milieu des années 1940, Billy Eckstine est clairement la nouvelle coqueluche des médias, les nombreux journalistes musicaux lui font un triomphe, Le Swing irrésistible de sa formation, et la très grande qualité musicales de ses compositions est le résultat du brillant travail de recrutement effectué par Billy Eckstine. Un chef d'orchestre qui est toujours très habilement bien entouré pour conduire sa formation.
- Référence musicale 5 (en bas d'article) -
- Publicité MGM Records 1954 (Source : 75 M.N.S®) -
Le génie de Billy Eckstine est d'avoir trouvé de véritables artistes, des musiciens créateurs animés par le même désir, celui de chercher de nouvelles formes d’expression musicale en se libérant des dogmes. La puissance, et le jeu radical de ses musiciens semblent révolutionnaires face au Jazz standard joué durant les années 1920.
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Avec ses nombreux et talentueux musiciens, Eckstine introduit des innovations rythmiques et mélodiques qui ont transformé le Jazz "standard" des années 1920, cet à dire principalement de la musique Jazz dansante avec un rythme régulier, en style BeBop. Une musique Jazz faite d’accents décalés, appuyée par des improvisations orchestrales.
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L'autre grande particularité de Billy Eckstine est sans aucun doute le nombre incalculable de prestigieux partenaires avec qui il va jouer. Effectivement, il collabore non seulement avec des musiciens de sa propre formation, mais aussi en intégrant lui-même d'autres formations. Cette anecdote permet de souligner deux autres grandes qualités de Billy Eckstine : le respect, et l'humanisme.
Des qualités indispensables pour ce chef d'orchestre qui va travailler toute sa vie en forme projet, en s'associant avec des partenaires très variés qui ont le plus souvent souligné son profil très charismatique. Sur un plan plus personnel, Billy est proche de sa famille, il va avoir sept enfants avec deux différentes épouses dont la chanteuse June Harris.
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Plus précisément, Billy "Mr B" Eckstine va jouer aux côtés des musiciens Lucky Thompson, Dexter Gordon, Fats Navarro, Art Blakey, Eugene Ammons, Kenny Dorham, Miles Davis, Oscar Pettiford, et enfin Clyde Hart. Cette liste n'est pas exhaustive, mais elle donne néanmoins une idée sur l'ampleur de ses nombreuses collaborations au fil du temps.
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Parmi tous ces exceptionnels musiciens, le rôle du batteur et chef d'orchestre Art Blakey dans l'évolution et la transformation du Jazz Afro-Américain est central, plus précisément dans l'apparition du genre Hard'Bop, dont il va justement être un des principaux pilier. Je me permet de vous rappeler que vous pouvez consulter, dans cette même rubrique "Race Music / Jazz Au Clair", une biographie complète du grand Art Blakey proposée par "Le Cercle Modernist".
- Référence musicale 6 (en bas d'article) -
- Affiche Concert à Leicester, en Angleterre, 1954 (Source : WTC) -
Lorsque Billy Eckstine décide de recruter Art Blakey pour son propre groupe, il est tout de suite séduit par la technique du jeune musicien qui joue au sein de la formation du grand Chick Webb. Les deux jeunes musiciens se comprennent très vite, tous les deux sont natifs Pittsburg, une ville dont l'histoire musicale est particulièrement riche.
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L'histoire de cette ville est effectivement indissociable des différentes musiques Afro-Américaines : du Jazz au Blues, en passant par le Doo-Wop et le Rhythm 'n' Blues ; Pittsburgh a effectivement produit de nombreux musiciens et compositeurs primés qui vont influencer la ,musique au XXe siècle, et des générations de passionnés.
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Notons que de nos jours l'influence de Pittsburg est toujours forte au sein des différentes cultures musicales contemporaines avec une réelle influence sur la musique Pop, industrielle, Punk, ou Indie. La ville puise ses racines musicales dans l'Histoire. Bien avant, dans la première moitié des années 1900, le quartier de Hill District à Pittsburg était une véritable Mecque du Jazz et un véritable centre névralgique pour la culture musicale Afro-Américaine.
Les musiciens qui sortaient des boîtes de nuit et des salles de bal allaient grandement influencer l’histoire du Jazz.: Billy Strayhorn, Art Blakely, Earl "Fatha" Hines, ou encore Maxine Sullivan ont façonné ce son spécifique à Pittsburgh. Elle a été la première ville à diffuser de la musique en direct enregistrée à la radio, ce qui va contribuer à lancer la carrière de nombreux musiciens comme nous l'avons vu.
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Dès les années 1940, l'industrie musicale est florissante à Pittsburgh qui était le foyer de nombreuses superstars du Doo-Wop telles que les fantastiques formations des Marcels, les Del-Vikings ou encore des Skyliners. Pourtant, malgré ce rôle important dans la genèse des musiques Afro-Américaines, la ville de Pittsburg reste étonnement peu connu par le public..
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Durant le milieu de ces années 1940, Billy "Mr B" Eckstine se tourne vers les enregistrements vocaux en solo. Il obtient très rapidement un grand succès, ses morceaux se classent dans les premières places des charts : "Blowin' the Blues Away" et " Opus X" en 1944, "Everything I Have is Yours" en 1947, "Blue Moon" en 1948, puis "Caravan" en 1949 et enfin "I Apologize" en 1951.
- Référence musicale 7 (en bas d'article) -
- Art Blakey jouant pour le Billy Eckstine Band en 1945 (Source : HCT) -
En 1945, Billy Eckstine sort les morceaux "A Cottage for Sale" et "Prisoner of Love", ils explosent les ventes en se vendant chacun à plus de un million d’exemplaires ! Ce succès commercial le propulse dans les premières places des charts et radios nationales. Un véritable exploit pour cette période, qui n'est pas encore véritablement celle de l'âge d'or pour l'industrie du disque.
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Durant la fin des années 1940 Eckstine continue d'effectuer des tournées de concerts avec sa formation. Il rencontre toujours le même succès auprès du public. De plus, ses premiers morceaux sont devenus dès le milieu des années 1940 des classiques très écoutés, en lui rapportant ainsi de bons revenus. Malgré la dissolution de son orchestre en 1947, il réussit encore une fois à rebondir et trouver une solution.
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Sous contrat avec la M.G.M. Billy Eckstine va changer son style, il se mute en chanteur populaire. Il ne reviendra à un répertoire plus spécifiquement Jazz qu'au milieu des années 1950. Cette grande faculté de réaction, et de rebond, est très certainement une autre grande qualité de monsieur Eckstine. Il va le prouver durant toute sa carrière, en s'adaptant à chaque fois intelligemment pour survivre.
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En 1950, Billy "Mr B" Eckstine est clairement au sommet de sa notoriété commerciale. Il est le chanteur le plus vendu d'une des plus grandes compagnies de disques de l'histoire de la musique : MGM Records. Désormais appelé "The Sepia Sinatra", il fait souvent les premières de couvertures pour la presse, dont les très en vogues magazines "Metronome", et "Down Beat".
Durant ces années 1950, Billy se réoriente clairement vers une carrière de chanteur Crooner plutôt que de chef d'orchestre de Jazz, C'est justement durant cette période qu'il nous laisse quelques morceaux vocaux magnifiques en Mid Tempo pour MGM Records, comme le hit international "One Sweet Kiss" en 1954 (disponible en référence musicale 5), encore souvent joué de nos jours.
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Son réel charisme, et son apparence très suave, conduisent Billy "Mr B" Eckstine a faire de fréquentes apparitions à la télévision, et même au cinéma. Un peu plus tard, dans les années 1960, il va aussi enregistrer plusieurs sessions et morceaux avec la très célèbre Sarah Vaughann, puis également avec le grand maître Count Basie.
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Encore un fois, Billy Eckstine ne peut s'empêcher de mettre en forme une toute nouvelle collaboration. Cette fois, il choisit Benn Carter. Ce dernier est un multi instrumentiste de grand talent : saxophoniste, trompettiste, tromboniste, pianiste, chanteur, arrangeur, compositeur et chef d'orchestre ! Un excellent choix qui va l'amener à être récompensé par un prestigieux prix : en 1986, il reçoit effectivement un Grammy Arward.
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Cette soif de collaboration va aussi l'amener a travailler avec Quincy Jones pour l'album Lp "Billy Eckstine et Quincy Jones à Basin Street East" qui sort en 1961 sur le label Mercury Records. Pour la petite histoire, Quincy Jones venait juste de devenir directeur musical du label Mercury grâce à l'aide d'Irving Green, grand producteur fondateur et président de ce même label Mercury Records.
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Après son fructueux passage chez Mercury Records, Billy Eckstine va rejoindre la compagnie de disques la plus puissante de cette période en signant un nouveau contrat en faveur de Berry Gordy à Detroit et la compagnie Motown Records, entre 1964 à 1969. Pendant cette période auprès cette "Major Motor'City Company", il va enregistrer de splendides ballades Soul/Jazz, dont le Mod'Fave "I Wonder Why" (ci-dessus en référence musicale 8).
- Référence musicale 8 (en bas d'article) -
- Billy Eckstine en 1980 (Source : D.D Spitzer / NMAM ) -
En 1957, Billy Eckstine fait sa toute première apparition pour le 7éme Art en participant au film "Skirts Ahoy !", réalisé par Sidney Lanfield. Dans ce film, Billy "Mr B" a certes un petit rôle, mais il est remarqué. Tout en étant pas un véritable succès planétaire, ce film va néanmoins permettre au producteur de la MGM d'engranger de bons profits financiers.
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Malgré sa toujours grande notoriété, à mesure que les goûts musicaux changeaient, les contrats d’enregistrement devenaient plus difficiles à obtenir pour Billy Eckstine. En conséquence, des années 1960 aux années 1980, il va principalement apparaître dans des spectacles télévisuelles, souvent en direct. Cette présence récurrente sur les petits écrans va lui permettre de faire une série de tournées dans tout le pays.
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En 1975, Billy Eckstine est sollicité pour jouer le rôle de Zack dans le film "Let’s Do It Again" réalisé par Sidney Poitier, un film qui rencontre un énorme succès et devient un des grands classiques du cinéma Afro-Américain, dit "Blaxploitattion". Sidney Poitier joue le premier rôle dans cette comédie policière, en duo avec Bill Cosby, avec une exceptionnelle bande sonore "Pure Soul" enregistrée de main de maître par Curtis Mayfield.
Même si sa participation reste anecdotique, sa présence dans ce film de "Blaxploitation" rassemblant toutes les grandes stars Afro-Américaines en vogue, illustre une notoriété et un respect toujours vivant envers Billy Eckstine au sein de la communauté Noire aux Etats-Unis. Mais le temps va finir par avoir son effet sur la notoriété de Billy Eckstine qui va se décider de s'installer auprès des siens pour se reposer dans sa ville natale de Pittsburg.
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Malheureusement sa santé va se dégrader, il va subir différentes opérations. Après un accident vasculaire cérébral en 1992, Billy Eckstine va malheureusement nous quitter le 8 mars 1993 dans sa chère ville de Pittsburg. Billy "Mr B" Eckstine laisse ses sept enfants, et ses deux anciennes épouses en pleurs. Ses funérailles, organisée à Pittsburg, vont rassembler de grandes personnalités de la communauté Afro-Américaine pour lui rendre un dernier et bel hommage.
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Le souvenir et le respect pour cet artiste précurseur ne vont pas disparaitre avec le temps. Après avoir vu de son vivant, en 1960, l'inscription de son étoile au "Walk Of Fame" sur le Los Angeles Hollywood Boulevard ; Billy Eckstine reçoit à titre posthume un Grammy Hall Of Fame Haward pour son morceau "I Apologize" enregistré en 1949 pour MGM Records.
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De plus, la ville de Pittsburg va bientôt inaugurer un grand boulevard nommé Eckstine, dans le centre de la ville en l'honneur de "Mr B". Enfin, la plaque commémorative érigée en son honneur en 1994 par l'état de Pennsylvanie est toujours en bonne place en 2022 : "La boucle semble enfin bouclée pour cet astre de la musique contemporaine".
- Référence musicale 9 (en bas d'article) -
- Plaque commémorative pour Billy Eckstine érigée en 1994 en Pennsylvanie (Source : MK) -
Si la place primordiale et le rôle "moteur" dans le Jazz Afro-Américain de Billy "Mr B" Eckstine est enfin reconnu, et rétabli, après la lecture de cet article, l'objectif principal du "Cercle Modernist" est atteint. Car, l'empreinte qu'il grave, et la force qu'il infuse à cette musique, dépasse largement ses compostions les plus connues, souvent excellentes mais très commerciales.
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Rien ne prédisposait cet aimable chanteur de ballades et de romances à participer à l'épopée du Jazz. Mais, qui lui contesterait l'éclatante audace d'avoir, avant tout le monde, cru au succès public du Bop, tout découvrant et en propulsant au devant de la scène toute une génération de musiciens de Hard'Bop surdoués.
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Ce lien indissociable avec le Hard'Bop, fondement du Jazz Modernist, explique largement notre attrait et notre grande admiration pour Billy "Mr B" Eckstine, un artiste qui doit retrouver sa place légitime, cet à dire celle d'une authentique légende de la musique Jazz Afro-Américaine.
Alexandre Saillide-Ulysse
75 M.N.S®
Sources :
- Guillaume Belhomme, "Giant Steps Of Jazz",
éditions "Le mot et le reste", Paris, 2009/2011
- Eileen Southern & William Clarence "Billy Eckstine of Ballad and Bop",
éditions "The Black Perspective in Music", USA,
- Lucien Maison "Histoire du jazz",
éditions Seuil/Solfèges, Paris, 1976 (mise à jour en 1994)
- Gérard Montarlot, "Le Jazz et ses musiciens",
éditions Hachette, Paris, 1963
- Divers articles des magazines spécialisés :
"Soul, Bag",
"Jazz Unlimited",
"Jazz Magazine"
'Les Cahiers du Jazz".
Références musicales :
- Sélection 1 : Billy Eckstine " If That's The Way You Feel",
Spotlite Records (U.K / 100), 1972
(enregistrement original 1944, 78Tours, Deluxe Records/2001)
- Sélection 2 : Earl Hines Orchestra & Billy Eckstine " Spook Ball",
Jazz Selection Records (78Tours / Fr / 611), 1949
- Sélection 3 : Billy Eckstine " Opus X",
Spotlite Records (U.K / 100), 1972
(enregistrement original 1944, 78Tours, Deluxe Records/2002)
- Sélection 4 : Billy Eckstine " Mr Chips",
Spotlite Records (U.K / 100), 1972
(enregistrement original 1944, 78Tours, MGM Records)
- Sélection 5 : Billy Eckstine "One Sweet Kiss",
MGM Records (K11855), 1954
- Sélection 6 : Billy Eckstine "Mood Indigo",
MGM Records (K11845), 1954
- Sélection 7 : Billy Ecksine & Art Blakey "I'm In The Mood For Love",
Spotlite Records (U.K / 100), 1972
(enregistrement original 1945, 78Tours, National Records / 9016)
- Sélection 8 : Billy Eckstine "I wonder Why Nobody Loves Me",
Motown Records (1105), 1967
- Sélection 9 : Billy Eckstine "Have You Been Around",
Motown Records (1077), 1965
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