Duke Reid : The Trojan !
- Duke Reid circa 1950 (Source : R.M) -
Duke Reid
Après avoir abordé la riche carrière de Clement Coxsone Dodd, "Sir Coxsone" .
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"Le Cercle Modernist" s'intéresse cette fois à une autre véritable légende.
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En effet, Duke Reid est un acteur incontournable du paysage musical en Jamaïque,
un véritable artiste auréolé d'une légendaire, et sulfureuse réputation.
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Duke Reid voit le jour, sous le nom de Arthur S Reid, en 1915 à Portland, en Jamaïque.
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La ville de Portland est une des 14 paroisses de la Jamaïque.
Portland est située exactement sur la côte Nord Ouest de l'île.
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Ses plages sont mondialement connues (Dragon Bay),
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Portland est le lieu touristique par excellence de l'île.
Notons, que c'est là que va être tourné le film "The Harder they Come", avec Jimmy Cliff
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Un film qui fait grand bruit, lors de sa sortie avec en 1972.
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La chanteuse jamaïcaine, du "Top 50", Rihana y tourne d'ailleurs toujours ses clips...
- Publicité de l'Office de Tourisme Jamaïque circa 1970 (Source : 5.S.B) -
Durant les premières années de sa vie,
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Arthur Reid commence sa carrière au sein de la Police.
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Après quelques dix années passées dans les forces de sécurité jamaïcaine,
Arthur quitte son poste pour changer d'existence.
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En fait, il est décidé à aider sa jeune épouse.
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Lucille Reid possède, en effet, sa propre boutique.
Le magasin se nomme "The Tresure Isle : grocery and liquors store",
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un nom qui deviendra célébrissime sous une autre forme...
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Le magasin est situé sur Bon Street, à Kingston, au numéro 33 précisément.
Arthur S Reid est depuis sa tendre enfance un amateur de musique.
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Tout d'abord, il est amateur de Mento et de Calypso.
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Le Mento est la première musique populaire jamaïcaine.
Le Mento se développe durant le XIXe siècle dans le milieu rural. : c'est le Blues de Jamaïque !
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Pour sa part, le Calypso est issu des Antilles : c'est une musique de carnaval au rythme, à deux temps, bien particulière.
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De plus, Arthur S Reid est aussi amateur de Rhythm 'n' Blues américain.
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Cette passion pour la musique l'amène à animer une émission de radio locale.
Il devient donc Disc Jockey pour un programme qu'il nomme "Treasure Island Time".
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Dans ce programme, le "Duke" passe les disques qu'il a ramené des Etats-Unis.
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Car, avant de s'installer avec sa femme Lucille, il va avoir l'occasion de faire différents voyages aux USA.
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Et, c'est surtout à la Nouvelle Orléans qu'il va trouver la plupart de ses disques.
Des disques de Jazz, ou de R'n'B Early, comme ceux de Lester Young ou Tab Smith.
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En même temps qu'il fait son émission de radio, qui rencontre de plus en plus de succès,
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il commence à passer ses disques directement devant son magasin "Treasure Island".
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Seuls quelques privilégiés possèdent les platines permettant d'écouter les disques.
Des disques très convoités car la Jamaïque reçoit les de radios US.
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Des radios, comme la WLAC de Miami, ou même la WNOE de la Nouvelle Orléans.
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Toutes ces ondes diffusent toutes les nouvelles musiques de la culture Afro-américaine.
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Une musique qui attire particulièrement la jeunesse de cette île des Caraïbes.
- Référence musicale 1 (en bas d'article) -
- Eléments d'un Sound System Jamaïcain circa 1959 (Source : R.V) -
Le "Duke" est, de ce fait, vite obligé de laisser de côté ses vieux hits de Mento et Calypso.
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Le public réclame du "son" venant directement des Etats-Unis.
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En installant ses platines directement dans sa boutique, et donc dans la rue,
le "Duke" s'inspire du plus important Sound System du moment, le Tom & The great Sebastian.
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Ce sont les premières heures des Sound System : la musique est offerte au ghetto...
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Notons, que Duke Reid ne fait pas partie des premiers pionniers du Sound System.
C'est bien l'époque d'or des Sound System : chaque quartier veut créer le sien.
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Il y à, parmi les précurseurs, le Junior Sebastian Sound System, situé sur Charles Street,
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ou encore le Doc's and the Thunderstorm sur Trenchtown.
Et bien sur le Sound System de Sir Clement Coxsone,
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pour ce dernier, n'hésitez pas à vous reporter à l'article "Sir Coxsone Narratio" dans "Le Cercle Modernist".
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Bref, le "Duke" est face à une rude et talentueuse concurrence !
- Référence musicale 2 (en bas d'article) -
- Sound System circa 1960 Kingston aera (Source : R.V) -
Dès 1954, son Sound System est très populaire.
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Il est surnommé par son fidèle public "The Trojan", le forçat.
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Ce sont ses incessants voyages autour de l'île, avec son petit camion rempli de disques, qui lui valent ce surnom de forçat.
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De plus, le "Trojan" est plus expérimenté que ses adversaires, et il a une terrible réputation.
En effet, il est toujours armé et entouré d'une clique de personnages inquiétants.
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Cette réputation n'est pas usurpée : il n'hésite pas à utiliser la violence pour arriver à ses fins.
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Il ne faut pas faire du tort au Duc, ou essayer de lui faire concurrence !...
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Les anecdotes sont très nombreuses, comme lorsque Duke Reid fait littéralement casser le Juke Box de Count Buckman.
Le Juke Box de Count Buckman à le tort de passer des disques que le Sound du Duke n'a pas ...
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Le Sound System de Duke Reid est le premier à passer le même morceau sur différents lieux en même temps.
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De la même façon que Sir Coxsone un peu plus tard, le "Duke" acquiert toutes les copies disponibles quand le morceau lui plait.
N'oublions pas que le 45 Tours n'est pas encore inventé, et donc non disponible lors du début des années 1950.
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L'année 1959 est une année charnière dans la musique jamaïcaine.
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C'est en effet l'année de l'apparition des premiers vinyles en 45 Tours.
- Référence musicale 3 (en bas d'article) -
- Encart de presse sur le "couronnement" de Duke Reid le sacrant "King of Sounds" circa 1957 (Source : J.P) -
L'impact de l'arrivée des 45 Tours en Jamaïque est immense !
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De nombreux Sound voient alors rapidement le jour.
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Le format 45 Tours est beaucoup plus disponible.
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Il est donc beaucoup plus bon marché que le 33 Tours.
C'est donc la naissance d'un nouveau marché prometteur.
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Car, en plus d'être plus facile à acquérir,
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le single de surcroît beaucoup plus facile de presser ses propres disques.
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Précisons, néanmoins, que dans la "course" pour la création de nouveaux label ;
c'est clairement Sir Clement Coxsone qui remporte la victoire face à Duke Reid.
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En effet, le "Duke" crée en tout et pour tout 3 labels : DUTCHESS, TROJAN, et TREASURE ISLE Records.
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Pour sa part, Coxsone va lui créer un nombre innombrables de labels :
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WORLDISC, CARIBOO, COXSONE, SENSATIONAL & MUSIK CITY, D-DARLING, ROLANDO & POWIE, WINCOX, C&N et enfin N&D !!
C'est donc à la fin des années 1950 que Duke Reid commence à produire des disques.
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Ses affaires vont s'accélérer lorsqu'il fait construire un studio d'enregistrement.
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Son studio est limitrophe de son magasin "Treasure Isle" situé sur Bond Street à Kingston.
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De ce fait, il n'a plus besoin de se déplacer d'un studio à l'autre pour ses propres productions.
- Duke Reid et Fats Domino circa 1957 (Source : I.R/R.V) -
A partir de ce moment, Duke Reid devient le propriétaire de compagnie de disque.
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Il crée deux labels : TREASURE ISLAND, et DUCHESS Records.
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Il va réussir ses affaires, notamment, grâce au soutien d'investisseur au Royaume-Uni.
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C'est aussi à cette époque qu'il acquiert sa réputation de Bad Boy, adepte du pistolet.
Il est vrai qu'il règle les différents avec ses concurrents en sortant son Gun.
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Duke Reid fête aussi ses succès en tirant quelques "Fire Gun" devant son studio d'enregistrement...
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La photo ci-dessous (extrêmement connue) permet de se faire une idée de son charisme, et son "équipement"...
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Il commence également à s'entourer de Rude Boy, et autres Dance Hall Crasher, pour intimider la concurrence.
En 1957, Duke Reid commence à faire enregistrer des morceaux exclusivement pour son Sound.
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C'est d'ailleurs cette même année, 1957, que le "Duke" fait enregistrer son premier single.
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Ce premier disque de Duke Reid est un titre de Mento "Penny Reel" de Lord Powell.
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Certes, Duke Reid est sacré "King of Sounds" en 1957 (voir la coupure de presse plus haut),
mais, il perd cette couronne, en 1959, au profit du Sound System de Vincent King Edwards.
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En effet, cette année c'est King Edwards "The Giant" qui détrône le "Duke", grâce à sa collection de disques.
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Durant la fin de l'année 1958, King Edwards se rend aux Etats-Unis.
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Il va exactement à la Nouvelle Orléans, et il ramène un stock incroyable de Tunes.
- Duke Reid circa 1959 (Source : I.R) -
Ces morceaux, que King Edwards ramène de la Nouvelle Orléans,
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lui permettent clairement de remporter la couronne en 1959.
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C'est à ce moment que le "Duke" prend un court temps de repos.
Vexé par la flamboyante victoire de King Edwards, il décide de faire un break à 45 ans.
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Le "Duke" va rester quelques mois au repos, avant qu'une rencontre ne le décide à revenir sur le devant de la scène.
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C'est Prince Buster, l'ancien chef de gang de Luke Lane, qui vient demander de l'aide à Duke Reid.
Prince Buster vient de créer simultanément, en 1960 :
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sa boutique de disque, son Sound Sytem et même son propre label : VOICE OF THE PEOPLE !
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Avant la création de ces premiers labels, comme celui du Prince, grâce à l'arrivée du format en 45 Tours ;
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le marché du disque en Jamaïque est dominé par le studio FEDERAL.
Le studio est mis en place par Ken Khouri, au début des années 1950.
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Il est situé sur Kingston Street, au numéro 129 exactement.
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Le premier disque jamaïcain de Rhythm'n'Blues, joué dans un Sound et sorti par FEDERAL Records :
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c'est le morceau "Till the end of Time" de Bunny & Scully.
- Référence musicale 4 (en bas d'article) -
- Encart Commémoratif FEDERAL Records Kingston, Jamaïque circa 2000 (Source : R.M) -
Sir Coxsone parle plutôt de son morceau "Shuffling Jug", de Clue J & The Blues Blaster, à propos de ce "premier disque joué..."...
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Mais, quoi qu'il en soit, le premier morceau à connaitre un vrai succès commercial, grâce aux Sound System,
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est, incontestablement, le "Silent Dreams", des mêmes Bunny & Scully.
Prince Buster et Duke Reid commencent alors leur collaboration.
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Prince Buster peut ainsi enregistrer ses propres productions grâce à l'argent investi par le Duke.
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Il va pouvoir se mettre en avant, tout en faisant décoller la carrière de nombreux autres artistes.
Derrick Morgan, déjà connu pour son titre de Boogie "Fat Man" (HI-LITE Records), est une de ses première recrues.
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D'autres futures grandes stars le rejoignent : Alton Ellis, Delroy Wilson...
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Ces chanteurs amènent une nouvelle touche à la musique jamaïcaine : l'âme de la Soul Music !
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Nous sommes en 1962 et la Jamaïque vient d'acquérir son indépendance.
L'île vie une période d'émulsion, de joie et d'espérances, grâce à sa toute nouvelle liberté.
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Le rythme Ska représente bien cette joie et cette soif de fêtes.
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Etonnament, ce rythme arrive naturellement lors d'une session (un an avant qu'il ne soit enregistré) entre Jah Jerry, Lester Sterling et Stanley Ribbs.
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En 1962, Prince Buster sort "Madness is Gladness" : c'est un coup de maître !
- Encart Publicitaire circa 1940 (Source : J.T.O) -
Avec la sortie du morceau "Madness is Gladness", une nouvelle musique populaire voit le jour en Jamaïque : le Ska !
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Le Duke va vite attraper cette nouvelle opportunité, il remet en route sa formation musicale.
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Le Duke Reid Band est mené par le talentueux trompettiste Baba Brooks.
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Très vite après, il sort tous les titres que Derrick Morgan avait enregistré pour son Sound System.
Même si la plupart des artistes jamaïcains tournent entre les différents producteurs ;
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Duke Reid est bien "la figure" incontournable de l'île, lors de la période Ska.
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C'est Stranger Cole ("Rought Tough"...) qui va donner le plus grand nombre de succès à l'écurie du Duke.
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D'autre artistes, comme Eric Morris ou Justin Hinds, arrivent à connaitre de francs succès.
Ce dernier est un des premiers musiciens à mettre en avant le thème Rastafari.
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Jusqu'en 1964, c'est justement dans les studios FEDERAL que la plupart des morceaux vont être enregistrer à cette époque.
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C'est cette même année que le Duke crée son studio d'enregistrement, au dessus de sa boutique 'Treasure Island".
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En fait, cette année 1964 marque l'arrivée, et la création, des petits labels.
Le besoin d'indépendance est également ressenti par les artistes vis à vis des producteurs.
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Le Ska est en vogue dans toute la Jamaïque, les grandes stars du moment sont les Skatalites.
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Malheureusement pour le groupe des Skatalites, Don Drummond est interné à l'hôpital psychiatrique.
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Don Drummond va en fait devenir fou après le meurtre de sa compagne : le groupe des Skatalites se scinde alors en deux.
- Référence musicale 5 (en bas d'article) -
- Logo TREASURE ISLAND (Source : T.I/R.V) -
Ce sont les Soul Brothers (dont le leader est Roland Alphonso), avec les Supersonics, qui prennent la relève des Skatalites.
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Ces deux formations sont menées par des musiciens extraordinaires :
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Tommy Mc Cook à la flûte, Herman Marquis (saxe alto) et Lennox Brown au saxe, avec également
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Baba Brooks à la trompette, Jackie Jackson à la bass, et Ernest Ranglin à la guitare !..
Tous ces talentueux musiciens sont accompagnés par Byron Smith, un ingénieur du son hors pair !
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Ce sont ces musiciens vont faire émerger le Rock Steady du 33 Bond Street Studio, un soir d'été en 1966.
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Le Duke va être le moteur, et le centre, de cette naissance.
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Précisons que le Rock Steady est une musique plus calme, et plus lente, que son aîné le Ska.
Avec le Rock Steady, la basse et la batterie deviennent la véritable base rythmique des compositions.
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Au contraire du Ska, qui donnait une nette prédominance aux cuivres.
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Mais, surtout, le Rock Steady est plus approprié pour accompagner les grands vocalistes.
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En effet , des chanteurs comme Alton Ellis, ou Delroy Wilson sont particulièrement appréciés en Jamaïque.
Malheureusement, comme avec le Ska, la période du Rock Steady ne vas pas durer longtemps.
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En effet, cette période est comprise entre l'automne 1966 et l'été 1968 : un très court laps de temps !
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Pourtant, cette ère est certainement une des plus créatives de la musique en Jamaïque.
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C'est justement à partir de ces racines, que vont naître le Reggae, le Dub, le Toasting ... et bien d'autres styles encore...
- Coupure de Presse 1956 Daily Gleaner (Source : SKBO) -
Malgré ses nombreux succès, les heures de gloire du Duke sont derrière lui.
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En effet, depuis quelques temps déjà, de nouveaux et habiles producteurs ont fait leur apparition.
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Des producteurs, comme Joe Gibbs, ou Benny Lee, qui sont clairement des concurrents direct pour le Duke.
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Mais, c'est surtout le nouveau message Rastafari qui éloigne Duke Reid.
Le nouveau tournant social que prend la musique en Jamaïque ne lui plaît pas !
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En effet, lors de l'été de l'année 1968, le Reggae fait son apparition.
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Le rythme est encore plus lent, et le studio de Bond Street à du mal à prendre ce nouveau virage.
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C'est à partir de ce moment que Rude Boys, et autres Rastas, suivent les artistes qui délaissent les studios de TREASURE Records.
La plupart des musiciens rejoignent le label STUDIO ONE de Sir Coxsone.
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Comme nous l'avons vu dans l'article "Sir Coxsone Narratio", Clement est ouvert à la nouvelle mouvance Rastafari.
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Le label STUDIO ONE connait alors une grande émulsion créative.
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En fait, c'est clairement son hostilité "intellectuelle", envers le Rastafarisme, qui va lui faire perdre sa première place.
Néanmoins, Duke Reid n'est pas pour autant encore hors-circuit !
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Il va connaître une nouvelle période de succès en Angleterre.
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C'est ISLAND Records qui lui remet les pieds à l'étrier.
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La maison de disques Anglo-Jamaïcaine décide de lancer, durant l'été 1968, un nouveau label.
- (Source : T.R) -
C'est donc la naissance de TROJAN Records : Duke Reid est donc, dès le départ, le Boss de cette nouvelle compagnie.
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La volonté de la nouvelle maison de disque ISLAND est de distribuer en Angleterre tous les Hits jamaïcains.
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Ce sont bien les productions faites en Jamaïque qui sont visées : Bunny Lee, Lee "Scratch" Perry, et bien sur Duke Reid...
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De plus, la création du label coïncide avec la naissance, et le développement, du mouvement SkinHead en Angleterre.
Lassée par le Swinging Sixties, et le Flower Power qui envahit Carnaby Street, une petite partie du mouvement Modernist refuse cette tendance.
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Ces pionniers décident d'arborer des cheveux beaucoup plus courts, tout en gardant la tradition du Smart Dress Modernist.
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Ces SkinHeads se caractérisent musicalement par une forte préférence pour les rythmes West Indies.
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La rencontre entre cette nouvelle jeunesse, et le tout jeune label est donc explosive !
TROJAN Records va faire découvrir le meilleur de la scène musicale en Jamaïque.
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Dès l'été 1969, le label hisse aux premières places des Charts Anglais "Red Red Wine" de Tony Bride, chanteur basé en Angleterre.
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Avec des artistes comme Desmond Dekker, ou les The Maytals, le label imprime vite sa marque de fabrique.
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C'est durant l'été 1971 que TROJAN Records rencontre son premier vrai retentissant succès.
Dave et Ansel Collins "Double Darrel"sont en effet premier de longues semaines, dans les Charts en Angleterre.
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Malgré ses succès avec TROJAN, Duke Reid n'arrive pas trouver un son aussi puissant que celui de la période Rock Steady.
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Mais, en 1970, le Duke trouve enfin une idée novatrice.
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Il fait tout simplement recycler ses anciennes rythmiques grâce au talentueux Daddy Uroy.
- Référence musicale 6 (en bas d'article) -
- Flyer 1966 (Source : F.R.S) -
En fait, Duke Reid est le premier producteur a s'intéresser aux disques enregistrés par les Disc Jockey.
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Il connaissait plus particulièrement Daddy Uroy : il faisait partie du Sound System de King Tubby.
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La sortie de ces disques est une très grande réussite, elle va permettre à TROJAN Records de s'imposer en Angleterre.
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Mais, au bout du compte le Duke semble tourmenté, il n'a plus cette fougue que tous le monde lui connaissait.
Certes, depuis le début des années 1970 la conscience Rasta n'a cessé de s'affirmer,
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et, parallèlement, la notoriété du Duke c'est petit à petit effondré, car il n'a jamais voulu franchir les portes du Rastafarisme ;
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En fait, une terrible maladie touche le Duke.
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En effet, un cancer est décelé en 1970 : les docteurs lui annoncent qu'il ne lui reste que quatre années à vivre..
Malgré cette véritable épée de Damoclès, le Duke continue sa route !
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Il décide d'abord de vendre, lui même, son label TREASURE ISLAND Records à Sonia Pottinger, une amie proche.
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Il va d'ailleurs renouer avec le succès quelques mois avant sa disparition.
Plusieurs de ses toutes dernières productions ont du succès : "Tonight is the night" de Claudette Miller, ou encore "Sunshine" de Pat Kelly.
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Encore une fois donc, mais cette fois ci malheureusement la dernière,
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le Trojan nous démontre toute l'étendue de son talent, et de son inaltérable passion pour la musique.
- Référence musicale 7 (en bas d'article) -
- Encart de Presse 1960 (Source : S.F) -
Une musique jamaïcaine que Duke Reid a incontestablement enrichie et transformée.
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Sa contribution à l'évolution de la musique en Jamaïque est tout simplement primordiale.
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Le Duke fait indiscutablement partie de la génération des "Gold Productor" : il représente même l'excellence de cette génération.
Il va accompagner toute une période mythique, celle du Ska, et du Rock Steady.
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Mais, il a aussi permis à l'Angleterre, puis à l'Europe Continentale, de découvrir cette nouvelle musique "exotique".
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Une musique des West Indies, qui évoque toujours, pour nous Modernist, la chaleur, la joie et la liberté de vivre !..
Alexandre Saillide-Ulysse.
75 M.N.S ®
Sources :
- Kevin O'Brien Chaing, Wayne Chen, "Reggae Routes : the story of Jamaïcan music", Temple University Press, London, 1998.
- Lloyd Bradley, "The story of Jamaïcan music", BBC WorldWide, London, 2002.
- Sebastien Clarke, "Les racines du Reggae : évolutions des musiques populaires en Jamaïque", Editions Caribéennes, 1981.
- Lesser Beth, "King Jammy's", ECW Press, London, 2002.
Références musicales :
- Sélection 1 : The Hyltonairs - "Jamaïca Farewell & Island in the sun" - COXSONE Records - 1955
- Sélection 2 : Duke Reid & his group - "What makes money" - DUKE REID Records - 1958
- Sélection 3 : Roland Alphonso & The Duke Reid All Star - "Easter Bonnet" - DUKE REID Records - 1962
- Sélection 4 : Clue J & His Blues Blasters - "Shufflin Jug" - WORLDISC Records - 1960
- Sélection 5 : The Skatalites - "Guns of Navarone" - ISLAND Records - 1961
- Sélection 6 : Daddy U Roy - "Wake The Town" - ISLAND Records - 1970
- Sélection 7 : John Holt - "Ali Baba" - TROJAN Records - 1973.
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