Blastin' Blues 45's Libellus
- Juke Joint à Menphis, Etats-Unis (Source : Blues Unlimited ) -
Le Blues est un élément inscrit dés le départ dans nos gènes !
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Des premiers "Mod-Zine" des années 1980, à nos jours, notre passion pour cette musique ne c'est jamais altérée.
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Le temps est même notre allié : il nous permet d'étoffer nos collections de vinyles.
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Il nous permet aussi d'acquérir de nouvelles informations sur nos artistes et labels préférés.
Car, même si notre histoire est différente, au regard de nos prédécesseurs d'Outre Manche.
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Le Blues est un genre de la musique Afro-américaine que nous révérons également depuis plus d'une trentaine d'années.
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Ce n'est pas une passion passagère dictée par l'opportunisme, ou l'air du temps...
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Notre choix va se porter le plus souvent sur le Blues Urbain,de l'après Seconde Guerre Mondiale.
Cependant, il nous arrivera aussi d'aborder des genres plus obscurs.
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Des styles tout simplement moins "usités" au sein de notre scène.
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C'est bien, d'ailleurs, une des particularités de ce XXIé siècle : la scène Modernist est moins individualiste, moins élitiste au niveau musical.
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Une nouvelle situation permettant des échanges avec les "autres" scènes (Rockabilly, ou Popcorn par exemple).
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Situation impossible et inimaginable dans l'environnement des années 1980.
Des "années de bastons", et non de "plomb" comme chez nos cousins d'Italie.
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Des années qui ont forgées la genèse du mouvement Mod hexagonal.
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Alors, plongeons maintenant dans la moiteur tiède du Blues grâce à une sélection d'une dizaine de morceaux.
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Une sélection suivie d'une approche plus approfondie pour certains 45 tours.
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Une nouvelle approche, visant à se renseigner plus précisément sur nos artistes de prédilection...
- American Folk Blues Festival 1963 (Source : J.B) -
La Sélection "Pure Blues" du Cercle Modernist
- Charles Clarck " Hiddem Charms" - ALADIN 1500 - (1958 )
- Slim Harpo "Don't start crying now" - EXCELLO 2194 - (1961)
- Louisiana Red "Sugar Hips" - GLOVER GP3002 - (1964)
- Otis Rush "Jump Sister Bessie" - COBRA 1019 - (1957)
- Big Mama Thorton " Hount Dog" - PEACOCK 1612 - (1953)
- Sister Rosetta Tharpe "Up Above My Head" - MERCURY - (1956)
- John Lee Hooker "Money" - IMPULSE 242 - (1966)
- Little Walter "I hate to see you go" - CHECKER 825 - (1955)
- Sonny Boy Williamson "Temperature 110" - CHECKER 956 - (1960)
- Roscoe Shelton " Baby look what you're doin' to me" - EXCELLO 2192 - (1961)
Plus en détail...
Otis Rush "Jump Sister Bessie" - COBRA 1019 (1957)
- (Source : 75 M.N.S) -
Otis Rush est un des maîtres incontesté du Chicago Blues de l'après guerre.
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Mais en fait, notons qu' il ne s'installe qu'au milieu des années 1950 dans la ville de Chicago.
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En effet, Otis Rush voit le jour le 29 avril 1935 à Philadelphia dans l'état du Mississippi aux Etats-Unis.
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Il vit au départ à Philadelphia avec ses parents jusqu'en 1948, avant de rejoindre la Windy City.
C'est à partir de cette période qu'il joue avec les meilleurs Bluesmen à Chicago. La ville est déjà devenue à cette époque le foyer contemporain du Blues.
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Avec l'exode de populations pauvres du Deep South, provoqué par la crise de 1929, la ville accueille de nombreux Bluesmen.
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Les pauvres musiciens de Deep South ont l'espérance de meilleurs jours dans cette riche et laborieuse mégalopole.
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Au début des années 1950 Otis Rush joue dans les nombreux clubs de Chicago.
- Encart Publicitaire COBRA Records 1957 (Source : C@E) -
Otis Rush va perfectionner son jeu si particulier de guitare ; tout en développant sa technique de chant.
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Naturellement gaucher, Otis joue quand sur une guitare pour droitier, sans même changer les cordes.
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Cette technique de jeu spécifique est appelée "upside down".
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Certains pensent que cela explique le son inimitable produit par sa guitare.
Son style vocal est lui très Soul : sa voix de pur baryton n'hésite pas à monter très haut.
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Un style de chant accompagné d'une prestation scénique qui va vite lui permettre de se démarquer.
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C'est ainsi qu'il va obtenir ses premiers succès, tout en se forgeant une solide réputation grâce justement à son charisme.
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Des succès qui vont lui permettre de signer pour le label COBRA assez rapidement .
Le morceau "Jump Sister Bessie" concerne justement la fameuse "période COBRA" d' Otis Rush.
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Elle représente incontestablement la période la plus riche du Bluesmen.
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Otis Rush enregistre de véritables perles comme "Double trouble", ou encore "All your love".
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Il obtient étrangement son unique succès commercial avec "I can't quit you baby".
Chose étrange, car même si ce morceau est splendide !
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En effet, toutes les faces enregistrées pour le label COBRA sont de véritables joyaux.
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Des morceaux d'anthologies devenues pour la plupart des classiques du Chicago Blues.
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Il suffit d'écouter les 30 premières secondes de "Jump Sister Bessie" pour comprendre la grande richesse et puissance de ce son.
- Otis Rush 1957 (Source : C.R) -
La qualité et la profondeur de sa musique est tout simplement inégalée dans le Blues.
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Un son littéralement "découpé" par le riff de la guitare d'Otis Rush.
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Avec sa voix, il distille une touche dramatique et mélancolique typique du West Side Sound.
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Son style de chant est ainsi très proche des chanteurs de Gospel ou de Soul.
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La carrière du Bluesmen est incontestablement indissociable du label COBRA.
Cette proximité s'explique par la forte amitié d'Otis entretient depuis des années avec Eli Toscano.
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Otis Rush va même quitter COBRA Records en 1958 après l'assassinat de Eli Toscano.
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Il va suivre son ami Willie Dixon et signer lui aussi pour les frères Chess, propriétaires de la compagnie CHESS Records.
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Mais là nous abordons une autre partie de cette histoire !..
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Un autre partie que nous aurons l'occasion d'aborder très prochainement avec "Le Cercle Modernist".
Louisiana Red "Sugar Hips" - ROULETTE GP32OO - (1964)
Lousiana Red est, pour différentes raisons, un musicien d'exception.
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C'est un homme au destin bien particulier dans le paysage du Blues aux Etats-Unis.
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Iverson Minter est né le 23 mars 1932 à Bessema en Alabama aux Etats-Unis.
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Son enfance est marquée par de terribles drames familiaux.
Il devient orphelin dès 5 ans : sa mère meurt en accouchant.
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Iverson perd également son père qui est lynché par le KuKluxKlan.
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Après ces terribles événements, le petit Iverson est élevé dans un orphelinat à La Nouvelle Orléans.
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C'est donc en Louisiane qu'il grandit, avant de rejoindre sa grand-mère en Pennsylvanie.
- Les frères Chess (en partant de gauche Leonard, Phill et Marshall 1957 (Source : C.R) -
Le jeune Iverson débute rapidement une carrière musicale.
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Il commence en enregistrant directement des sessions pour le label Chess.
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Il rencontre et joue avec les grands de son époque comme Eddie Burns, ou même John Lee Hooker, qu'il va retrouver quelques années plus tard.
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Durant cette première période, il adopte différents pseudonymes comme celui de Rocky Fuller, Playboy Fuller ou même Guitar Red.
Son style de jeu à la guitare est encore très proche de celui de Lightnin' Hopkins ou de Muddy Waters.
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Iverson n'a pas encore complètement arrangé son jeu si spécifique.
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Sa carrière musicale va momentanément s'arrêter avec son engagement au sein de l'U.S Air Force, durant le milieu des années 1950.
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Après quelques années consacrées à servir son pays dans une base de l'U.S Air Force en Corée, il rentre enfin chez lui auprès des siens.
C'est à ce moment qu'il retrouve la musique en jouant dès son retour pour le groupe de John Lee Hooker.
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Avec ce dernier il va perfectionner son jeu de guitare, et commencer à trouver ce style en "slide" qui va faire sa spécificité.
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Ce style de jeu de guitare est aussi exécuté avec un "bootleneck", tube permettant de faire varier/vibrer le son des cordes d'une guitare.
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Elmore James est un des illustres représentants de ce style de jeu.
La même année 1963, sort son premier album "The Londown Back Porch Blues" (ROULETTE Records).
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Le Bluesmen sort également la même année "Seventh Son", mais sur CARNIVAL Records.
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Il décide alors d'adopter son surnom de Louisiana Red, "red" ('peau rouge') en hommage aux origines indiennes de sa défunte mère.
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C'est à ce moment là que le monde découvre le Blues de Louisiana Red, un Blues profond venant du Delta.
-Louisiana Red (Source : R.R) -
La sonorité de sa guitare, et le tempo spécifique qu'il influe, donnent des morceaux incontournables au Delta Blues.
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C'est un incroyable mélange entre le Blues urbain et celui plus sauvage du Sud profond.
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Le morceau "Sugar Hips" est justement particulièrement emblématique de ce son si profond.
Un son appuyé par la force de son jeu d'harmonica extrêmement vif.
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Ce morceau rappelle immédiatement l'atmosphère élégante de nos meilleurs Allnighter Modernist.
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"Sugar Hips" est un morceau qui installe assurément une ambiance de Pure Blues qui satisfait totalement l'adepte du Real Deal !
Alexandre Saillide- Ulysse
75 M.N.S
Sources :
- Charles Keil, "Urban Blues", University of Chicago Press, 1991.
- Rick Koster, "Louisiana Music", Da Capo Press, 2002.
- Gérard Herzhaft, "La grande Encyclopédie du Blues", Editions Fayard, Paris, 1997-2008.
- Gilles Oakley, "The Devil's music : A history of the Blues", Taplinger Press, New York, 1976.
- David Bouzaclou, "Louisiana Red", Jazz Hot Magazine, 2002.
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