Le Cercle Modernist

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Roland "Magical'Saxophone" Alphonso (1931-1998)

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- Roland Alphonso  (Source : SR) -

 

 Roland Alphonso 

 

Nous avons déjà abordé la vie et la carrière de chanteurs (très souvent également producteurs) toujours originaires de l'île de Jamaïque dans cette rubrique "West'Indies Insula" du "Cercle Modernist", comme avec les grands maîtres Sir Coxsone et Duke Reid.


Cette fois, c'est à un artiste, musicien saxophoniste virtuose, à qui nous allons nous intéresser plus précisément : Roland Alphonso (1931-1998). Un artiste de tout premier ordre qui va traverser avec brio la richissime histoire musicale des West'Indies, et devenir une véritable légende de son vivant.

 

"Jamaïcan Magic'Saxophone"

 

 

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- Carte de visite professionnelle de Roland Alphonso (Source : SIG) -

 

 

J'ai nommé monsieur Roland Alphonso est unes des grandes icônes de la musique en JamaïqueC'est, très certainement, un des plus célèbres musiciens saxophoniste de cette merveilleuse île des CaraïbesPourtant, il est en fait originaire d'une autre grande et célèbre île des Caraïbes : l'île de Cuba en l'occurrence.

Effectivement, Roland Alphonso est née sur l'île de Cuba en 1931, plus précisément il voit le jour le 12 janvier 1931C'est en fait le père de Roland qui est d'origine Cubaine, alors que sa mère est elle originaire de l'île de la JamaïqueRoland Alphonso, née donc Rolando Alphonso, originellement sur l'île de Cuba, mais ses parents s'installent très rapidement après sa naissance en Jamaïque ; plus exactement avant de fêter son premier anniversaire.

La famille Alphonso vit à Saint Ann, grande paroisse située au Nord (voir la carte ci-dessous) de l'île dans le Comté de MiddlesexNotons au passage que la paroisse de Saint Ann est appelée "The Garden Parish of Jamaïca" : c'est effectivement le jardin botanique et horticole de cette île des CaraïbesDe plus, Saint Ann est un des berceau de la musique Jamaïcaine : de nombreux et célèbres musiciens (Bob Marley ou Marcus Garvey entre autres) sont originaires de ce district. En outre, de nombreuses et fameuses chansons écrites en Jamaïque comparent justement la paroisse de Saint Ann à un véritable jardin d'Eden ...

 

 - Référence musicale 1 (en bas d'article) -

 

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 - Carte de la Jamaïque (Source : NG) -

 

A partir de ses cinq ans, le jeune Roland Alphonso s'installe à Kingston, en laissant sa famille à Saint AnnEn effet, ses parents décident de l'envoyer à Kingston chez sa grand-mère pour poursuivre des études. Le jeune Roland va devenir très proche de sa grand-mère qui s'occupait avec amour de lui, en lui apprenant entre autres les règles élémentaires de bienséance.

La ville de Kingston est déjà une grande capitale bouillonnante d'activité attirant des populations diverses à la recherche d'une vie plus prospère. Dès son arrivée, Roland Alphonso débute son cursus scolaire : il est inscrit à la Stony Hill Industrial School  de KingstonTout en suivant les cours, le jeune Roland est rapidement inscrit au différents cours de musique de la Stony Hill Industrial School.

Le jeune Roland débute son apprentissage musical par la batterie, avant de se mettre rapidement au saxophone, sur les conseils avisés de sa famille. Tout au long de sa scolarité Roland Alphonso va ainsi jouer, et parfaire, l'apprentissage de différents instruments de musique. C'est dès cette époque d'ailleurs que le jeune Roland trouve son instrument de musique de prédilection, un instrument qui ne va désormais plus le quitter : le saxophone.

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 Dès la fin de son cursus scolaire à la Stony Hill Industrial School, Roland Alphonso est engagé par l'orchestre d'Eric DeanGrâce à son long apprentissage musical scolaire, Roland Alphonso possède déjà une excellente maîtrise de son instrument. Malgré son jeune âge il peut déjà s'imposer au sein de cette formation composée de musiciens professionnels et talentueux;

Lors de son court passage au sein de l'Eric Dean Orchestra, il fait le dur et amère apprentissage du métier de musicien. Mais, il n'accepte pas la façon dont il est traité au sein de la formation, les jeunes musiciens sont souvent utilisé comme de vulgaires groupies ... Cette première expérience, plutôt négative, va néanmoins lui être bénéfique : le jeune homme se forge une plus forte personnalité.

Durant cette période d'apprentissage, Roland Alphonso va multiplier ses collaborations dans de diverses formations. La toute nouvelle notoriété du jeune musicien lui amène de nombreuses propositions de collaborations.  Il travaille, entre autres, pour les orchestres de Redver Coke, Willie Nelson, Val Bennet, Cyril Beckford, Sarah Vaughan ou Roy Coburn. C'est en intégrant cette toute dernière formation, le "Coburn's Blue Flames Orchestra", que Roland Alphonso rencontre et joue avec Tommy Mc Cook et Don Drummond. 

 

- Référence musicale 2  (en bas d'article)

 

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 - Don Drummond Orchestra 1956 (Source : SNP/R.M) -

 

Pour mieux comprendre ses premier années d'apprentissages, n'oublions pas l'environnement musical en JamaïqueLe jeune Roland Alphonso évolue effectivement dans un environnement musical spécifique à cette époque : celui de la grande période (des années d'Avant Guerre aux début des années 1950) des orchestres de Jazz en JamaïqueMais, c'est aussi en fréquentant les cours de musiques (et ses élèves) de la fameuse Alpha Shool de Kingston, dont les cours de musique était fait (depuis 1892 !) par une soeur Catholique dénommée Ignatiuscela ne s'invente pas !

C'est donc dans cette prestigieuse école que le jeune Roland va se former parfaitement à l'apprentissage de la culture, et de la musique, des Big Bands des Etats-UnisLa Soeur Ignatius possédait justement une incroyable collection de disques de Jazz et de Blues Afro-Américain, une impressionnante collection qu'elle va très largement utiliser pour dispenser ses cours dans l'institution. Une collection que va aussi écouter de nombreuses heures le jeune homme 

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La Soeur Ignatius va ainsi inculquer une profonde et qualitative culture musicale à ses propres élèves. De très nombreux élèves de l'Alpha School vont devenir plus tard de talentueux musiciens, comme le jeune Tommy Mc Cook, autre grand saxophoniste et célèbre membre du groupe The SkaltalitesL'orchestre d'Eric Dean, que le très jeune Roland va rapidement quitter comme nous l'avons vu au début, avait justement l'habitude de recruter la plupart des membres de sa formation parmi les meilleurs élèves de l'Alpha School.

 Cette institution Catholique de Kingston, et les incroyables cours de musique de Soeur Ignatiusvont donc former toute une génération de jeune musicien à travers l'apprentissage des racines de la musique Afro-Américaine. L'empreinte de cet établissement éducatif sur la musique en Jamaïque est réellement immense. Jusqu'au début des années 1950, le Eric Dean Orchestra va jouer dans les Clubs de Kingston pour un public fidèle et nombreux.

 

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 - Blason de l'Alpha Boys School (Source : ABS) - 

 

Des lieux comme le Colony Club situé à Halway Tree ou encore le Bournemouth Beach Club (lieu de travail de la mère de Tommy Mc Cook !) En fait, de très nombreux Clubs et Bars ouvrent leurs portes durant les années 1930 et 1940 à KingstonCette dernière est une ville en peine explosion démographique avec l'exode rural que connaît l'ensemble de l'île. De plus, n'oublions pas qu'à la fin du XIXe siècle, les Jamaïcains sont des hommes libres depuis le 18 août 1838.

Dès cette première période de liberté pour les habitants, les campagnes de l'île se vident petit à petit : les populations émigrent directement à l'étranger ou décident plus simplement de s'installer dans la capitale Kingston. Les historiens Sherlock Philip et Hazell Benett, auteurs de l'ouvrage "The Story Of Jamaïcan People" (se reporter aux sources en fin d'article), nous révèlent, par exemple, que plus de 140 000 Jamaïcains pour la plus grande partie issus du milieu rural vont émigrer.

Ils émigrent, entre 1890 et 1920, principalement aux Caraïbes, en Amérique du Sud, puis aux Etats-Unis, et finalement en Grande-BretagneLa ville de Kingston, la capitale de l'île, double presque sa population et passe tout simplement à plus de 11O OOO habitants en 1920La ville avait moins de 50 000 habitants à la fin du XIXe siècle : l'augmentation est en fait trop importante a absorber.

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C'est l'ensemble du paysage de l'île qui va donc rapidement se transformer sous l'effet de cette véritable révolution démographique. Cette immense exode est poussé par la crise de l'emploi, avec principalement le chômage massif des régions rurales en JamaïqueLe début des années 1930 est encore plus difficile économiquement et socialement pour l'île qui est touchée de plein fouet par la Grande Crise de 1929.

De plus, durent cette même période, un terrible cyclone frappe avec fureur les terres en provoquant une véritable récession du secteur agricole, le premier secteur économique de l'île. C'est véritablement toute l'économie de l'île qui est affectée, plus particulièrement dans les secteurs vitaux pour l'économie comme grandes fermes et les mines de bauxites des régions de Clarendon ou Saint Helizabeth.

La ville de Kingston va donc devoir absorber un nombre considérable de nouveaux habitants arrivant des zones rurales ; sans compter l'important contingent de Jamaïcains originaire de la capitale qui reviennent sur leur île souvent après un dangereux périple. De nouveaux arrivants d'origines différentes qui vont lentement transformer la configuration de la capitale Jamaïcaine.

 

 - Référence musicale 3 (en bas d'article) -

 

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 - King Street à Kingston durant les années 1920 (Source : JM) -

 

Effectivement la crise est mondiale, elle va tout d'abord frapper les pays qui riches accueillant justement cette main-d'oeuvre originaire de JamaïqueNotons, que bien plus tard, différentes lois anti immigration vont pousser les candidats vers l'exode. Comme par exemple avec le dispositif législatif de l'Immigration & Nationality Act voté aux Etats-Unis en 1952, ou le Commonwealth Immigration Act Anglais de 1962.

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Pour être plus précis, ces deux textes de lois vont avoir pour objectif principal de restreindre, tout spécialement, le droit d'émigration pour les populations des anciennes colonies Britanniques (dont les Jamaïcains font justement partie). La plupart du temps ces personnes seront donc forcées de se réfugier dans la capitale en aggravant le surpeuplement de la ,ville de Kingston.

Car dès les années 1930, au moment ou Roland Alphonso née, la ville de Kingston est déjà envahie par les quartiers pauvres et les bidonvilles. Cette situation urbaine totalement désastreuse et insalubre est particulièrement présente dans l'Ouest de la ville. Puis, très vite, naissent les nouveaux bidonvilles de Ackee Walk, Black-a-Wall, Jones Town et Trench Town ... Des bidonvilles qui deviennent vite des repères de misère, d'extrême pauvreté, de maladies, et de violences endémiques. Notons que les touts premiers Sound'System de l'île sont justement issus de ce nouvel environnement urbain particulièrement dur.

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Cette toute première et glorieuse génération de véritables pionniers, les authentiques Operators, est représentée par : Tom "The Greater Sebastian", qui contrôle totalement les quartiers de Luke Lane et Charles StreetTom "The Greater Sebastian", de son vrai nom Tom Won, est un artiste trapéziste travaillant dans un Cirque Sino-JamaïcainDès 1950, Tom Wong qu est un grand passionné de musique met en route son propre Sound' qu'il dénomme "The Great Sebastian Sound'System",

 

 - Référence musicale 4 (en bas d'article) -

 

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 - Encart publicitaire en juillet 1958 (Source : H.H.F) -

 

"The Great Sebastian Sound System" devient incontestablement le Sound' le plus populaire de cette toute première génération. Comme la plupart de ses adversaires, Tom Wong passe des disques de Rhythm'n'Blues(des vinyles directement en provenance des Etats-Unis) avec du Calypso, et un peu de MentoLe grand Count Smith fait aussi partie de cette poignée de grands pionniers, Il est installé dans le quartier de Greenwich TownN'oublions de citer, sans citer tous le monde, le mythique V Rocket ou Sir Nick, de très grands Selector's ... C'est bien la toute première phase d'Operators (terme Anglais désignant les propriétaires et animateurs de Sound'System).

C'est une escouade déjà extrêmement douée et passionnée, mais pas encore au niveau de la seconde génération d'OperatorsUne seconde génération elle aussi forte d'extraordinaires personnages et producteurs, comme l'immense Clement Sir Coxsoneou l'unique Duke Reid . Vous trouverez justement dans cette même rubrique "West'inDies Insula" du "Cercle Modernist") des articles consacrés à ces grands maîtres.

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Un seconde génération d'Operator's qui est surtout beaucoup plus militante pour la cause Rasta, tout en étant extrêmement consciente de l'énorme potentiel commercial et musical de leurs Sound'System. C'est donc entre ses deux périodes que le jeune Roland Alphnoso va apprendre et perfectionner son métier de musicien. Après avoir joué pour de nombreux et différents groupes, le jeune Roland Alphonso réussit enfin, au milieu des années 1950, a se rapprocher et jouer plus fréquemment pour Coxsone Dodd.

Comme précisé auparavant, nous avons déjà largement abordé la vie, et l'immense oeuvre, de Sir Clement Coxsone Dodd dans cette même rubrique "West'inDies Insula" du "Cercle Modernist". Il est aussi intéressant de constater que sur certains aspects personnels, la carrière de Roland Alphonso a certaines similitudes avec ces autres immenses artistes Jamaïcains. 

 

- Référence musicale (en bas d'article) -

 

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- Coxsone Dodd et Roland Alphonso circa 1955  (Source : RV) -

 

Même si Roland collabore dès 1956 avec Coxsone Dodd, la plupart de ses premiers enregistrements ne seront pas sortis immédiatement par le label. Le tout premier enregistrement effectué par Roland Alphonso est pour le mythique groupe de Baba MottaDès cette première période avec Coxsone, Roland Alphonso est fortement apprécié et admiré pour la qualité de son jeu musical et son grand charisme.

L'excellente connaissance de Roland lui permet d'être polyvalent avec d'autres instruments. Mais, il joue surtout du saxophone tenor et alto (chose rare à ce niveau) à merveille ! Roland est aussi capable d'innover comme lorsqu'il se en se lance dans de longs solo de saxophone, technique plus familière dans la musique JazzC'est une autre facette du musicien, fortement appréciée par le public : il introduit avec génie cette touche de Jazz inimitable dans le tempo de ses coups de baguettes sur la batterie.

Lorsque Roland Alphonso rejoint Sir Coxsone Dood dans les studios d'enregistrement, il intègre immédiatement la formation des Blues BlastersClement Dood est bien conscient de l'immense talent de sa nouvelle recrue : il lui fait donc intégrer son groupe très rapidement pour s'assurer la fidélité du saxophoniste.

 

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 - Logo COXSONE Records (Source : RB) - 

 

Effectivement, le groupe The Blues Blasters effectue une grande partie des enregistrements, des background, pour les artistes du catalogue de l'écurie CoxsoneDe ce fait, Roland Alphonso est obligé de ne plus quitter les studios d'enregistrement de Sir Coxsone, qui tournent à plein régime. Roland doit être disponible à tout instant lors des incessants enregistrement, et tout le monde connaît et craint les exigences de Sir Coxsone !

 

Le groupe The Blues Blasters est composé par un ensemble de musicien de toute premier ordre : Rico Rodriguez, Ernest Ranglin, Baba Brooks et Cluett Johnson.

C'est bien ce groupe qui va faire le backing band musical de la plupart des premiers enregistrements de la mythique maison de disques Coxsone. Comme sur le fameux morceau "Easy Snappin" de Theophilus Beckford, considéré par certain comme le tout premier morceau de Ska.

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Par contre, ce qui est beaucoup plus sur, c'est l'incroyable parcours discographique de ce morceau à travers les nombreux labels de Sir Coxsone DoodEffectivement, "Easy Snappin" va sortir sur différentes étiquettes de labels , avant de trouver enfin un certain succès quelques années après son enregistrement. "Easy Snappin" sort la toute première fois en 1968 sur le label appartenant a Clancy Eccles, Clancy Recordsface B du morceau "Feel The Rythm" de Clancy lui-même. 

"Easy Snappin" sort une seconde fois sous l'étiquette du label New Beat, toujours durant cette année 1968 avec Clancy Eccles et son morceau "Feel The Rythm". Finalement, le morceau de Theophilus Beckford  "Easy Snappin" sort sur le label Coxsone (0176) ; mais, cette foi-ci avec le privilège d'être directement présent sur la face ANotez que la face B n'a aucune indication de titre ou d'artiste, chose relativement courante avec certaines productions en provenance des West'Indies.

 

 - Référence musicale 6  (en bas d'article) -

 

A-167557-1178594729.jpeg.jpg- Roland Alphonso (Source : DSD) -

 

Roland Alphonso est désormais fortement lié à Sir Coxsone, et de ce fait au début de l'année 1960 il doit travailler au moins une fois par semaine pour lui. Cet engagement presque exclusif va tout de suite irrité Roland qui a besoin de liberté pour laisser exploser tout son talent de saxophoniste. C'est surement cette double volonté, le besoin d'indépendance personnelle de liberté et une forte volonté de création musicale, qui va pousser Roland Alphonso (à partir du début des années 1960) vers de nouvelles collaborations.

 Il est presque impossible de donner la liste complète des morceaux qu'il va enregistrer en solo ou en accompagnateur, tant ses apparitions sont nombreuses à cette époque. Roland Alphonso  joue de son instrument pour de très nombreuses vedettes et formations en vogue sur l'île à cette époque. Il se produit auprès de Arthur "Duke" Reid ("Yard Broom" entre autres), Justin Yap (et son étonnant "Ska-Ra-Van"), ou encore le fameux Lloyd "Matador" Daley . Impossible aussi de ne pas citer ses fameuses apparitions avec des groupes de renom devenus légendaires, comme The Upsetters, les Drew Droppers, ou les Alley Cats !

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En ajout de son intense activité de musicien, Roland Alphonso veut matérialiser cette volonté d'indépendance en créant son propre label. Vers 1962, Roland décide donc d'acquérir un magasin de disques. Il fonde juste après son propre label de disques qu'il dénomme Roland & Powie RecordsMais, et malgré toute sa bonne volonté, l'envie de liberté de Roland Alphonso va se heurter à la dure réalité de son île.

Comme la plus grande partie des petits labels, sa compagnie de disques Roland & Powie Records va être reprise par Sir CoxsoneFace à cet échec, Roland décide de partir loin avec sa petite famille. Il réussit a se faire embaucher quelques mois dans un Hotel de luxe aux Bahamaspour se  faire un petit capital. Cette courte période va tout de même lui permettre de reprendre des forces et surtout de retrouver sa famille qu'il la beaucoup délaissé pour jouer de la musique et suivre ses différentes formations.

Lorsqu'il rentre enfin à Kingston, Sir Clement a bien avancé ses propres affaires : son studio est désormais installé sur Brentfoard Road, adresse qui va devenir célébrissime quelques années plus tard. Nous sommes en 1963, Roland va alors débuter sa plus grande réussite commerciale, et une de ses plus belle expérience musicale avec un groupe bientôt légendaire.

 

 - Référence musicale (en bas d'article) -

 

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- Séances d'enregistrement du label Studio 1 avec Roland Alphonso , deuxième à droite ( avec Lloyd Brevett et Jonny "Dizzy" Moore) circa 1963 (Source : RM/S1) -

 

Malgré  les nombreuses dissensions , Sir Coxsone et Roland Alphonso décident donc de reprendre leur collaboration musicale. Roland suit les recommandations de Coxsone qui le dirige d'une main de fer son groupe "The Studio One Band", la future formation des SkatalitesThe Studio One Band, est, comme son nom l'indique, la formation qui fait le backround musical des artistes enregistrant pour le label de Coxsone. La qualité de la totalité des sessions (la plus grande partie de prise directe !) dans les studios Coxsone illustrent assurément l'immense talent des musiciens.  

En juin 1964, le groupe The Studio One Band change une première fois de nom en devenant ainsi le groupe The Satellites. Pour la petite histoire, le nom donné au groupe est un hommage à la conquête de l'espace, plus précisément au lancement de satellites. Un événement majeur du siècle dernier qui va susciter un fort engouement du public en JamaïquePour être plus précis (sur les origines et les différents noms du groupe The Skatalites) le groupe tout va tout d'abord s'appeler The Sheiks (en 1962), puis The Cavaliers (en 1963) ... avant de devenir (sur les indications de Sir Clement CoxsoneThe Studio One BandAntérieurement, la plupart des membres de la formation se connaissaient durant les années 1950 en jouant dans les premiers orchestres de Jazz/ Mento, comme celui de Baba Motta.

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Au final, le groupe trouvera son nom The Skatalites tout simplement grâce à un jeu de mot (le fameux Skat/Ska...) du grand saxophoniste ténor et leader Tommy Mc Cook. Notons que ce groupe va changer ses musiciens tout le long de sa très longue histoire, certains parlent même d'une exploitation commerciale. Mais incontestablement, les musiciens à l'origine de l'histoire du groupe resteront à jamais dans le Pantheon musical : Lloyd Knibb à la batterie, Lloyd Brevett à la contrebasse, Jerome Jah Jerry James à la guitare, et Donat Roy Jackie Mitto aux claviers.

 Il faut rajouter le mythique et percutant ensemble de cuivres qui va devenir la véritable marque de fabrique de la formation. Le public venait aussi pour entendre et admirer cet impressionnant ensemble d'instruments à vents composé de magnifiques et rutilants cuivres. Un ensemble composé, avec donc Tommy Mc Cook et Roland Alphonso, le génial Johnny Dizzi Moore à la trompette, puis le maître Donald Don Drummond au trombone ; et enfin le grand Lester Sterling au saxophone alto.

Pour les différents (et nombreux) chanteurs qui vont se succéder dans la formation des Skatalites, il y à tout d'abord Lord Tanamo, puis Tony Da Costa, avec bien entendu l'immense Jackie Opel. Pour sa part, Roland Alphonso est donc le second soliste de la formation, après Don Drummond comme nous l'avons vu. Notons que cela ne va pas empêcher Roland Alphonso de composer également quelques morceaux pour les Skatalites (dont entre autres le célèbre "Jack Ruby").

 

 - Référence musicale 8 (en bas d'article) -

 

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- Encart publicitaire presse 1965 (Source : RR) -

 

La très prometteuse carrière de Roland Alphonso avec les Skatalites va malheureusement se terminer beaucoup plus vite que prévu. Effectivement, malgré son important et grandissant succès, le groupe va se séparer à la suite d'événements dramatiques. C'est tout d'abord la mise en détention de Don Drummond qui met un véritable coup d'arrêt à l'ascension des Skatalites.

Don Drummond est effectivement emprisonné pour l'assassinat de sa compagne, Anita "Margarita" Mahfood, qui chante d'ailleurs sur le superbe morceau "Woman a come". Sans compter que Don Drummond est connu par les forces de l'ordre pour ses liens avec certains Gangsters notoires de l'île. De plus pour ne rien arranger à la cohésion de la formation, Roland Alphonso s'entend de moins en moins bien avec Tommy Mc Cook : en fait les deux saxophonistes sont victimes de la guerre entre leurs  différents producteurs.

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C'est effectivement la forte rivalité entre Duke Reid et Sir Coxsone, qui va exacerber les rapports entre les deux talentueux musiciens. Les deux producteurs vont attiser la rivalité entre les deux musiciens à leurs propres desseins, une attitude somme toute courante pour ces messieurs dans ce milieux. N'oublions pas que ces rivalités de producteurs peuvent aussi aller beaucoup plus loin : comme lorsqu'il utilisent des méthodes plus violentes grâce à l'aide des Don (Capo/ Chef ) épaulés par les Rude Boys des durs et violents Ghettos de Kingston.

 

- Référence musicale 9 (en bas d'article) -

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- Roland Alphonso et Coxsone Dodd (Source : RM) -

 

Comme "Le Cercle Modernist" l'a déjà souligné dans cette rubrique, Duke Reid était un producteur craint et connu pour être entouré de ses Rude BoysDe véritables hommes de mains, appelés plus précisément Sound'System Crasher,  très efficaces pour régler rapidement les problèmes, ou convaincre les récalcitrants. La séparation du groupe est d'autant plus regrettable qu'il sort, en 1965, le morceau "Gun Of Navarone", qui reste durant 6 semaines dans les Top Chart AnglaisC'est peut être lorsque le groupe n'est pas sélectionné pour faire une prestation lors de l'Exposition Universelle (qui va se dérouler à New York City en 1964) qu'il décide de se séparer.

La déception des membres du groupe des Skatalites est immense, ils seront évincés au profit du groupe de Byron Lee & The Dragonaires qui a plus de succès auprès du jeune public. Avec l'explosion de la formation des Skatalites, en août 1965 donc, les membres du groupe vont se scinder en deux véritables clans distincts. De son côté, Tommy Mc Cook va continuer sa carrière en fondant un nouveau groupe nommé les Supersonics avec le label Treasure IslandPour leur part, les autre membres du groupe, musiciens (ou autre membres de l'imposant ensemble de cuivres de l'ancienne formation) n'auront aucun mal pour travailler sur différents labels grâce en grande partie à leur prestigieuse carte de visite.

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 Roland Alphonso va tout de même rester fidèle à Sir Coxsone en continuant d'enregistrer pour Studio 1 et ses nombreux autre labels durant longtemps encore. Roland fonde alors son tout nouveau groupe The Soul Brothers. Formation qui est toujours chargée des background musicaux du label. Le groupe des Soul Brothers est composé, en 1965, par sept musiciens, tous déjà largement reconnus en JamaïqueBunny Williams, Lloyd Brevett, Johnny Dizzy Moore, Wallin Cameron, et enfin Jackie Mitto.

Tout en jouant toujours pour les productions et enregistrements de Coxsone, Roland Alphonso écrit et compose ses plus beaux morceaux : "Provocation", "James Bond" ou "Dr Ring Ding", entre autres. De fantastiques morceaux qui rencontrent tous un fort succès auprès du public dés leur sortie, et plus particulièrement sur le Vieux Continent. Durant ces années avec les Soul Brothers, Roland Alphonso devient effectivement de plus en plus connu en Europe, et plus particulièrement en Angleterre.

 

Référence musicale 10 (en bas d'article) -

 

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- Roland Alphonso & The Soul Brothers en 1966 (Source : JM) -

 

Au bout du compte, l'expérience de Roland Alphonso avec les Soul Brothers ne dure pas très longtemps. Effectivement, le dernier morceau avec le saxophoniste ("Magic Star")/StudiO1 19) des Soul Brothers est donc enregistré fin 1966Dès l'année 1967, Roland Alphonso a déjà mis en route son tout nouveau groupe appelé Roland Alphonso & The Beverley All StarRoland va sortir presque uns dizaine de titres avec cette formation, comme le tout premier morceau  "Song For My Father" ; ou encore une superbe version envolée de "The Cat" (justement sorti sous l'étiquette du label Jamaïcain Beverley Records).

Une nouvelle fois sa collaboration s'avère courte avec un groupe, en fait son poste de saxophoniste n'y est pas étranger. En réalité, si Roland Alphonso n'a pas sa propre formation musicale, il lui est très difficile de jouer de son instrument librement pour un autre. Le saxophoniste va d'ailleurs rester quelques mois avant de retrouver (enfin) un groupe à la mesure de ses ambitions et surtout de son immense talent.

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Même si Roland ne réussit pas immédiatement a reformer un groupe ; il va continuer, comme d'habitude, d'assurer le background d'autres artistes.Cette période va d'ailleurs lui permettre d'enregistrer avec de jeunes figures montantes de la scène Yardie, tout en sortant  des titres sous son propre nom. Pour la petite histoire, son morceau "Reggae in the Grass" (Coxsone Records 1036) est la face A du génial instrumental "Get Smart" de Roy RichardsAu passage, bien entendu, vous aurez notez que les titres des morceaux du saxophoniste illustrent bien cette période spécifique du Early Reggae.

Fin 1967, Roland Alphonso est enfin prêt pour une avoir nouvelle formation : plus précisément c'est, encore, Sir Clement Dodd Coxsone qui prend les choses en mains. Sir Coxsone cherche en effet un saxophoniste pour compléter son groupe chargé d'accompagner Alton Ellis, grande star de son label, en tournée en AngleterreSir Clement Dodd intitule le groupe The Soul Vendors, formation composée en partie par les anciens membres des SkatalitesLe groupe The Soul Vendors est donc formé par Keen Boothe, Jackie Mitoo, Johnny Moore, Lloyd Bevett , Errol Waters et Alton Ellis en leader.

 

 - Référence musicale 11 (en bas d'article) -

 

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 - Tommy Mc Cook & The Soul Vendors en 1968 (Source : ST1) -

 

La formation des Soul Vendors va enregistrer de nombreux (malgré la courte existence du groupe) et véritables joyaux musicaux, des morceaux souvent devenus des classiques. Notons que ces morceaux (comme l'exceptionnel instrumental "Swing Easy" (Studio1 / 3043 en 1967) sont souvent pillés par les samples des pseudo-artistes actuels.

Le tout premier enregistrement (sans titre !) des Soul Vendors sort fin 1967 (en face B du "Rude Boy Prayer" de Bob Marley, Alton Ellis & Zoot Simms). Le véritable premier single deux titres ("Six Figures" et "Puss in Boots") des Soul Vendors est sorti sur le label Muzik City en 1968c'est d'ailleurs ce même label qui va distribuer une grande partie des enregistrements des Soul Vendors cette même année. Le passage groupe dans un nouveau label à cette époque était souvent un gage de succès commercial et financier.

Cette période est incontestablement la plus prolifique pour le saxophoniste : en plus d'enchaîner à un rythme incroyable les séances d'enregistrement avec les Soul VendorsRoland Alphonso continue ses nombreuses collaborations en background (comme avec ses fantastiques enregistrements avec Leslie Gong). Ses deux années d'intense activité dans les studios d'enregistrement vont épuiser Roland qui cherche alors à varier et à renouveler ses activités.

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En 1969, les membres de la formation de Roland Alphonso, The Soul Vendors, se séparent, souvent comme beaucoup d'autres groupes de cette époque. Car, au bout du compte, comme d'autres petits ensembles en Jamaïque, la genèse du groupe était due à un concours de circonstances. Un concours de circonstances qui va marquer à jamais l'histoire de la musique.

  Après la fin des activités des Soul Vendors, Roland Alphonso cherche donc a changer d'air et surtout d'environnement. Le saxophoniste se retrouve à la tête d'un établissement Hotel restaurant. Il n'abandonne pas pour autant la scène en jouant pour le groupe des Ruineers entre 1969 et 1971De ce fait et malgré sont évidente volonté de trouver plus de temps pour lui, Roland Alphonso est débordé par ses activités lucratives mais annexes à la musique. 

Avec l'accumulation de la fatigue, la santé de Roland va malheureusement se détériorer : en 1971 il tombe dans le coma à l'hôpital, après un long temps de maladie.

A partir de ce moment là, Roland Alphonso va avoir de nombreux problèmes de santé, dont une paralysie partiel du bras droit. Roland va alors décider de partir aux Etats-Unis, accompagné de toute sa famille en 1972, pour être soigné en bénéficiant de soins qualitatifs pour se reposer.

 

 - Référence musicale 12 (en bas d'article) -

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 - Roland Alphonso en 1987 (Source : JM) -

 

Grâce a ses efforts intensifs pour retrouver une certaine motricité de la main droite, Roland réussit l'exploit de jouer avec son saxophone grâce à sa nouvelle technique. Même si Roland ne revient sur scène qu'en 1977, sa présence dans les Charts est assuré par les nombreuses rééditions de ses singles par Sir Clement CoxsoneEn 1973 Dodd réédite sur Studio 1 Records ("The Best Of  Roland Alphonso")  plusieurs singles pour Coxsone Recordstout comme en 1975 avec l'album (rassemblant plusieurs singles toujours sortis chez Coxsone) "King Of Stax" bien entendu sur le label Studio1.


 Lors de son bref retour en 1979, puis en 1980, Roland Alphonso rejoint Jah Malla, le groupe de son jeune fils Noël, pour retrouver la scène aux Etats-Unis. 
Roland Alphonso va d'ailleurs continuer ses collaborations avec son fils Noël, pourtant affaibli par son état de fatigue qui empire de plus en plus. Malgré cet état inquiétant Roland va également participer au retour du groupe The Skatalites, tout en sortant (en 1986) un album solo pour  Wackies Records.Tout le long de la fin des années 1980, Roland va activement participer un come back des Skatalites.

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Ce retour auprès des Skatalites va lui permettre, entre autres, d'entreprendre plusieurs tournées sur les cinq continents, comme lors du concert à SunsplashRoland a préservé tout son esprit et son inspiration : il va d'ailleurs composer de tout nouveaux morceaux pour le groupe, dont le fameux "The Return Of The Big Guns". La carrière, l'oeuvre et la vie de Roland Alphonso resteront indissociables des Skatalites, jusqu'au bout même !

Effectivement, le 2 novembre 1998, Roland Alphonso est malheureusement victime d'une rupture d'anévrisme qui s'avère fulgurante Il s'écroule devant son public sur scène en finissant son solo de saxophone lors d'un énième concert des Skatalites en Californie à HollywoodQuelques jours plus tard, le 20 novembre exactement, Roland Alphonso décède finalement dans sa chambre d'hôpital entouré de sa famille et de ses proches.

 

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 - Logo des Skatalitrs en 1965 (Source : C.R) -

 

La musique et l'île de Jamaîque viennent de perdre incontestablement un de ses plus grands et illustres saxophonistes. La peine est grande pour l'ensemble de l'île, tout comme pour l'ensemble de la communauté musicale fortement attristée par cette disparition. Ses funérailles vont être un grand moment de rassemblement de d'hommage, des morceaux de Reggae Nu'Roots de la nouvelle génération de Kinsgton vont même lui rendre hommage. Roland Alphonso restera éternellement et doublement inscrit dans le riche patrimoine musical des West'inDies.

Un grand musicien éternel, de par son incomparable carrière avec le groupe des Skatalites qui va largement marquer de nombreuses générations. Puis, aussi grâce a sa longue et prolifique carrière solo agrémentée par d'innombrables background . L'inimitable son du saxophone de Roland Alphonso est désormais devenu une marque de fabrique, omniprésente sur les meilleurs productions Yardie aux quatre coins du  monde. Enfin, pour nous Modernist, Roland Alphonso restera pour toujours le Magic West'indies Saxophone !... 

 

Alexandre Saillide-Ulysse

75 M.N.S ®

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Sources :

 

 - Hazell Benett et Sherlock Philip "The Story Of Jamaïcan People", Editions Bass Culture & Penguin Book Londres, 2000.

 - Keyo B "The Skatalites Foundation Ska"" - Editions Heartbeat, Londres, 1997

- Lloyd Bradley "Bass Culture, quand le Reggae était roi", Editions Allia, Paris, 1985

- Jérémie K. Dagnini "Les origines du Reggae ....", Editions l'Harmattan, Paris, 2008.

- Divers numéros des magazines "Natty Dread" et "Reggae".

 

Références musicales :

 

- Sélection 1 : Roland Alphonso "Mean To Me" - Duke Reid's Records (Purple) - 1960 

- Sélection 2Roland Alphonso "Don Drummond's Memory" - Dutchess Records - 1966 

- Sélection 3 : Roland Alphonso and His Alley Cats" "Hully Gully Rock" - Sensational Records (102) - 1960

- Sélection 4 : Roland Alphonso "Blackberry Brandy" -Blue Beat Records (58) - 1961

- Sélection 5 : Roland Alphonso "Way Out West" - Coxsone Records (CS 1046) - 1972

- Sélection 6 : Roland Alphonso "Shake A Lady (VC 10)" - Tuleico Records (45-505) - 1965

- Sélection 7 : Roland Alphonso & The Studio 1 Orchestra "El Pussycat" - Coxsone Records (S23) - 1965

- Sélection 8 : Roland Alphonso & His Soul Brothers "Dr Ringding" - Studio 1 Records - 1965

- Sélection 9 : Roland Alphonso & The Skatalites "Stuffy" - Coxsone Records (1077) - 1972

- Sélection 10 : Roland Alphonso and The Soul Bros. "Somethng Special" - Coxsone Records (502) - 1965

- Sélection 11 : Roland Alphonso & The Soul Vendors "Shelly Belly" - Studio 1 Records (SO-3115) - 1970

- Sélection 12 : Roland Alphonso and The Soul Vendors "Blue Dot" - Bongo Man Records (007) - 1972 



12/01/2020
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