Le Cercle Modernist

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Jazz 45's Libellus V Special Be'Bop !

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- Catalogue Dial Records en 1947 (Source : DR/JM) -

 

 

Comme vous l'aurez sûrement remarqué, cette rubrique "Jazz au Clair" du Cercle Modernist est très souvent consacrée au Hard Bop Jazz.


Cela s'explique aisément par le fait que le Hard Bop, période spécifique à l'histoire du Jazz, allant du milieu des années 1950 au début des années 1960,

est irrémédiablement lié à notre culture Modernist de par ses affinités étroites et indissociables (comme avec les productions des labels Blue Note et Prestige).

Une fois n'est donc pas coutume, ce cinquième opus du Jazz 45's Libellus est entièrement consacré au Be Bop Jazz, une période justement antérieure au Hard Bop.

 

Spécial Be'bOp Jazz


 Car effectivement, non seulement la plupart des musiciens de Hard Bop, comme Sonny Rollins, vont faire leur apprentissage lors de cette période dite Be Bop ;

mais en plus, c'est bien directement du style Be Bop que découlent la plus grande partie des nouveaux styles musicaux issus du Jazz.

Tout comme justement le Hard Bop, mais aussi le Cool Jazz, le West Coast Jazz, puis le Free Jazz quelques années plus tard !...

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Bref, avec le Be Bop nous retournons aux racines même du Jazz : il va naître au tout début des années 1940 aux Etats-Unis.

Au départ, le Be Bop est issu du profond désir de la communauté Afro-Américaine de "sauver" le Jazz de l'omniprésence du Swing.

En effet, durant cette fin des années 1930, la musique Jazz est totalement dominée par le Swing et ses gigantesques orchestres.

 

 - Référence musicale 1 (en bas d'article) -

 

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- Pochette Dial Records durant les années 1940 (Source : DR/JM) -

 

 

N'hésitez pas, justement, à consulter l'article consacré aux Zazous dans cette même rubrique "Race Music/Jazz au Clair" du Cercle Modernist.

Un article qui tente d'expliquer cette période faite (entre autres) de récupérations commerciales, dont celles des propriétaires de radio et de compagnies de disques blancs.

C'est également la période des grands orchestres de Swing Jazz, et de l'industrie cinématographique musicale (sans oublier la ségrégation raciale et ses "Race Records"...).

Le Be Bop est une véritable révolution dans l'histoire de la musique Jazz avec de nouvelles compositions/enchaînements harmoniques joués pour la première fois.

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Le Be Bop est donc un grand bouleversement, c'est une véritable et profonde transformation musicale initiée par des musiciens Afro-Américains de Jazz.

Cette musique Be Bop est aussi un moyen pour ces musiciens d'affirmer avec force, et conviction (!), une nouvelle conception de cet art qu'est le Jazz.

Le Bop Jazz devient une musique plus introspective : une musique moins vouée à l'animation musicale ou à la danse, comme avec le Swing Jazz.

L'improvisation musicale devient primordiale (grâce à une grande maîtrise des instruments) pour une perpétuelle recherche de liberté musicale.

 

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Ce style incomparable va restructurer le Jazz, en lui donnant une nouvelle dimension et une influence qui va largement dépasser sa sphère musicale.

Un Jazz novateur qui va naître de la réunion des musiciens de Big Band désireux de changer de style, la musique est un éternel recommencement !...

Les musiciens de Be Bop veulent jouer dans des formations plus petites, permettant de laisser s'exprimer plus librement leur propre instrument.

La naissance d'une grande partie des rythmes appuyés du Be Bop Jazz est possible grâce au libre cours musical donné aux musiciens.

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Cette volonté d'émancipation musicale va en fait s'exprimer dès la fin des années 1930, avec par exemple, le grand saxophoniste Coleman Hawkins.

Dès l'origine c'est la composition musicale même des thèmes joués qui est visée, pour atteindre une plus grande complexité harmonique et rythmique.

Mais, avant de poursuivre notre aventure musicale autour du Be Bop Jazz, je vous propose de découvrir une nouvelle sélection

bien entendu entièrement dédiée à ce style (sous ses nombreuses et différentes formes et non-chronologiquement !).

 

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 - Publicité Phillips 1955 (Source : PHS) -

 

La sélection Spéciale Be Bop Jazz 

 

 

1 - Coleman Hawkins "Body and Soul" - Blue Bird Records (10523) - 1939

2 - Charlie Christian "Swing To Bop" - Jazz Selection Records (Sweden / 4553) - 1957 (cf 1941)                    

3 - Dizzy Gillepsie & Charlie Parker "Groovin'High" - Savoy Records (6037) - 1955

4 - Dexter Gordon "Citizen'Bop" - Swing Time Records (323) - 1953

5 - Fats Navarro Quintet "Go" - Esquire Records (U.K / EP 13) - 1953                                                                                

6 - Bud Powell "Strictly Confidential" - Mercury Records (11047X45) - 1950

7 - Charlie Parker "Now The Time" - Savoy Records (XP8000) - 1950

8 - Dizzy Gillepsie "Tin Tin Deo" - Jazz Selection Records (Sweden / 4554) - 1960 (CF 1951)

9 - Charlie Parker All Stars"KoKo" - Savoy Records (45-311) - 1950

10 - John Coltrane "Blue Train Part 1" - Blue Note Records (451691) - 1958

 

  - Référence musicale 2 (en bas d'article)

 

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 - Affiche d'un concert en Hollande, de Coleman Hawkins, 1939 (1904-1969) / (Source : JM) -

 

 

Comme je l'ai souligné au départ, le Be Bop Jazz est d'abord issu d'une forte réaction de rejet contre l'omniprésence du Swing Jazz.

Le Swing Jazz était effectivement trop lié au Show Business (et à ses hommes d'affaires véreux) pour attirer la nouvelle génération de musiciens Afro-Américain.

Malgré la subtilité et la grande qualité de ses oeuvres, ce "Jazz de Salon" va provoquer la réaction véhémente de cette nouvelle et brillante génération.

Une nouvelle génération de musiciens consciente de l'existence difficile de l'artiste Afro-Américain, au sein d'une société minée par la ségrégation raciale.

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Des musiciens se considérant plus comme de véritables artistes en gestation, animés d'une inexpugnable volonté de jouer un Jazz totalement novateur.

C'est au sein même des imposants orchestres de Swing Jazz, dans les Clubs de la 52e Street, que les pionniers du Be Bop vont d'abord se rencontrer.

Comme lorsque Charlie Christian, Theolonious Monk et Kenny Clarke se rencontrent au "Minton's Club", dans le quartier de Harlem à New York City.

Ce sont durant ces longues, et interminables, sessions frénétiques de répétitions que ces jeunes musiciens vont complétement "dépoussiérer" le Jazz.

 

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En premier lieu, il faut souligner le rôle primordial et précurseur de Charlie Parker dans la création, l'émergence et l'évolution du Be Bop.

Ces nouvelles harmonies de Charlie Parker vont littéralement bousculer l'ordre existant, pour créer et donner vie à un tout nouveau style de jeu époustouflant.

Charlie Parker débute avec l'orchestre Swing de Earl Hines, accompagné par Dizzy Gillepsie, il va vouer son temps à la recherche de nouvelles sonorités.

Le fantastique saxo alto Charlie Parker peut être considéré comme le Booper le plus important : c'est lui qui va élaborer avec virtuosité un tout nouveau langage musical.

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La sélection musicale du Cercle Modernist vous propose justement différents morceaux pour (re)découvrir la variété de ce Be Bop Jazz du grand Charlie Parker.

Ce Be Bop va totalement changer la forme et le message de la musique Jazz, tout en traduisant magistralement les nouvelles inquiétudes des jeunes Afro-Américains.

Ce style est le message d'une grande révolte des jeunes musiciens de Jazz Afro-Américains : ils ne veulent plus demeurer de simples figurants "Oncle Ben's".

Il ne faut pas ignorer le sens politique de ce nouveau courant musical qui fait aussi écho à la lutte pour les Droits Civiques des Noirs Afro-Américains.

 

 - Référence musicale 3 (en bas d'article)

 

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- Dexter Gordon (1923-1990) autour de 1960 (Source : HJC) -

 

Comme je l'ai souligné, les musiciens de Be Bop introduisent de nouveaux accords et permettent ainsi de nouvelles possibilités pour l'improvisation.

De plus, ces musiciens abordent d'une manière plus "découpée" les différentes phases sur le plan mélodique, et encore une fois les possibilités sont décuplées...


Enfin, s'agissant du rythme, les batteurs sont amenés à intégrer plus profondément des compositions en introduisant des ponctuations aux pulsations régulières.

Bref, c'est bien l'ensemble de la composition, et l'interprétation musicale même du Jazz, qui sont complètement transformés par les musiciens de Be Bop.

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Je tiens à souligner que le piano va avoir une importance de premier ordre dans les évolutions et les changements harmoniques et rythmiques.

Dans un premier temps, le pianiste Bud Powel va avoir un rôle central dans ces évolutions en accompagnant, entre autres, Charlie Parker.

Quelques années plus tard, Theolonious Monk et John Lewis vont eux-aussi continuer cette démarche de travail et d'improvisation. 

Après l'immense Charlie Parker, on peut aisément considérer Dizzy Gillepsie comme le second représentant de ce mouvement musical.

 

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Dizzy Gillepsie déploye un jeu d'une incroyable habilité, en dirigeant (de 1945 à 1955) un grand orchestre qui va contribuer à vulgariser le Be Bop.

Il suffit d'ailleurs d'écouter son morceau "Groovin'High", enregistré avec Charlie Parker en 1955, pour comprendre la force et la puissance de son jeu.

Le Be Bop va d'ailleurs vite rencontrer un large succès auprès du public, une réussite qui va aussi révolutionner et bousculer l'industrie du disque.


N'oublions pas que l'industrie du disque est totalement dominée, à cette époque, par les enregistrements du Swing Jazz et ses gigantesques orchestres.

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Des compagnies de disques aux ventes florissantes grâce à ces enregistrements de Swing particulièrement appréciés par la classe moyenne WASP.

Avec le Swing, le Jazz est plus une musique de fêtes et de danses : les orchestres jouent souvent dans établissements hôteliers fréquentés par un large public.

De plus, à cette époque charnière, de nombreux labels vont voir le jour justement grâce aux succès de ce Swing joué par ses immenses orchestres.

Parmi ces nombreux labels spécifiquement spécialisés dans le Be Bop Jazz, la compagnie de disques Dial Records va avoir un rôle de premier ordre.

 

 - Référence musicale 4 (en bas d'article) -

 

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 - Dizzy Gillepsie autour de 1960 (Source : JM) -

 

La compagnie de disques Dial Records va accompagner et produire des enregistrements de Jazz Be Bop de 1946, jusqu'au milieu des années 1950.

Bien entendu, les premiers vinyls sortis par Dial Records (précisément au milieu des années 1940) sont tous des disques du format 78 Tours.

J'avais déjà largement évoqué les changements techniques ayant permis la création des différents formats de lecture du disque microsillon.

Car, même si la grande compagnie de disques Columbia Records dépose son brevet actant la création du 33 Tours, exactement en 1946 ;

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ce n'est finalement qu'au cours des années 1950 que le format 78 Tours va être réellement et progressivement remplacé par les Lp (33Tours).

Le tout premier disque du label est donc enregistré en 1946 par la formation des Tempo Jazz Men ("Dynamo 1 & 2" / Dial Records 1001).


Ce n'est pas un hasard, si la deuxième production du label est consacrée au Charlie Parker Septet ("A Night in Tunisia"/"Omithology" / Dial Records 1002).

La liste des musiciens constituant le catalogue de la compagnie de disques Dial Records peut très aisément représenter le Panthéon des Boopers !  

 

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- Publicité Dial Records en 1954 (Source : RR) -

 

Entre 1946 et 1949, l'écurie de la compagnie Dial Records est composée d'une impressionnante brochette de musiciens de Jazz Afro-Américains :

avec Dizzy Gillepsie, Dexter Gordon, Earl Coleman, Erroll GarnerHoward McGhee, et bien entendu Charlie Parker (le plus souvent accompagné de son Septet).

Le propriétaire et créateur de Dial Records, monsieur Ross Russel, brillant producteur et hommes d'affaires, crée le label sur la côte Ouest en Californie, à Hollywood.

Pour la petite histoire, Ross Russel va réussir l'exploit (entre autres) de faire signer un contrat d'exclusivité pour son label à Charlie Parker dès 1946 !...

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Durant cette période, Parker joue le plus souvent accompagné de sa formation en "septet", The Charlie Parker Septet (1946 à 1951).

La compagnie de Ross Russel va aussi s'intéresser à d'autres styles musicaux : Dial enregistrera (en 1949) des disques de musique classique ;

puis, également produire et enregistrer de nombreux morceaux de musique Calypso des West Indies (dès 1953 dans une collection dénommée Dial Ethnic Series).

Au final, le catalogue du label Dial va retrouver une nouvelle jeunesse lorsque en 1954 Ross Russel décide de le céder à la compagnie Concert Hall Records.

 

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 - LP de Charlie Parker pour Dial Records (201) en 1949 (Source : 75 M.N.S) -

 

Le label Concert Hall Records exploitera très rapidement le fabuleux catalogue Dial Records en sortant des rééditions de bonne qualité.

Concert Hall met ainsi (de nouveau !) à l'honneur ces fantastiques enregistrements de Be Bop devenus absolument indispensables pour les passionnés de Jazz.

Le terme Be Bop va d'ailleurs lui-même être réutilisé quelques années après sa création, et donner aussi une toute nouvelle visibilité.

Notez que l'origine même du terme Be Bop fait l'objet de différentes thèses quelquefois contradictoires, comme souvent dans l'historiographie musicale...

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Il est tout d'abord évident que le terme Be Bop en lui-même n'a aucune signification, cependant différentes pistes permettent d'avoir une idée plus précise sur son origine.

Sans rentrer dans de vaines querelles de spécialistes, ces deux syllabes (Bep et Bop) seraient tout d'abord et directement issues du chant Jazz dit de type Scat.

Il est vrai que le Scat Jazz va principalement utiliser des onomatopées pour développer ses mélodies : c'est l'immense Louis Amstrong qui, en premier, le popularisera.

Le Scat est en fait une forme musicale qui va éclore dès la fin des années 1920, à ne pas confondre avec le "vocalese" qui tend à remplacer les notes par des mots.

 

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Il est extrêmement intéressant de souligner que le Scat est indubitablement une source primordiale, et très souvent utilisé, pour la culture Hip Hop et le Rap.


Beaucoup de caractéristiques et spécificités lient et rapprochent indéniablement ces deux cultures musicales : improvisation, performance, maîtrise technique ;

et surtout l'importance donnée au rythme et à la métrique dans l'utilisation de la parole et de la voix... qualités ardemment recherchées par tous les chanteurs !

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Pour finir cette petite aparté sur le Scat, ce style musical bien spécifique reste toujours à l'ordre du jour comme le prouve sa renaissance à travers la musique Techno.

Comme très souvent, la culture Afro-Américaine est reprise, ou pire carrément copiée et pillée, pour faire les beaux jours des "marchands du Temple".

Le Scat reste néanmoins une exception : il semble provoquer les mêmes réactions passionnées et festives que lorsqu"il était joué par Louis Amstrong ou Ella Fitzgerald !

 

 - Référence musicale 5 (en bas d'article)

 

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 - Charlie Parker (1920-1955) dans les années 1950 (Source : JM) -

 

N'oublions pas qu'en France, la naissance et le développement du Jazz Be Bop vont provoquer de fortes dissensions au sein de l'illustre Hot Club de France.

Le Hot Club de France, et sa fameuse et excellente revue Jazz Hot, diffuse et milite ardemment pour la musique Jazz en France depuis 1932.

La polémique autour du Be Bop en France va donc provoquer une véritable scission entre Huges Panassié (qui rejette le nouveau courant) et Charles Delaunay.


Charles Delaunay soutiendra avec force les Boopers : c'est ainsi que deux des principaux piliers du Hot Club de France vont se séparer.

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Comme chacun le sait, le Hot Club de France va tout de même poursuivre son oeuvre pour le Jazz, malgré cette séparation douloureuse.

Il est vrai que le Be Bop va aussi provoquer de fortes réactions de rejets, ou d'incompréhension même, lors des premières apparitions de ses musiciens.

Les nouvelles sonorités et phrases rythmiques créées et introduites par les musiciens de Be Bop sont d'abord considérées comme "rebelles".

Cette désignation ne dérangeait en aucune manière cette jeune génération de musiciens animée par une profonde volonté de renouvellement total.

 

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En fait, c'est une double prise de conscience pour cette génération : retrouver une identité culturelle Afro-Américaine et créer un langage musical novateur.

Quelques années plus tard, cette nouvelle et jeune génération de Jazzmen surdoués, caractérisée par ce rejet de la tradition du Jazz Mainstream,

va également, et activement, participer à la création des styles Hard Bop, et  Cool  Jazz, comme Theolonious Monk ou Dexter Gordon.

N'oublions pas que le Jazz est une musique qui s'est toujours nourrie de ses nombreux et multiples contacts tout au long de sa longue histoire ;

 

anedocte qui nous permet justement de revenir, un court instant, sur les origines et les racines du terme Be Bop, et ses diverses utilisations.

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Car, en plus de ses racines issues du Scat, la théorie la plus répandue et sûrement la plus probable, explique que ce terme est une abréviation de "Arriba, Arriba" !

Cette onomatopée "Arriba, Arriba" est très souvent utilisée par les chefs d'orchestres de musique Latin (comme le Big'Band de Tito Rodriguez).

L'utilisation de cette onomatopée est faite pour motiver et pousser les musiciens de ces orchestres au rythme réellement frénétique et captivant.

Une explication nous ramenant clairement (et heureusement !...) au Swing de Lionel Hampton, et non au "Be-Bop-A-Lula" de Gene Vincent (!!!).

 

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- "Jazz Hot" magazine Spécial' Be Bop en 1990 (Source : HCF/ 75 M.N.S) -

 

En somme, l'origine du terme (ou de l'anamatopée) Be Bop garde une grande part de son mystère.

Même les meilleurs experts n'arrivent pas à se mettre d'accord, confirmer ou infirmer clairement cette origine.

 •

Ce qui est certain, c'est que le Be Bop va permettre au Jazz de s'évader de l'intimité "cachée' des Cabarets des années 1920.

Si dans un premier temps, le Swing va émanciper la musique Jazz grâce à son intégration dans l'univers des grands Dancing populaires.

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Car, comme je l'ai maintes fois souligné, le Swing Jazz est incontestablement la grande période d'or des imposants orchestres ("Big Band")

avec les extraordinaires et légendaires séances du Cotton Club, ou Savoy, de New York City (durant le tout début des années 1930).

Cette vague de Swing va vite croître et connaître une période d'euphorie qui va déferler sur les Etats-Unis d'Amérique.

Cette période va être marquée par le concert (historique) de l'orchestre de Bennie Goodman au Carnegie Hall de New York City en 1938.

 

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 Pour la petite histoire, la superbe salle du Carnagie Hall est d'abord la principale salle de concerts classiques de New York City.

Financée par Andrew Carnegie (richissime industriel appelé "Roi de l'acier"), elle sera inaugurée en 1891 par un concert de Tchaïkovski.

Etonnemment, cette salle habituellement fréquentée par la haute société va accueillir avec enthousiasme le concert de l'orchestre de Bennie Goodman.

Car le Swing est aussi synonyme de joie de vivre et de grandes fêtes, un rythme beaucoup plus propice aux interprétations "endiablées" et à la danse.

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Le rythme caractéristique de la Nouvelle Orléans est délaissé (pour un temps seulement) devient plus souple et sautillant : le Swing est bien arrivé !

Le tout premier de ses nouveaux orchestres de Swing Jazz semble être celui du chef d'orchestre et pianiste virtuose Fletcher Henderson (1897-1952).

Fletcher Henderson, surnommé "Smack" est un pianiste Afro-Américain qui commence sa carrière comme directeur commercial pour la mythique compagnie Black Swan.

Il va lentement et minutieusement mettre au point cette nouvelle conception des arrangements, et ce nouveau rythme, avec l'aide de nombreux musiciens (tous de futures vedettes). 

 

 - Référence musicale 6 (en bas d'article) -

 

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 - Cotton Club dans les années 1940 New York City (Source : JM) -

 

Fletcher Henderson va effectivement essayer et proposer de nouvelles sonorités avec ses différentes formations d'orchestres dès 1924.

C'est en travaillant avec Louis Amstrong, Collemenan Hawkings, Ben Webster, Roy Eldridge, ou Fats Waler, que Fletcher Henderson sème les premiers jalons du Swing.

Par la suite, d'autres orchestres, comme celui de Jimmy Lunceford ("For Dancers Only !") ou de Chick Weeb, vont vite reprendre ce nouveau style.

Et comme nous l'avons vu, ce sont les orchestres de Bennie Goodman, Duke Ellington et Count Basie qui vont marquer plus tard cette "Swing Era".

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Notons que pour l'immense pianiste Count Basie, représentant du Kansas City Style, le Swing est fortement influencé par le Blues et l'utilisation des rifs.

C'est sans doute cette première partie de carrière de Count Basie (avant 1944) qui reste la plus intéressante, notamment ses collaborations avec Lester Young.


Un Lester Young qui sera suivi par le "père du saxophone ténor" : Coleman Hawkings et son jeu dans "Body and Soul" totalement irrésistible.

La liste des innombrables et talentueux musiciens de cette période Swing, particulièrement prolifique, est beaucoup trop longue pour être énumérée.

 

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Au final, le Be Bop apparaît comme une période véritablement fondatrice pour la musique Jazz, et pour l'ensemble de la musique contemporaine.

Si auparavant, avec le Swing, le Jazz avait enfin réussi à devenir une musique populaire : cette musique va acquérir une visibilité certaine

après avoir été, longtemps, victime, de la ségrégation raciale en vigueur aux Etats-Unis, et de ce fait ignoré ou cantonné aux Race Records.

Les musiciens du Be Bop vont eux aussi révolutionner cette musique Jazz, mais d'une façon beaucoup plus militante.

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Comme toujours dans l'histoire de la musique Afro-Américaine, les liens entres les différents styles (ou époques) sont réellement solides.

Car même si c'est bien le style Be Bop qui précède et introduit la vague dite du Hard Bop entre 1955 et le début des années 1960

(je souligne que le Hard Bop est certainement la période la plus communément appréciée par l'ensemble de la culture Modernist),

nous avons encore une fois constaté que le musicien de Jazz Afro-Américain contemporain se nourrit toujours de son précieux héritage.

 

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- Dizzy Gillespie 1948 (Source : JM) -

 

Un précieux héritage musical qui est justement un inestimable trésor pour notre culture Modernist.

Un culture Mod particulièrement fière de préserver et pouvoir faire vivre cet exceptionnel héritage.

Cet authentique et profond patrimoine nous vient directement de cette fantastique culture Afro-Américaine.

Une culture Afro-Américaine qui va littéralement (et justement) forger les fondements de la culture Modernist à travers sa musique.

Une musique Afro-Américaine d'une richesse incomparable et inépuisable, une musique qui doit être respectée et préservée.

Tout comme les véritables valeurs, et les authentiques traditions de notre culture Modernist (sans E svp !!!).

  

 Alexandre Saillide-Ulysse

 

75 M.N.S

 

 

*Sources :

 

- Huges Pannassié " La Bataille Du Jazz" Editions Albin Michel, Paris, 1965

- Gérard Montarlot "Le Jazz et ses musiciens", Editions Hachette, Paris, 1963

- Joachin-Ernst Berendt "Le Grand Livre du Jazz", Editions Du Rocher - Le Livre De Poche, Paris, 2001

- "Les Cahiers du Jazz" revue (Divers numéros depuis 2004)

- "Jazz Hot" magazine  (divers numéros depuis 1947).

 

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- Affiche Concert Charlie Parker en 1955 (Source : JM) -

  

* Références musicales :

 

- Sélection 1 : Dizzy Gillepsie & Charlie Parker "Groovin'High" - Savoy Records (6037) - 1955

- Sélection 2 : Coleman Hawkins "Body and Soul" - RCA Victor Records (270008) - 1951 (enregistré en 1939)

- Sélection 3 : Dexter Gordon "Citizen'Bop" - Swing Time Records (323) - 1953

- Sélection 4 : Dizzy Gillepsie "Tin Tin Deo" - Royal Roost Records (LP 2234) - 1959

- Sélection 5 : Charlie Parker's All Stars "KoKo" - Savoy Records (45-311) - 1950 

- Sélection 6 : Dizzy Gillepsie "Be Bop" - Verve/Polygram Records (LP 767) - 1963



09/03/2018
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