Le Cinéma Britannique (1950-1960) : Aspects de l'esprit Modernist.
- Londres en 1965 (Source : LM) -
Dans ce nouvel article, après son superbe texte sur Leroi Jones mis en ligne par "Le Cercle Modernist"(C.M),
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Pascal Rousse, alias "BonBel"(Membre Officiel du C.M) nous livre une analyse du cinéma Anglais des années 1950 et 1960.
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Bien entendu, le choix, et la place, de l'article dans cette rubrique MoD'inArt n'est pas anodin !
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En effet, c'est une époque charnière de changements qui intéresse particulièrement notre culture Modernist.
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Une période cinématographique particulièrement foisonnante, accompagnant dès ses premières heures notre culture.
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Pascal Rousse va justement nous faire découvrir, ou plus simplement nous rappeler, cette richesse souvent oubliée ou méconnue.
Cet article est, bien entendu, accompagné d'une sélection musicale propre à la période des Swinging Sixties (références musicales en fin d'article).
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Une période des Swinging Sixties qui émerge d'abord en Angleterre, plus particulièrement à Londres, à la fin des années 1960.
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Avec des groupes comme The Riot Squad ou Timebox, c'est la spécificité de la culture Modernist "Late 6T's" qui est mise en avant.
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Une culture Modernist Late 6T's trop souvent et malencontreusement comparée au Swinging Sixties FreakBeat et psychédélique.
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Des contradictions, comme justement les véritables pépites du cinéma Anglais, pertinemment soulignées par Pascal Rousse.
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Un article captivant, et de grande qualité (!), que nous vous proposons avec fierté et plaisir : excellente lecture amis (es) du Cercle Modernist !...
- Affiche originale du film "Saturday Night and Sunday Morning" 1960 (Source : CC) -
"Le Cinéma Britannique des années 1950-1960 : Aspects de l'esprit Modernist"
La Grande-Bretagne de l'après-guerre, entre la fin des années 1950 et le milieu des années 1960 est la scène d'une reconstruction accélérée et d'une démocratisation très relative.
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La reconstruction sera aussi un prétexte pour transformer des quartiers populaires entiers, en une sorte de modernisation forcée, de rattrapage. En réalité, il s'agira d'éradiquer des quartiers ouvriers entiers, avec le mode de vie spécifique qui s'y était enraciné.
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La déloyauté des classes dominantes à la promesse égalitaire de l'après-guerre, dont le réforme du système scolaire devait être le catalyseur, sera d'autant plus aisée que cela pourrait bien avoir été en trompe-l'oeil.
Comme l'explique mon ami Paul Davies, il s'agissait seulement de remplacer des élites décimées par la guerre, en assurant le promotion de quelques éléments "doués" et ambitieux issus des classes populaires, sans pour autant remettre en cause les grandes divisions de la société anglaise.
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Nous avons vu, à propos de LeRoi Jones, que la conscience de ces contradictions a conduit une fraction éclairée de la jeunesse des classes populaires britanniques a s'identifier aux Noirs Afro-Américains, à travers la culture du Blues, et du Jazz moderne.
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Cette avant-garde de la jeunesse formera ainsi la culture Modernist. La scène sociale, à laquelle les Mods répondent ainsi, avait déjà été dressé par les "Angry Young Men", entre 1951 et 1956. Ce groupe hétéroclite fut un phénomène autant littéraire que médiatique. Mentionnons, entres autre : John Braine et Alan Sillitoe.
Mais n'oublions pas le mouvement réaliste dit "Kitchen-Sink", auquel le Free Cinema empruntera aussi. Mentionnons notamment : Shelag Delaney. Leurs vies d'anti-héros des classes laborieuses, instruit et ainsi hors caste, destinés à l'insatisfaction, seront transcrites au cinéma.
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Or les Mods ne sont pas pour autant une reproduction du type du "Angry Young Man". En effet, celui-ci ne voit dans la modernisation que son aspect, bien réel, d'instrument de déstabilisation des classes populaires, au moment même ou elles s'efforcent de se faire une meilleure place dans la société.
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Les chantiers de construction, omniprésents dans les films, forment la toile de fond d'une comédie sociale de dupes. Les Modernist, en revanche, vont percevoir l'aspect potentiellement progressiste de la modernisation et des opportunités qu'elle leur offre.
Mais ils n'aspireront pas à "s'élever", encore moins à suivre les modèles culturels de l'establishment. S'ils abandonnent le sarcasme amer des Angry Young Man, ils en gardent l'ironie tranchante.
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Au cinéma l'acteur Michael Caine, surtout dans le personnage de l'espion parodique Harry Palmer, incarne le type accompli du "Grammar School Cockney" voué à des postes de cadre subalterne, mais plus intelligent et élégant (Smart au deux sens du terme) que ses supérieurs et qui ne s'en cache pas !
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Les réalisateurs du Free Cinéma vont populariser ces problèmes dans une série de chef-d'oeuvres. Le deuxième groupe de film que nous souhaitons aborder traite essentiellement de l'inscription de la jeunesse des classes populaires dans la modernité émergente.
- Référence musicale 1 (en bas d'article) -
- "The Angry Young Man" (Source : CC) -
Nous les voyons alors aux prises avec de nouveaux enjeux : la nouvelle société de consommation, l'argent, l'émancipation (de la morale et des parents), la sexualité (liberté et homosexualité), les rapports entre hommes et femmes, les rapports entre classes, la solitude, les industries culturelles ...
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Il est remarquable, que, dans tous ces films, les rapports entre filles et garçons, hommes et femmes, fassent le pivot des relations sociales : tous les noeuds et dénouements, mais aussi tous les enjeux de profession, de classe, etc, sont compris , subis et agis dans cette relation affective et incontournable.
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Une exception notable : The Loneliness of the Long Distance Runner, peut être le plus proche de l'esprit Modernist. Les débuts du mouvement, en effet, furent essentiellement une initiative masculine et ces garçons mettaient les filles à distance de leur culte ;
on peut supposer qu'il fallait ainsi échapper aux modes de socialisation habituels, afin de ne pas perdre de vue l'essentiel : se constituer en une individualité authentique et unique.
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L'autre "protagoniste" important, c'est l'habitat citadin comme cadre matériel et symbolique de la vie sociale : le logis, l'immeuble, la rue, le quartier, le ville, les
Pubs et CoffeeShops, espaces sportifs, Dancing, commerces, l'usine ou le bureau.
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Le contexte de la reconstruction et de la modernisation accélérée est très présent, avec de nombreux chantiers visibles dans le décor.
- Référence musicale 2 (en bas d'article) -
- Affiche du film "Up the Junction" 1967 (Source : CC) -
C'est le monde dans lequel les Modernist apparaissent à côté d'une culture de masse qui en récupérera les créations pour les dénaturer, afin de se les rendre assimilable, en substituant une vague fantaisie"libertaire" au tranchant critique de style.
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Nous allons commenter ici quelques uns des films que nous avons pu voir et que nous avons trouvés des plus significatifs. Ce choix n'est donc pas exhaustif, il demandera à être affiné et complété par la suite.
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Dans le premier groupe : "Room at The Top" de Jack Clayton (1959), "Saturday Night and Sunday Morning" de Karel Reisz (1960), "A Taste of Honey" de Tony Richards (1961), "The Loneliness of the Long distance Runner" de Tony Richardson (1962).
Deuxième groupe : "Victim" (1961) de Basil Dearden avec Dirk Bogarde, "The System" de Michael Winner (1964), "The Knack" (1965) de Richard Lester, "Poor Cow" (1967) de Ken Loach, "Smashing Time" (1967) de Desmond Davis, "Up The Junction" (1967, Ken Loach pour la BBC en 1965) de Peter Collinson, "Privilege" (1967) de Peter Watkins, "Here We Go Round The Mulbery Bush" (1967) de Clive Donner.
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Billy Liar de John Schlesinger (1963), "The Girl with the green eyes" de Desmond Davis (1964), se situent entre les deux.
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"Room at the top" de Jack Clayton (1959), d'après un roman de John Braine (1957). L'histoire d'un homme ambitieux, d'origine ouvrière pauvre, mais instruit via la Grammar School, qui aspire à s'élever socialement à la hauteur de ses capacités. Devant les perspectives limités que son emploi de bureau lui offre, il tentera d'y parvenir en séduisant la fille d'un notable de la ville, mais il se heurte à la morgue de son entourage.
- Référence musicale 3 (en bas d'article) -
- Rita Tushingham 1965 (Source : CC ) -
Il est partagé par son amour pour une femme plus âgée que lui. Riche et brillante, elle vient aussi d'un milieu et ils se reconnaissent. Son incapacité de choisir entre celle qui lui ressemble et un mariage d'intérêt, conduit au suicide cette femme qui l'aime.
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Il se heurte tout autant à des barrières de classe imprévues (langages, relations), qu'il parvient à transgresser en séduisant la fille de la famille, qu'à sa propre indécision par fidélité à soi-même. Son ascension sociale se paye de ce renoncement à son authenticité, alors qu'il pensait la devoir à son seul mérite.
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L'enjeu pour les Modernist sera justement de s'inscrire de façon critique dans ce jeu social, également dépourvu de perspectives politiques crédibles, en s'extirpant de cette alternative de caste pour affirmer leur authenticité individuelle par l'invention d'une culture populaire moderne cohérente.
Ils s'opposent ainsi à la désuétude des références parentales d'avant-guerre, mais aussi au tribalisme des Teddy Boys comme au laisser-aller bohème des Beatniks.
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"Saturday Night and Sunday Morning" de Kael Reisz (1960) sur un scénario d'Allan Sillitoe, d'après son roman éponyme (1958), fait au contraire le portrait d'un homme qui ne se fait aucune illusion.
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Il représente le type du Cockney bien intégré dans son quartier, est employé à un travail de type ouvrier qualifié dans une usine prés de chez lui, qui tient tête à ses petits chefs.
C'est un homme d'avant-guerre, produit de la séparation de classes, combatif, mais uniquement pour lui-même, pour sa dignité personnelle ; et que chacun fasse de même pour soi !
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En revanche, de la nouvelle prospérité qui vient, d'une certaine libération des moeurs, il prend ce qu'il a à prendre. Bel homme, il s'habille avec un goût déjà moderne.
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Mais cela s'avère plus compliqué qu'il ne l'imagine .... avec les femmes ! Celle-ci ont des aspirations plus complexes, en phase avec le changement d'ère, et elles ne se soumettent pas à sa conception binaire des choses : la situation va progressivement lui échapper.
D'une certaine manière, il préfigure "Alfie" (1966) de Lewis Gilbert et avec Michael Caine, dont il partage certains traits à la fois séducteurs et machistes, qui feront sa perte, mais en plus noir.
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"A taste of honey" (1961) de Tony Richardson sur un scénario coécrit avec Shelag Delaney d'après sa pièce de théâtre de 1958, fait d'une jeune mère célibataire l'héroïne du film, jouée par Rita Tushingham.
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Elle concentre presque tout ce que la Grande-Bretagne d'alors laisse à la marge, le père de son enfant est un cuistot noir employé sur un cargo, elle vivait seule avec sa mère, veuve, laquelle nomadise d'un logement à l'autre faute de pouvoir payer ses loyers et travaille comme serveuse au Pub et prostituée occasionnelle.
- Référence musicale 4 (en bas d'article) -
- Affiche Française du film "Alfie" en 1966 (Source : CC) -
Une fois enceinte, la jeune fille trouve un emploi dans une boutique de chaussures du centre ville et s'installe seule dans un grand atelier, qu'elle réaménage, ou elle espère développer son talent d'artiste.
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Elle va y accueillir un de ses jeunes clients, isolé et sans logis, homosexuel et "proto-Mod" (par son non-conformisme, notamment son attention aux détails vestimentaires ; il veut d'ailleurs devenir styliste de mode), qui deviendra son ami et une sorte de seconde mère.
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La mère, avec ses manières ce cocotte, emblématise la désorientation des parents des classes populaires, dépassés par l'évolution d'après-guerre et limités par des aspirations strictement matérielles.
La jeune-fille mère et son compagnon veulent s'émanciper sur un plan existentiel : ils veulent se choisir dans un style de vie qui soit une réponse à leur quête de sens.
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"The loneliness of the long distance runner" de Tony Richardson, en 1962, sur un scénario d'Alan Sillitoe, d'après sa nouvelle éponyme en 1959, présente un jeune garçon, joué par Tom Courtenay, qui vit encore chez ses parents.
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Leur existence est bouleversée par la more du père, d'une maladie probablement due à ses conditions de travail. Les questions d'argent, les tensions familiales et la déstabilisation causée par cette perte brutale le conduise à la petite délinquance.
Il est pris est incarcéré dans une maison de redressement fermée (borstal). Là, il se montre insoumis, aussi bien à l'autorité qu'au groupe de ses camarades de détention.
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Mais il se fera remarquer positivement comme excellent coureur et le directeur l'enrôle dans une compétition avec la Public School voisine : ce sera donc Working Class contre Upper Class.
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Pour le convaincre, le directeur lui promet sa libération anticipée, en cas de victoire. Il obtient de s'entraîner seul, hors enceinte, et peut ainsi réfléchir sur lui-même. Le jour de la compétition, il distancie son adversaire, réputé invincible, mais s'arrête délibérément juste avant la ligne d'arrivée et le laisse passer.
Ainsi, tout en se montrant supérieurement apte, le héros affirme son authentique liberté contre la "liberté" falsifiée de l'esprit de concurrence, en rompant le pacte pour son ascension" sociale comme champion, qui le liait aux autorités et à son groupe social aliéné. Nous avons là une épure de l'esprit de défi existentiel (et de défiance) Modernist.
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"Victim" de Basil Dearden, en 1961. Des homosexuels sont soumis à un chantage, qui conduit l'un d'eux au suicide, en temps ou cette orientation sexuelle est toujours criminalisée. Jeune, issu de la classe ouvrière, pauvre et sans appui, il avait tenté de se tourner vers son ancien amant, un avocat promis à une brillante carrière de juge, qui apparaissait avec lui sur une photographie.
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L'avocat, joué par Dirk Bogarde, marié et risquant sa carrière, l'évite. Mais son suicide va lui faire prendre conscience de l'impasse de toute défense individuelle : l'isolement de chacun dans la peur est la clé du pouvoir du maître chanteur.
- Référence musicale 5 (en bas d'article) -
- Encart publicitaire promotionnel dans la presse Britannique en 1962 "The Loneliness of the Long Distance Runner" (Source : MPS) -
Le film permet d'observer un milieu ou les classes sociales séparées se mêlent clandestinement, une "communauté inavouable" dont la proscription la porte à ressentir vivement les contradictions de l'ordre établi. L'avocat est ainsi un homme de la haute société, dont la sensibilité évolue vers une certaine rupture avec le Status Quo.
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Le Modernist avisé pourra en observer la manifestation dans un style vestimentaire très personnel et soigné : celui d'un authentique Dandy, non au sens superficiel d'une affectation, mais d'un ethos dont le style témoigne. Cet ethos repose sur l'individu, mais se distingue de l'individualisme par une certaine sensibilité sociale.
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"The System", 1963, de Michael Winner. Ce groupe de garçons, qui se retrouvent l'été dans une station balnéaire, pour s'amuser en photographiant les touristes et qui, en même temps, se partagent les filles à séduire, ressemblent fort à des Mods par leurs tenues et leur attitude distanciée. De plus, ils auront à subir la rivalité d'une bande qui tente de les concurrencer sur leur petit commerce, dont le chef ressemble plutôt à un Teddy Boy en goguette ; il va trouver à qui parler !
La violence, liée au "territoire", est très structurante dans la vie sociale des milieux populaires en Grande-Bretagne. On a aussi un aperçu de diverses soirées à la mode, dans le Dancing local et chez des particuliers, ou ce groupe de jeunes hommes se détache nettement sur les "squares"".
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"The Knack... and how to get It", 1965, de Richard Lester exploite avec ironie l'obsession sexuelle, qui s'épanouira en libération lors du "Summer Of Love", deux ans plus tard. Pour le moment, on assiste à des relations instables entre la licence débridée et la pudeur ...
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Le Mocker, qui "atout", est une caricature du Don Juan moderne, deux ans après l'affaire Profumo : sa suffisance, son esprit de système lui livre apparemment toutes les jeunes filles, qui font la queue devant la porte de sa chambre ! Ses costumes en Mohair et ses boots Cubaines rappellent le Mod, mais il n'est pas coiffé "à la française", roule en moto et son intérêt exclusif pour la chasse au Knack, en somme : sa vulgarité est contraire à l'esprit de distance, le Cool, qui caractérisait les véritables Modernist.
Il va se heurter à la résistance inattendue d'une jeune provinciale, jouée par Rita Tushingham, encore. Elle lui préférera la candeur de deux autres jeunes hommes, qui cohabitent dans la même maison. Il en perdra ses moyens et ses pouvoirs sur les autre filles !
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Le style déluré et acide de ce film met déjà l'accent sur une désorientation qui sera caractéristique du "Swinging Sixties", ou l'influence des Mods se fera nettement sentir, mais qui dilapideront en même temps dans le non-sens de le culture de masse ce que cette culture populaire des Modernist avait d'original.
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"Poor Cow" de Ken Loach, 1967, d'après la nouvelle de Neil Dum (1967). Musique de Donovan. L'envers (et l'enfer) des "Swinging Sixties" : le lunpenprolétariat britannique s'efforçant de trouver le bonheur, promis par la société de consommation, dans un système de caste qui n'a pas réellement changé dans ses structure, ne s'est entrouvert que pour quelques uns et seulement le temps de donner lieu à quelques scandales pour enfin porter les Travaillistes au pouvoir.
Pour Joy, en revanche, les choses n'ont vraiment pas changé, si ce n'est que, comme tout le monde alors, elle "aime l'argent". Mais elle est prise dans un milieu de petits malfrats de la banlieue de Londres, cambrioleurs pas très futés, proies faciles de la Police, des juges et des prisons. Isolée, elle est ballottée d'homme en homme, parfois maltraitée. Elle devient serveuse de Pub et Pin-up.
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Son enfant, qu'elle aime et élève de son mieux, est sa seule bouée dans un monde instable, friable, symbolisé par le chantier de démolition ou elle croit un moment l'avoir perdu. On voit confluer en elle les années 1950 et 60. Son fils deviendra peut-être Soulie, puis Punk ...
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"Smashing Time" de Desmond Davis, 1967, est une satire qui exploite à fond les "Swinging Sixties". Deux jeunes provinciales, de classe populaire, viennent à Londres en congé pour s'amuser et y découvrir ce qui est à la mode. De fil en aiguille, elles vont y rester et trouver des emplois dans des lieux emblématiques de la nouvelle culture consumériste, mélangée à l'Underground : une friperie, ou des vêtements de l'époque Victorienne retaillés font un style psychédélique parfait, un cabaret-restaurant, puis un restaurant "tendance" (trendy), fréquenté par des publicitaires, des dessinateurs de mode, des journalistes, des stars en devenir et des homosexuels, une boutique de vêtements et d'objets, inspirée de celle de Mary Quant, le Bazaar ...
- Référence musicale 6 (en bas d'article) -
- Affiche du film "Smashing Time" 1967 (Source : MVP) -
Toutes leurs aventures les conduiront au coeur du milieu social qui anime les "Swinging Sixties", la nouvelle génération entreprenante des classes moyennes supérieures, à la faveur des amours des amours de l'une d'elle, jouée par ... Rita Tushingham, avec un jeune photographe, qui la propulse au rang de Cover-Girl.
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Entre soirées psychédéliques, exposition d' "art contemporain" (inspirées du Pop Art Britannique), avec robots autodestructeurs, et défilés de mode hystériques (on y voit Twiggy en Star divinisée), on assiste à un démontage burlesque de la mythologie spectaculaire des Sixties.
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"Up The Junction" de Peter Collinson, 1967, d'après le livre de Nell Dunn (d'abord adapté en collaboration avec Ken Loach, pour la BBC en 1965).Musique de Manfred Mann. Un des rares film à mettre en scène un Mod ... "complet" avec son scooter orné de phares et de rétroviseurs chromés.
Une jeune "Chelsea Girl" quitte un matin sa luxueuse maison, dans laquelle elle semble vivre seule et s'ennuyer, pour passer le pont et se rendre au quartier ouvrier de Battersea, sur l'autre rive. Son chauffeur lui laisse continuer la traversée à pieds et s'en retourne au volant de la Bentley.
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Elle se rend à une usine qui emploie des femmes et se fait recruter sur la chaîne. Elle nouera des relations avec les ouvrières les plus délurées et s'installera dans une sordide soupente qu'elle aménagera avec des meubles trouvés au Puces.
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C'est d'ailleurs son goût pour ces "antiquités", dans un intérieur crasseux, plutôt que pour un appartement et des meubles modernes (devenus plus accessibles à ce moment là), qui déroute ses amies et achève de les convaincre qu'elle vient de la haute société : elle est "posh".
Elle rencontre le jeune Mod aux Puces, ou il vit de petits boulots. Elle va devenir amoureuse de lui. Sachant d'ou elle vient, il tentera de lui faire comprendre son rêve de changer de vie, de s'affranchir de l'enfermement des gens de son quartier dans leur culture ouvrière locale et du cycle infernal de la reproduction sociale.
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Mais ses aspirations sont naïves : s'élever socialement et devenir propriétaire, sans remettre ne cause l'ordre social. Comme le héros de "Room At The Top", il est amené à méconnaître sa singularité, pour laquelle la jeune Chelsea Girl, en quête d'authenticité l'aimait.
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Il veut intégrer son milieu en l'épousant. Il échouera lamentablement en volant une voiture de sport pour l'impressionner et finira en prison. Elle retournera à Chelsea. Si le jeune homme a les apparences d'un Modernist, il ignore l'esprit critique et anti establishment du mouvement.
Il apparaît comme la risée de son quartier, notamment à côté des sémillants Rockers, pas très malins, mais pas compliqués et prétentieux non plus. On peut se demander si le réalisateur et les scénaristes ne comprennent pas l'esprit Modernist ou si ce personnage isolé du Mod reflète le sentiment alors répandu, que le mouvement semble dépassé à Londres (tandis que le psychédélisme bat son plein).
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"Privilege" de Peter Warkins, 1967. Musique de Mike Leander, avec Paul Jones des Manfred Mann, dans le rôle de la Pop-Star et Jean Schrimpton, premier "Top model" emblématique des Sixties (pour Mary Quant, notamment), dans le rôle de l'artiste.
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Quand "Smashing Time" se moquait des "Swinging Sixties", tout en se tenant dans des limites plaisantes en exploitant un phénomène à la mode, ce film entend au contraire en dévoiler la violence sociale et symbolique cachée. C'est la rencontre entre le Georges Orwell de "1984" (1949) et la critique impitoyable des industries par Adorno et Horkheimer, dans "La dialectique de la raison" (1944-47).
- Référence musicale 7 (en bas d'article) -
- Affiche du film "Up The Junction" en 1967 (Source : CC) -
L'establishment est confronté à une révolte de la jeunesse. Mais, heureusement pour lui, cette révolte est surtout une agitation pulsionnelle informe et sans orientation politique (sue le modèle de la "Beatlemania").
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Or, il existe un chanteur Pop d'une beauté Apollinienne, dont le pouvoir d'attraction est considérable sur elle et les sentiments de ce chanteur sont précisément à l'image de ceux de l'ensemble de cette jeunesse. Dans un premier temps, on se contente donc d'en canaliser l'énergie en lui procurant autant que possible l'occasion de se décharger lors des concerts, ou la violence se redouble et s'épuise grâce aux provocations et aux exactions de la Police.
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Mais, vient le moment ou cette révolte pourrait échapper à un contrôle si grossier et même devenir consciente d'elle-même. C'est alors que les différents pouvoirs du pays unissent leurs forces pour "réformer" la culture Pop afin de renforcer les liens entre le gouvernement, l'autorité religieuse,la police et l'industrie culturelle ; celle-ci apparaît à la fois comme à la façade et l'édifice même du pouvoir : le pouvoir intégré du spectacle et le spectacle du pouvoir intégré, englobés par les médias dans une même scénographie, conjurent le spectre révolutionnaire en le drainant dans une nouvelle esthétique fascistoïde.
La même année, Guy Debord publie la société "La société du spectacle". Notons la différence avec le nazisme : le pouvoir se cache derrière une marionnette dépourvue de toute initiative, mais à laquelle la jeunesse est amenée à s'identifier. Mais la créature va échapper à ses maîtres grâce à l'amour lucide d'une femme, une artiste, chargée de faire son portrait : le chanteur va reprendre possession de lui-même et opposer son autonomie à l'appareil du divertissement répressif ; revanche de l'esprit Modernist contre sa massification !
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"Here we go round the Mulberry bush" de Clive Donner (1968) d'après le roman éponyme d'Hunter Davies (1965). Musque de Traffic, avec la voix de Stevie Winwood, pour le générique et de The Spencer Davis Group, pour le reste du film. Voici, en revanche une face lumineuse des Sixties, à travers l'initiation sentimentale et sexuelle d'un jeune homme habitant une de ces villes nouvelles Britanniques d'après-guerre : Stevenage.
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La vie de la jeunesse de la petite classe moyenne nous est ainsi dépeinte au moment ou la société de consommation s'est entièrement mise en place et ou les moeurs nouvelles commencent à être admise (mais c'est aussi le moment ou, partout ailleurs, la jeunesse rejette violemment cette "nouvelle société" !). Le jeune homme a les cheveux coupés comme Eric Burdon, porte une chemise blanche, des Jeans Denim et de fines chaussures noires cirées, se déplace en bicyclette du joli pavillon moderne de ses parents au centre commercial tout neuf et propre du centre ville : il est naturellement Mod, si l'on peut dire.
- Référence musicale 8 (en bas d'article) -
- Encart publicitaire (Source : MA) -
Comédie charmante et légère, sans frictions sociales, presque élégiaque, avec ce qui reste de petits drames sentimentaux, sur fond d'excellente musique Pop. Loin des conflits Londoniens entre establishment, Underground, Hippies, Skinheads Boot Boy et Police, c'est la représentation suburbaine optimiste de la quête d'un bonheur accessible promis par les Sixties.
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"Billy Liar" de John Schlesinger (1963) d'après le roman éponyme de Keith Waterhouse (1959). Billy, joué par Tom Courtney; petit employé aux pompes funèbres, vit à l'étroit chez ses parents dans une ville provinciale du Nord, sur fond de démolition et de reconstruction, cet à dire de modernisation forcée.
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C'est une autre version des tensions typiques de l'après-guerre entre les enfants de classe populaire
, qui ont accédé via les Grammar Schools à un niveau de culture supérieure (Billy rêve de devenir écrivain, et notamment scénariste pour la télévision, métier très à la mode à ce moment là), et leurs parents qui n'ont que le faible niveau d'instruction réservé par l'ancien système scolaire aux classes laborieuses.
Billy vit dans un malentendu permanent avec sa famille, mais aussi avec ses amis et ses collègues, déjà plus résignés que lui devant les impasses du changement. Personne ne croit en lui. En effet, dans cette petite ville très provinciale, la réalité sociale est plus faite de continuité que de véritable rupture avec le passé. Billy, qui a sans doute cru aux promesses de la modernisation s'évade alors dans l'imaginaire et ses rêves sont si vivaces qu'ils se superposent à la réalité et, souvent s'y substituent.
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Il est également conduit à différer constamment tout choix décisif, toute détermination, sachant bien qu'il en sera ramené à de soumettre définitivement à la médiocrité qui l'entoure. C'est pourquoi il ne cesse de mentir. Tant et si bien que lorsque l'occasion se présente, que l'une de ses amoureuses qui a su, elle, s'émanciper, croit en lui et lui propose de la suivre à Londres pour commencer ensemble une nouvelle vie, il s'avère incapable de faire le saut.
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"The Girl with the green eyes" de Desmond Davis (1964), toujours avec la surprenante Rita Tushingam ; décidément l'un des visages les plus marquants de ce cinéma, véritable Modernist ! Le film est l'adaptation du roman du roman "The Lonely Girl" de Edna O'Brien (1962) qui en signe également le scénario.
- Affiche du film "The Girl with the green eyes" 1964 (Source : C.C) -
C'est justement l'histoire d'une jeune fille moderne, fille de paysans pauvres en Irlande, mais cultivée (elle sort, non d'une Grammar School, mais d'une école de religieuses), qui vit à Dublin avec son amie.
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Là elle devient amoureuse d'un écrivain célèbre, quadragénaire, qui vit retiré dans une demeure avoisinante. Il est évidemment issu, lui, vu son âge, de la haute société. Tant qu'ils pourront s'isoler et passer des jours heureux ensemble dans cette gentilhommière, tout ira bien et ils apprendront à se découvrir mutuellement, à s'apprivoiser comme des individus libres.
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Mais, dès que les amis de l'écrivain et la famille de la jeune fille, c'est à dire la société, vont s'immiscer et faire violemment intrusion dans cette relation, les tensions vont apparaître, révélant des écarts non résolus, entre la persistance des "traditions" (il est âgé, en instance de divorce, elle est encore adolescente, il est athée, elle est croyante), mais aussi entre les classes sociales dont ils crurent s'être affranchis et dont le poids collectif impersonnel se rappelle dramatiquement à eux, jusqu'à la rupture.
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Pourtant, la fin du film est ouverte et la jeune fille aura, par cette initiation, la force de s'émanciper plus encore et, en entrant à l'université, d'accéder à l'autonomie et à une autre vie.
Article Pascal Rousse / Préface Alexandre Saillide-Ulysse.
75 M.N.S ® !
Sources :
- Tony Beesley "Sawdust Caesars.Original Mod Voices", Editions Day Like Tomorrow, Peterborough, 2014
- Bernard Droz, Anthony Rowley, "Histoire générale du XXe siècle", Editions SEUIL, Paris, 1986-87
- Guy Debord, "La société du spectacle", Editions LEBOVICI, Paris, 1989
- Max Horkheimer, Theodor W.Adorno, "La dialectique de la Raison", Editions GALLIMARD, Paris, 2013
- Dick Hebdige, "Sous-culture, le sens du style", Editions LA DECOUVERTE/ZONES, Paris, 2008
- Paolo Hewitt, "Mods une anthologie.Speed, Vespa & Rhythm'n'Blues", Editions RIVAGE, Paris, 2011.
Références musicales :
- Sélection 1 : The Fleur De Lys "Circles" - IMMEDIATE Records (032) - 1966
- Sélection 2 : The Quick "Bert's Apple Crumble" - DERAM Records (121) - 1967
- Sélection 3 : The Riot Squad "Workin' Man" - PYE Records (17092) - 1966
- Sélection 4 : Sonny Rollins "Alfie Them" - IMPULSE Records (1776) - 1966
- Sélection 5 : The Eyes Of Blue "Heart Of Trouble" - DERAM Records (106) - 1966
- Sélection 6 : The Creation "Making Time" - PLANET Records (116) - 1966
- Sélection 7 : Timebox "Beggin' " - DERAM Records (194) - 1968
- Sélection 8 : Small Faces "Grow Your Own" - DECCA Records (F12317) - 1966
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