Le Cercle Modernist

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Blastin' Blues 45's Libellus IV

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 - Chicago circa 1930 (Source : BM) -

 

 

Nous voici donc arrivé au IV opus du Blues 45's Libellus.

Rappelons que cette rubrique du Cercle Modernist est exclusivement dédiée à la musique Blues Afro-Américaine.

 Comme d'habitude, maintenant, nous débutons par une sélection de vinyles totalement consacré à ce style musicale.

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Vous remarquerez que nous avons, le plus souvent, une préférence pour le format vinyle en 45 Tours.

 Cependant, il n'est pas rare de voir, dans ce choix, des morceaux uniquement sortis en format 78 Tours.

En effet, n'oublions pas que cette rubrique ne se limite pas à un style précis (ni à une époque définie) de la musique Blues.

 

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- Logo du Blues Hall Of Fame à Memphis dans le Tennessee, U.S.A (Source : BHF) -

 

 

En abordant précisément des périodes dites plus Roots, les morceaux sont exclusivement sur des 78 tours (pour les originaux).

Rappelons, une nouvelle fois, que le format 33 tours va apparaître tardivement dans l'histoire du disque microsillon.

Plus clairement, c'est exactement en 1948 que les ingénieurs de la compagnie de disques COLUMBIA Records mettent au point ce tout nouveau format.

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Un format de disque microsillon 33 tours mesurant 17 cm (7 pouces) qui va remplacer progressivement le 78 tours, qui va disparaître à la fin des années 1950.

Au départ, en 1949, le format 45 tours (45 tours minutes) est inventé pour accompagner l'important marché des Juke-Boxes aux Etats-Unis.

C'est d'ailleurs l'utilisation pour les Juke-Boxes qui explique la présence du trou central dans le disque.

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Le trou central permet d'insérer le disque microsillon dans le mécanisme de cette merveilleuse et étonnante invention.

Pour la petite histoire, le tout premier Juke-Box apparaît aux Etats-Unis durant les années 1930 : il est lié à l'histoire de la musique Afro-Américaine.

En effet, le terme Juke-Box est dérivé du terme désignant les fameux BarDancing des quartiers Noirs : les Juke-Joints ...

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Après cette toute nouvelle sélection de dix galettes de grande qualité strictement consacrée au Blues,

suit l'habituel "Plus en Détail" qui est, cette fois, totalement dédiée à un grand Bluesmen, guitariste d'exception.

Un véritable virtuose qui va réellement façonner le son du Chicago Bluesaprès d'avoir parcouru le Delta du Mississippi.

 

 

 - Référence musicale 1 (en bas d'article) -

 

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- Encart publicitaire magazine "Casbox" en 1957 (SourceBMUS) -

 

 

- La sélection Pure Blues du "Cercle Modernist" -

 



 - Bo Diddley "Who Do You Love" - CHECKER Records (842) - 1956

- Howlin' Wolf "My Life" - CHESS Records (1649) - 1957

- Elmore James & His Broomdusters "Cry For" - CHIEF Records (7006) - 1957

- Billy Boy Arnold "Here's my picture" - VEE JAY Records (192) - 1956

- Jimmy Rodgers "Walking By Myself" - CHESS Records (1645) - 1956

- Junior Wells "Come On in This House" - PROFILE Records (4011) - 1960

- Eddie Taylor "Bigtown Playboy" - VEE JAY Records ( 78Tours / 185) - 1955

- John Brim & His Stompers "Tough Times" - PARROT Records (799) -1953

- Guitar Shorty "Irma Lee" - COBRA Records (5017) - 1957

- Muddy Waters "She's into Somethin" - CHESS Records (1733) - 1959

 

 

.... Plus en Détail ....

 

 

 

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 - Eddie Taylor en 1957 (Source : C&L) -

 

 

Eddie Taylor est indubitablement un Bluesmen guitariste de toute première importance.

Effectivement, ce talentueux guitariste va très largement contribuer a façonner le fameux et puissant son du Blues de Chicago.

Comme "Le Cercle Modernist" l'a très souvent souligné, la Windy City va jouer un rôle primordial dans l'évolution et la diffusion du Blues Afro-Américain.

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Cette évolution est désormais un fait très largement connu, mais ses racines sont malheureusement trop souvent limité à quelques sens commun.

L'influence d'Eddie Taylor est centrale, tout en étant singulière : ce guitariste fait partie des musiciens qui vont faire voyager le Blues traditionnel du Delta à Chicago.

Car, comme nous allons le constater, une longue et profonde expérience musicale de l'authentique et traditionnel Blues du Delta du Mississippi.

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va permettre à Eddie Taylor d'être un des principaux artisans du fameux son Shuffle Blues électrique de la ville de Chicago.

Eddie Taylor, née sous le nom d'Edward Taylor, voit le jour le 29 janvier 1923 dans la ville de Benoit, petite cité située dans le fin fond de l'état du Mississippi.

Très rapidement le jeune Eddie apprend lui-même à jouer de la guitare : c'est en écoutant le jeu des Bluesmen du Delta qu'il forge son tout premier style.

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C'est l'époque de la Race Music : les premiers grands maîtres de la musique Blues Afro-Américaine évoluent dans le terrible contexte de ségrégation raciale.

Les artistes, chanteurs et musiciens Afro-Américains, comme Memphis Minnie, Charley Patton et Robert Petway représentent brillamment cette génération.  

 •

Charley Palton et Robert Petway sont les musiciens préférés du jeune Eddie Taylor qui joue dans la plus pure tradition du Delta Blues

 

 

 - Référence musicale 3  (en bas d'article) -

 

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- Eddie Taylor circa 1970   (Source : BB) -

 

 

Durant cette première période (celle du Delta) Eddie Taylor joue très fréquemment dans différents Clubs et Bars.

Des lieux tous proches de la ville de Leland : petite ville justement situé dans le Delta de l'état du Mississippi, le véritable pays de la musique Blues.

C'est aussi durant cette période que Eddie Taylor rencontre et se lie d'amitié avec Jimmy Reed, autre très grand guitariste de Blues et véritable icone Modernist.

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Devenus des amis proches, les deux musiciens (accompagnés par Snooky Pryor et Floyd Jones) s'installent dans la ville de Chicago en 1949.

Cette installation dans la Windy City marque une deuxième période pour la carrière du jeune Eddie Taylor : sa carrière de musicien prend une nouvelle dimension.

Dès son arrivée dans la ville de Chicago, le jeune Eddy s'intègre rapidement dans l'importante communauté de musiciens originaires du Deep South.

 

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Eddie Taylor va obtenir son tout premier contrat auprès d'un établissement nommé le Jakey's Tavern, lors de cette prestation il accompagne Jimmy Lee Robinson.

Mais, c'est surtout avec son ami Jimmy Reed qu'il réussit à se faire rapidement brillamment remarquer dans la prolifique scène de la Windy City.

Rappelons, entre autres, que l'immense guitariste Freddy King, qui vient lui aussi d'arriver à Chicago, est déjà influencé par l'excellent jeu de guitare du jeune Eddie.

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Cette dernière précision permet d'apprécier, à sa juste valeur, l'immense apport musical d'Eddy Taylor pour l'ensemble de la musique Blues Afro-Américaine.

Même si Eddy Taylor n'enregistre son tout premier disque qu'en 1955 pour le label VEE-JAY ("Bad Boy" et "E.T BluesV-J 149) .

• 

il apparaît sur diverses séances d'enregistrement pour  Snooky Pryor, Elmore James et Homesick James durant le début des années 1950.

 

 

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- Logo Vee-Jay Records (Source :  )

 

 

 Au début des années 1950, Eddy Taylor va aussi jouer au sein de la petite, mais déjà prestigieuse, formation de John Lee Hooker.

Au passage, notons que le grand maître John Lee Hooker est déjà une figure centrale de la scène Blues à Chicago.

Les années précédant son premier enregistrement sont donc extrêmement riches et actives pour le musicien,

même si elle ne lui laisse pas réellement l'opportunité d'éclore plus personnellement et totalement.

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 Lorsque Eddie Taylor enregistre enfin son tout premier single dans les studios du label Vee-Jay,

il est déjà un musicien très largement connu et respecté au sein de l'importante scène musicale de la ville de Chicago.

Ne vous trompez pas en regardant l'apparente maigre discographie de single de ce grand guitariste de Blues !

En fait, il va passer le plus clair de son temps à jouer pour les autres dans les studios d'enregistrement.

 

 

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 - Encart publicitaire Vee-Jay Records en 1957(Source : CBM) - -

  

 

Finalement, Eddie Taylor ne va enregistrer que 4 singles (hors 78 Tours et albums) sous son nom propre durant sa carrière :

2 singles pour la compagnie Vee-Jay Records1 single pour la compagnie Vivid Records en 1964, puis un dernier E.P pour le label U.C.E.A, en 1970.

Le peu de succès rencontré auprès du public, malgré l'incontestable qualité de ses enregistrements (attention aux nombreux Bootleg...)

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va conforter Eddie Taylor dans son rôle de guitariste accompagnateur (au plus grand bénéfice de ses employeurs ...).

Notons, tout de même, que le tout premier single enregistré pour la compagnie de disques Vee-Jay Records par Eddie Taylor,

justement le "Bigtown Playboy" de notre sélection, va rencontrer un certain succès auprès du public de la Windy City.

 

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"Bigtown Playboy" possède cette puissance et cette force propre au Blues électrifié de la ville de Chicago durant les années 1950.

La profondeur du Swing de ce morceau rappelle incontestablement l'envoûtant et profond jeu de guitare d'Otis Rush ;

accompagné par un jeu d'harmonica dévastateur joué dans la plus pure tradition de l'école du Chicago Blues.

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 La passion de la musique et du Jazz est profondément ancrée dans l'esprit du jeune homme, tout comme dans les traditions familiales (Eddie Taylor va avoir 8 enfants !).

Il va, par exemple, rapidement apprendre à son plus jeune fils, Eddie Taylor Junior, la musique et la subtilité du jeu de guitare.

De plus, son beau-fils (Larry Taylor) va lui aussi devenir un musicien, et chanteur de Jazz, qui va entreprendre une carrière professionnelle.

 

 

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 - Lp "Master Of Modern Blues" Vol.3 196 (Source : 75 M.N.S) -

 

 

Pour finir, Vera Taylor, la femme d'Eddie, est elle même issue d'une famille de musicien Afro-Américain.

Effectivement, Vera Taylor est tout simplement la nièce du Bluesmen Eddy "Guitar" Burns et de Jimmy Burns.

Tout le long des années 1970 et 1980, Eddy Taylor va participer aux meilleures formations (comme The Aces) et enregistrements de la prolifique scène Blues de Chicago.

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Notons qu'il va enregistrer plusieurs sessions (dont le Lp "Ready For Eddie") en Angleterre pour le label Big Bear Records en 1975.

Tout comme l'album "The American Blues Legend 74' ", qui rappelle d'ailleurs son autre participation, sortie en 1967 cette fois,

"Master Of Modern Blues" (Volume 3) un excellent album enregistré à Chicago sur le label Testament Records.

 

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Tout au long de sa carrière de musicien Eddie Taylor va irréprochablement s'évertuer à perpétuer la tradition du Blues de Chicago.

Ses innombrables concerts, et autres longues séances d'enregistrement, vont user et épuiser son corps.

La rapide et étonnante disparition, d'Eddie Taylor, à l'âge de 62 ans, s'explique surement par cette vie pleine de labeur et de travail.

En effet, Eddie Taylor va disparaître, bien malheureusement, le jour même de Noël, le 25 décembre 1985 plus exactement.

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Mais, à la différence de beaucoup de Bluesmen disparus, tous également de grand renom,

Eddie Taylor va rapidement recevoir les hommages de la communauté musicale.

En effet, dès 1987 Eddie Taylor est accueilli au sein du fameux Blues Hall Of Fame (dont nous avons déjà parlé dans "Le Cercle Modernist") ;

liste honorifique de Bluesmen crée par la Blues Fondation Association de Memphis, dans l'état du Mississippi.

 

 

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 - Eddie Taylor en 1981 aux Pays-Bas en 1981 (Source : S.B) -

 

 

Au final, Eddie Taylor apparaît incontestablement comme une des véritables légendes du Blues urbain de la ville de Chicago.

Un Chicago Blues qui reste, toujours, un des types musicaux préférés au sein de notre culture Modernist.

Eddie Taylor, et son incomparable jeu de guitare, sont très souvent présent dans nos collections de vinyles.

Cet artiste d'exception, va littéralement ériger le rôle de Sideman Blues au rang de l'excellence.

 

 

 Alexandre Saillide-Ulysse 

 

75 M.N.S !

 

 

 

Sources :

 

- David Ausseil, Charles-Henry Contamine et Denis Chapoullie "La Route du Blues", Editions BARTHELEMY, Paris, 1995.

- Jacques Demètre et Marcel Chauvard "Voyage au Pays du Blues", Editions C.L.A.R.B, Paris, 1995.

- Gérard Herzhaff "John Lee Hooker", Edition du LIMON, Paris, 1991.

 

 

Références musicales :

 

- Sélection 1 : Bo Didley "Who Do You Love" - CHECKER Records (842) - 1957

- Sélection 2 : Eddie Taylor "Bigtown Playboy" - VEE JAY Records (1985) - 1955

- Sélection 3 : Eddie Taylor "Do You Want Me To Cry" - VIVID Records (104) - 1964

 



10/02/2017
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