Mose Allison (1927-2016)
- Mose Allison (Source : GTI/TLR) -
Mose Allison, est très certainement un des musiciens blancs les plus appréciés au sein de la culture Mod.
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Cette considération pour l'ensemble de l'immense oeuvre de Mose Allison ne se limite pas à une simple préférence musicale.
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La personne même de Mose Allison fait effectivement l'objet d'un véritable culte, d'un engouement Modernist tout particulier.
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Ce gentleman du Deep South, pourvu d'une élégante allure de Major de l'Armée des Indes, est un homme au caractère bien trempé.
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En effet, dès ses débuts Mose n'hésite pas à se glisser dans la peau d'un prisonnier Afro-Américain sur "Parchman Farm" en 1958.
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Au départ, en entendant uniquement sa voix, le public de Mose Allison s'imagine qu'il est d'origine Afro-Américaine !
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Le public n'arrivait pas à classer le style si spécifique (Jazz ou Blues ?) de ce musicien Américain blanc hors normes.
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C'est la marque spécifique de cet artiste d'exception : entre l'excellence de son jeu de piano, et une voix totalement inimitable !
- Référence musicale 1 (en bas d'article) -
- Ep U.K Mose Allison Trio sur Esquire Records en 1959 (Source : 75 M.N.S ®) -
Mose Allison, de son vrai nom Mose John Allison Jr, est un Bluesmen blanc originaire du Deep South des Etats-Unis.
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Mose John Allison Jr est né le 11 novembre 1927, près de la ville de Tippo dans l'état du Mississippi.
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La ville de Tippo, fait partie de la province de Tallahatchie dans le nord du Mississippi : c'est une petite et typique localité du Sud des Etats-Unis.
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Malgré son jeune âge, Mose Allison va devoir rapidement travailler, il ramasse donc du coton (omniprésent à Tippo) dans les champs de son grand-père.
La culture et l'industrie du coton donnent du travail à tous, c'est une industrie en plein essor aux Etats-Unis durant ces années 1920/1930.
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Le coton est une fibre végétale exploitée depuis l'Antiquité par toutes les civilisations, ses premières traces datent de plus de 7000 ans.
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Bien plus tard le coton va devenir une des matières reines du commerce international, présente sur les cinq continents.
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C'est au XVIIIe siècle, que le coton va jouer un rôle considérable dans l'essor et le développement de la Révolution Industrielle.
La Révolution Industrielle, part initialement d'Angleterre, introduit des inventions qui vont littéralement faire exploser la production du coton.
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Rappelons que c'est d'ailleurs avec le coton que seront fabriquées les toutes premières machines à filer durant la Révolution Industrielle.
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La première machine à filer, appelée la "Spinning Jenny" (car elle avait déjà plusieurs fuseaux) est effectivement inventée par James Hargreaves.
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Lorsque le jeune Mose Allison rejoint les champs de son père à Tippo pour commencer à gagner sa vie, le coton est encore la matière reine.
En effet, le coton est une fibre d'une qualité exceptionnelle (malheureusement de nos jours de plus en plus remplacée par des fibre synthétiques de piètre qualité).
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Tout en effectuant ce travail harassant de ramasseur de coton, Mose Allison commence son apprentissage de la musique dès l'âge de 5 ans !
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Son père va lui permettre d'apprendre à jouer du piano, en prenant des cours tout en s'initiant à la trompette à l'école.
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Très tôt, dès sa prime adolescence, Mose Allison commence à écrire ses premières compositions (il écrit son tout premier morceau à l'âge de 13 ans !).
- Référence musicale 2 (en bas d'article) -
- Lp de Mose Allison sur Prestige Records (7279) en 1963 (Source : 75 M.N.S ®) -
Mose Allison va donc passer ses premières années à travailler dans la ferme familiale auprès de son père à la tête de l'entreprise.
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Ce précoce apprentissage du travail n'empêche pas le jeune Mose d'acquérir de solides connaissances grâce à sa mère enseignante.
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Sa mère va en effet lui transmettre son amour pour la littérature, une passion qui va d'ailleurs considérablement influencer l'oeuvre du pianiste.
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Dès son plus jeune âge, Mose Allison est immédiatement attiré, et fasciné, par la musique Jazz et Blues Afro-Américaine.
Il va rapidement longuement s'exercer à imiter, et décortiquer, le jeu de ses idoles qu'il entend dans les Juke-Box (omniprésents à cette époque).
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Le tout jeune musicien écoute toute la journée Duke Ellington, Nat King Cole, ou Louis Amstrong qu'il apprécie tout particulièrement.
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Malgré sa brûlante passion pour la musique, Mose Allison doit néanmoins suivre les recommandations de ses parents et poursuivre ses études à l'université.
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Il donc va écouter ces sages recommandations en suivant avec assiduité un cursus à l'University Of Mississippi, et brillamment y obtenir une licence de chimie.
Après ce premier cursus universitaire, toujours en quête de nouvelles expériences, Mose Allison s'engage durant deux années pour l'U.S. Army.
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Cette période va quand même lui permettre de jouer du piano, et de la trompette, pour l'orchestre de son régiment à Colorado Springs.
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En 1947, après cette enrichissante expérience militaire, Mose Allison décide de retourner une nouvelle fois (!) s'instruire à l'université.
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Cette fois Mose s'inscrit dans la Louisiana State University, suit des cours de philosophie et obtient son diplôme.
Parallèlement à ses brillantes études, Mose joue toujours de la musique (le plus souvent du piano) dans différentes formations.
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C'est d'ailleurs au sein de ce milieu universitaire, très friand de Jazz et de Blues, qu'il effectue des prestations musicales.
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Mose Allison va jouer dans les nombreux Honky Tonk en parcourant d'innombrables kilomètres sur les routes de Louisiane et du Texas.
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Durant cette période, le jeune musicien joue auprès des meilleurs Bluesmen, comme Clarence Gatemouth Brown ou BB King.
- Le fameux Bop City Club à New York City en 1953 (Source : JM) -
C'est d'ailleurs lors d'une de ses nombreuses tournées de concerts que Mose Allison rencontre sa future épouse, madame Audre Mae.
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En 1951, Mose fait un premier passage à New York City, une mégalopole qui va fasciner et longuement inspirer le musicien.
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Le jeu de Mose se perfectionne sans cesse grâce à un travail acharné : son assiduité lors des séances d'enregistrement devient vite légendaire.
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Le musicien va très vite assimiler les différents styles de jeux de ses "maîtres musiciens" qu'il accompagne et son style devient vite irrésistible !
En 1956, lorsque Mose Allison décide de revenir s'installer à New York City, il découvre la frénétique scène Jazz de la Big Apple.
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Durant le milieu des années 1950, New York est effectivement devenu l'épicentre d'une nouvelle fièvre musicale : le Hard'Bop Jazz.
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Mose adhère à cette nouvelle vision musicale déclenchée par les virtuoses du Bop qu'il fréquente déjà depuis longtemps, comme Thelonious Monk.
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Tout comme ses maîtres, il veut "rénover" le Jazz en jouant une musique plus authentique et empreinte d'une profondeur qu'il retrouve dans le Blues.
- Référence musicale 3 (en bas d'article) -
- The Mose Allison Trio sur Columbia Records (41717) en 1960 (Source : 75 M.N.S ®) -
En s'installant à New York, Mose Allison profite de l'incroyable effervescence de la très riche scène Jazz de la ville.
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Dès son arrivée, il se produit dans les Clubs de la ville auprès d'artistes majeurs, comme Stan Getz ou le clarinettiste Gerry Mulligan.
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Tout comme les autres artistes de Jazz de son époque, Mose Allison voit cette musique se transformer grâce à de nouvelles expérimentations.
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Lui-même est friand de nouvelles sonorités, mais dés ses débuts il veut surtout imposer son propre style de jeu (qu'il maîtrise déjà parfaitement !).
Mose Allison va ainsi pouvoir profiter de l'incroyable qualité de la scène musicale de la Big Apple, riche de plusieurs écoles musicales :
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le Cool Swing de Nat King Cole et Errrol Garner, ou les nouvelles voies ouvertes par le génial pianiste Thelonious Monk prodige de sa génération.
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La carrière de Mose Allison démarre réellement en 1957 avec "Black Country Suite" son premier album pour le label Prestige Records (PRLP 7091).
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L'année suivante, en 1958, le jeune pianiste monte son propre groupe en créant The Mose Allison Trio, et fait ses débuts au fameux Café Bohemia à New York.
The Mose Allison est composé d'Addison Farmer à la basse, de Paul Motian à la batterie (qui sera rapidement connu) vite remplacé par le très doué Nick Stabulas.
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Mose va très vite séduire le public de connaisseurs de Jazz : le mélange de sa voix et du Swing implacable de son jeu de piano font merveille.
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Cet grand artiste blanc de Jazz, à la voix si caractéristique et profonde, crée et ouvre littéralement une nouvelle voie pour la musique.
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Ses chansons sont pleines d'humours, de sens, et de profondeur : il est déjà comparé au plus grands auteurs compositeurs de son temps.
Ses débuts pour l'écurie de Bob Weinstock, producteur et propriétaire de la compagnie Prestige Records, sont vite salués par de bonnes critiques.
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Créé par Bob Weinstock en 1949, et en premier lieu enregistré sous le nom "New Jazz", le label Prestige va devenir le fer de lance du Jazz.
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Mose Allison est rapidement suivit par un jeune public cosmopolite friand de nouveautés musicales, et fasciné par le son si particulier de sa voix.
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En 1957, il sort son second album,"Local Color" toujours pour Prestige (7221), avec son fameux morceau "Parchman Farm" (en titre 2 de la face A).
- Référence musicale 4 (en bas d'article) -
- Bukka White (1906-1977) late 6T's (Source : Gene Rosenthal /BM) -
Pour mémoire, "Parchman Farm" est directement inspiré du morceau de Blues Afro-Américain "Parchman Farm Blues".
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Un grand classique (disponible ci-dessus) interprété et composé par le grand Bukka White en 1940. grand spécialiste du fameux jeu de guitare "slide".
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Bukka White (1906-1977) est un Bluesmen Afro-Américain originaire du Delta du Mississippi, pour la petite histoire c'est un cousin de BB King.
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Dans son morceau Bukka White raconte son incarcération de plus de deux années, après sa condamnation pour participation à une fusillade.
Situé dans le Mississippi, ce centre pénitentiaire (justement appelé Parchman Fram) était connu pour être particulièrement sévère.
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Bukka White va donc enregistrer le morceau dés sa sortie de prison, dans des circonstances qui restent encore troubles...
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La version originale "Parchman Farm Blues" est une pure merveille : le morceau joué dans le plus pur style de Blues du Delta.
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Le rythme caractéristique de la guitare slide, accompagnée par la voix profonde de Bukka White, marquent l'esprit dès la toute première écoute.
Je tiens à souligner encore une fois l'importance des racines originales du Blues Afro-Américain au sein de la culture Modernist.
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De riches racines qui nous rappellent toujours l'importance de ces années fondatrices pour l'ensemble des générations Mod.
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Le choix de Mose Allison n'est pas fortuit car le pianiste est totalement imprégné de cette culture musicale Afro-Américaine.
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Plus encore même, sa culture musicale est profondément ancrée dans ce Deep South qu'il va largement parcourir durant ses années d'apprentissage musical.
Lorsque Mose Allison décide de reprendre ce morceau, il ne veut pas se limiter à reproduire simplement l'enregistrement original de Bukka White.
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Comme toujours, Mose Allison veut imprimer sa propre "marque de fabrique" : il s'inspire du morceau en changeant l'arrangement, et bien sûr les paroles.
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Encore une fois, la plume du compositeur/pianiste va faire merveille avec cette nouvelle version, qu'il va tout simplement intituler "Parchman Fram".
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Mose va incontestablement apporter une nouvelle dimension à ce fantastique morceau, tout en réintroduisant ce classique oublié du grand Bukka White.
- Référence musicale 5 (en bas d'article) -
- Mose Allison (Source : PR/JM) -
Si la carrière de Mose sera prolifique auprès du label Prestige, à son grand regret il ne gagnera pas suffisamment d'argent.
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Mose Allison quitte alors Prestige Records et signe immédiatement pour la prestigieuse et puissante compagnie Columbia Records.
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Cette riche compagnie de disques lui propose effectivement un contrat beaucoup plus avantageux sur le plan financier.
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La collaboration de Mose Allison avec Columbia Records va lui permettre d'effectuer de nombreuses séances d'enregistrement.
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Pourtant, Mose va s'opposer à la volonté commerciale du label qui veut le pousser à se diriger vers des sonorités plus pop.
Tout comme avec son précédent label, Mose Allison refuse catégoriquement de changer sa démarche musicale pour être soi disant plus populaire.
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Mose tient à garder ses propres racines musicales originaires du Deep South, et la force de son oeuvre explose déjà aux yeux de tous.
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La profondeur et l'intelligence de son message musical sont parfaitement relayées par la fausse nonchalance de sa voix suave.
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La dextérité de son jeu de piano, qu'il travaille toujours avec assiduité, lui permet d'effectuer de longues et remarquables prestations.
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Effectivement, lors de ses prestations en concert, Mose marque littéralement l'atmosphère par la force et la singularité de sa musique.
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- Publicité Atlantic Records (Source : AR/JM) -
La renommée de Mose Alisson va s'accroître lorsqu'il commence à accompagner ses morceaux de sa superbe voix (et de textes percutants !).
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Grâce à cette belle voix chaude, Mose Allison crée une ambiance intimiste qui le démarque nettement des autres musiciens de son époque.
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Son jeu de piano alterne les différents types de Swing avec une délicieuse nonchalance (en s'inspirant largement des rythmes BeBop).
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Mose Allison réussit grâce à la puissance et la spécificité de sa voix à retranscrire parfaitement l'esprit du Blues Afro-Américain.
N'oublions pas que Mose Allison va parfaire avec assiduité et persévérance l'excellence de son jeu du piano avant de se lancer dans le chant.
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Il suffit d'écouter la virtuosité de son jeu de piano dès 1957 (Mose à tout juste 30 ans) sur l'album "Black Country Side", pour s'en rendre compte.
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Dès ses premières compositions, les traits humoristiques de sa plume et la profondeur de ses textes caractérisent son oeuvre musicale.
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L'intelligence et la force de ses textes illustrent son riche backround culturel et littéraire acquis auprès de sa mère dès sa prime jeunesse.
- Sélection musicale 6 (en bas d'article) -
- Mose Allison sur Atlantic Records (5021) en 1962 (Source : 75 M.N.S ®) -
Mose Allison est également un artiste qui respecte ses "pères musicaux", soucieux de mettre en exergue ses racines musicales.
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Il ne manque jamais une occasion de citer, toujours avec un grand respect, ses préférences et références musicales.
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Le pianiste Bluesmen Tony Russell "Charles" Brown (1922-1999) fait incontestablement partie de son Panthéon musical personnel.
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Tony Russel "Charles" Brown est un Bluesmen (né au Texas) véritable virtuose du piano durant les années 1940/1950.
Tout comme Mose Allison, le jeune homme va recevoir une solide éducation musicale classique durant sa petite enfance.
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Plus tard, le jeune homme va également poursuivre un solide cursus universitaire jusqu'à l'obtention d'un diplôme de professeur de chimie.
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Encore une fois, l'image du "simple musicien" Afro-Américain est ici dépassée avec le parcours de Tony Russel "Charles" Brown.
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"Charles" Brown est incontestablement un chanteur/pianiste de grande exception, et c'est une des grandes voix du Texas Blues,
"Charles" Brown va évoluer dans l'incroyable bouillonnement musical de la fin des années 1940 (avec, entre autres, Roy Brown, ou l'immense Louis Jordan).
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J'insiste sur l'importante influence de Tony Russel "Charles" Brown sur Mose Allison pour deux raisons cruciales.
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Tout d'abord, c'est un "rappel volontaire", un véritable hommage, à cet artiste totalement exceptionnel.
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De plus, "Charles" Brown est un musicien à la "croisée des chemins" qui illustre parfaitement cette période de transition primordiale,
entre le Blues et le Rhythm'n'Blues Afro-Américain, caractéristique de la toute fin des années 1940 aux Etats-Unis.
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La grande influence de ces racines et son inspiration musicale, expliquent en grande partie la force et la profondeur du Swing de Mose Allison.
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Le phrasé et la puissance de sa voix rappellent effectivement les performances des meilleurs vocalistes Afro-Américains de Early R&B.
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Tout comme la richesse de son jeu de piano, elle aussi héritée des grands pionniers et précurseurs du Rhythm'n'Blues Afro-Américain.
- Sélection musicale 7 (en bas d'article) -
- Tony Russel "Charles" Brown circa 1947 (Source : IR/BM) -
Le style vocal unique de Mose Allison puise donc ses racines dans une période musicale d'une richesse exceptionnelle.
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D'autres grands artistes vont également influencer Mose, comme le grand chanteur (à la voix si caractéristique et feutrée !) Percy Mayfield (1920-1984).
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Au passage, il n'est pas inutile de rappeler que c'est Percy Mayfield qui composera et enregistrera (en 1960) la première version de "Hit The Road Jack".
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Pour la petite histoire, une année plus tard (1961) la reprise de Ray Charles & The Raelettes propulse le morceau de Percy Mayfield aux premières places.
Plus précisément, "Hit The Road Jack" par Ray Charles va atteindre tous les sommets dès sa sortie : comme le Top 10 du fameux du Billboard Hot 100.
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De nos jours, "Hit The Road Jack" est même considéré comme "un des plus grand morceau de tous les temps" par le magazine Rolling Stone.
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Entre la fin des années 1950 et le début des années 1960, Mose enregistre un nombre important de morceaux pour ses différents labels.
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Comme nous l'avons vu plus haut, Mose Allison rejoint la compagnie Columbia Records dés 1959, après son expérience au sein de Prestige Records.
Evidemment, il ne faut pas oublier son court mais efficace passage chez Epic Records, subdivision de CBS Records, entre 1959 et 1961.
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Mose Allison va sortir, entre autres, des studios d'enregistrement Epic le magnifique morceau "V-Ford Blues"(LA 16031).
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C'est d'ailleurs durant cette même période d'enregistrement pour Epic (à la fin de l'année 1959) qu'il signe son nouveau contrat pour Columbia Records.
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Sa toute première production pour la Columbia est issue d'une séance d'enregistrement effectuée en décembre 1959 avec le Mose Allison Trio.
Mais, c'est surtout avec Atlantic Records dès 1962 que Mose Allison trouve enfin une compagnie de disques totalement à sa mesure.
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Dès le mois de mars 1962 The Mose Allison Trio enregistre l'album "I don't worry About a Thing" (LP1389) dans les studios d'Atlantic Records.
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Toujours cette même année 1962, Mose sort un nouvel Lp ("Swinging Machine" LP 1398) avec le Mose Allison Quintet (avec Jim Knepper au trombone !).
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Dans le cadre de sa collaboration avec Atlantic Records, l'année 1965 reste l'une des plus prolifiques pour Mose Allison avec trois albums (dont un en public).
- de gauche à droite Carl Cobble, George Saran, Mose Allison, et Bill Takes en 1961 (Source : MWS) -
La collaboration entre Mose Allison et la compagnie de disques Atlantic Records sera très fructueuse pour les deux parties.
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Effectivement, durant ces années 1960 le succès de Mose Allison ne cesse de grandir et son style séduit un large public.
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L'oeuvre et le charisme de Mose Allison vont avoir une forte influence sur les jeunes musiciens blancs amateurs de Rhythm'n'Blues Afro-Américain.
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Les très nombreuses reprises de morceaux de Mose Allison illustrent parfaitement l'engouement de cette nouvelle génération de musiciens.
John Mayall, Georgie Fame, les Yardbirds les Kinks, ou bien plus tard The Clash ... la liste des reprises de Mose Allison est impressionnante !
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L'incroyable qualité des prestations scéniques de Mose Allison, lors de ses concerts en Angleterre et en Europe continentale,
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va largement contribuer à établir une réputation de pianiste et de chanteur d'exception auprès d'un vaste public.
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La singularité de son timbre de voix et l'excellence de ses compositions textuelles, accompagnées au piano, vont marquer toute une génération.
- Affiche 1973 (Source : JM) -
La grande constance de son travail, tout au long de sa longue carrière, est une autre particularité de cet artiste de premier ordre.
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Mose Allison va continuer à enregistrer ses albums, tout en se produisant régulièrement sur scène, durant de nombreuses années.
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Mose crée, avant tout, pour exprimer son profond sens artistique : le succès n'est pas l'objectif principal de sa démarche musicale.
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Dès la fin des années 1970 (et jusqu'à sa disparition) Mose Allison va régulièrement jouer au Pizza Express Club Jazz à Londres.
Le prestigieux label Blue Note va d'ailleurs saisir ces moments d'exceptions au Pizza Express Jazz Club, en sortant un album en 1987.
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Notons, au passage, que Mose Allison à 60 ans lorsqu'il signe son contrat pour le légendaire label de Jazz de New York City.
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Il avait déjà pensé enregistrer directement pour Blue Note, mais son contrat pour Atlantic Records ne lui permettait cet engagement.
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Mose Allison sortira son tout dernier album en 2009 (à 82 ans !!) pour la compagnie Anti Records, en l'enregistrant en Californie.
- Référence musicale 8 (en bas d'article) -
- Monsieur Mose Allison en 2002 (Source : M.W/MWS) -
Après plusieurs nominations au Grammy Awards, il est récompensé en 2013 par le très prestigieux prix du NEA Art Jazz Master.
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Lors de la cérémonie aux Etats-Unis, il joue (à 86 ans !) accompagné de sa fille Amy (avec qui il enregistrera).
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Lorsqu'il meurt subitement le 15 novembre 2016 à 89 ans de cause naturelle, à son domicile en Caroline du Sud,
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Mose Allison laisse dans le deuil et le regret, sa très chère épouse éplorée Audre Mae, avec ses quatre enfants.
Si Mose Allison était incontestablement un immense artiste, il était aussi un époux et un père extrêmement attentionné.
Comme je l'ai souligné dès le tout début de cet article, Mose Allison tient une place vraiment particulière au sein de la culture Mod.
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La véritable flamme pour cette stature Modernist est clairement le reflet de sa grande influence musicale, et spirituelle, dans le temps.
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Aux prémices de ce XXI siècle, l'oeuvre de Mose Allison apparaît comme une précieuse parenthèse nostalgique et enchantée.
Alexandre Saillide - Ulysse
75 M.N.S ®
Sources :
- Gérard Montarlot "Le Jazz et ses musiciens", éditions Hachette, Paris, 1963
- Lucien Malson "Histoire du Jazz", éditions Seuil-Solfèges, Paris, 1976 (mise à jour 1994)
- Richard Cook "Encyclopédie du Jazz", éditions Penguin Books, Londres, 2005
- Joachin-Ernst Berendt "Le grand livre du Jazz", éditions Du Rocher, Paris, 1995
- divers magazines (Jazz Magazine, Jazz Wax, Soul Bag et Blues Unlimited)
- Site Web Officiel de Mose Allison.
Références musicales :
- Sélection 1 : Mose Allison "Parchman Farm" - Prestige Records (130) - 1958
- Sélection 2 : Mose Allison "The Seventh Son" - Prestige Records (150) - 1959
- Sélection 3 : The Mose Allison Trio "Baby Please Don't Go" - Columbia Records (41717) - 1960
- Sélection 4 : Bukka White "Parchman Farm Blues" - Columbia Records (C300036) - 1970**
- Sélection 5 : Mose Allison "I'm not Talking" - Prestige Records (7279) - 1963
- Sélection 6 : Mose Allison "You Mind Is On Vacation" Atlantic Records/ Jazz Series (5021) - 1962
- Sélection 7 : Charles Brown "Drifting Blues" - Imperial Records (5905) - 1963 ***
- Sélection 8 : Mose Allison " My Brain" - Anti Records (87059) - 2009
** Enregistrement original sur 78 Tours sur Okeh Records en 1940
*** Enregistrement original en 78 Tours sur Philo Records en 1945.
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