Le Cercle Modernist

 

 - Miles Davis et Boris Vian à Paris en 1950  (Source : BNF) -

 

Des Zazous dans le Cercle Modernist ? Le choix d'insérer cet article dans la rubrique "Real Modernist Art" n'est pas fortuit. Effectivement, nous allons voir que les Zazous représentent une référence fondatrice indispensable pour la véritable culture Modernist Hexagonale.

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Tout d'abord, je précise que cet article fait suite à une première approche du mouvement "Zazou", parue en 2017. Cet édition remaniée, vous propose de revenir plus précisément sur les éléments qui relient le mouvement Zazou à l'authentique culture Modernist.

 

 

Une comparaison "toute proportion gardée" au regard de la période dangereuse dans laquelle va évoluer le mouvement Zazou. Néanmoins, la récente détérioration de la situation internationale, peut nous aider à mieux comprendre la force de l'engagement précurseur Humaniste

de cette jeune génération Zazou.

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Enfin, nous voulons rappeler, avec force, que le mouvement Zazou est indissociablement lié à la musique Jazz. Une très riche culture musicale Afro-Américaine qui va séduire une partie de la jeunesse française :

"Car sans le Jazz, il n’y a pas de Swing et sans Swing, pas de Zazous !"

 

- Référence musicale 1 (en bas d'article) -

 

- Le Café de Flore en 1942 à Paris (Source : ETR) -

 

"Un peu plus tard passèrent les jeunes gens du Faubourg, cheveux laqués et cravate rouge, le veston très cintré, avec une pochette brodée et des souliers à bouts carrés "

Albert Camus "L'étranger" 1942

Zazou Jazz Avant-Garde

C'est l'histoire d'une génération de jeunes gens éclot pendant l'occupation Nazie de la France entre 1940 et 1944. D'abord connue sous le nom de "jeunesse Swing", ou de "Petit Swing", cette nouvelle génération est vite connue, et reconnue, sous le désormais célèbre nom des Zazous !

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L'origine du mot viendrait de l'onomatopée "Zé" (Zazou), processus utilisé dans le "Scat", forme de Jazz vocal en forme de jeu d'onomatopée. Le lien entre ce mouvement novateur, et la musique du "Nouveau Monde", est donc ancrée dés le départ. D'ailleurs, l'autre théorie étymologique reste dans cette même optique : elle attribue plutôt l'origine à Cab Calloway, avec son fabuleux morceau "Zah Zuh Zah". 

 

 

La théorie du "Scat" se serait d'abord propagée par le biais du chanteur Freddie Taylor. C'est même ce dernier qui aurait, également, importé en France la mode vestimentaire des Dandys Noirs. Une mode provenant directement de la culture urbaine et de l'Harlem Renaissance aux Etats-Unis.

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Le terme de Zazou est utilisé la toute première fois en France en 1938 dans la chanson interprétée par Johnny Hess "Je suis swing" dont le refrain : "je suis swing, je suis swing, zazou, zazou, zazou zazou" est devenu légendaire (affiche ci-dessous). Un refrain venant justement de l'immense Cab Calloway comme précisé auparavant.

 

- Référence musicale 2  (en bas d'article) - 

  

- Affiche Publicitaire Johnny Hess circa 1938 (Source : J.M) -

 

Les Zazous étaient des jeunes anti conformistes adeptes de musique Swing américaine. Ils avaient également repris le code vestimentaire des "Zoots", dont faisait justement partie Cab Calloway. Né dans les années 1930, le phénomène "Zoot" se développe dans les communautés noires et mexicaines qui refusant d’afficher leur condition miséreuse, s’habillaient "comme des Lords".

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Ces Zoots sont de véritables Dandys urbains. Il arboraient de grand manteau à drapés, épaulettes renforcées, chaussures bicolores, chapeau pork pie, cheveux déteints à l’ammoniac, pantalon bouffant et étroit aux chevilles, et "Yard Chain" cet à dire une chaîne de montre d’1 mètre de long ! De très nombreux jeunes Afro-Américains vont adopter ce style, comme Malcom Little, plus connu (voir ci-dessous) comme Malcolm X (1925/1965).

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Ce sont des émeutes raciales qui vont faire connaître les Zoots et leur donner une réputation sulfureuse. Effectivement, une série d’affrontements violents se déroulent à Los Angeles en juin 1943. Des foules de militaires américains, de policiers et de civils hors service se sont battues avec de jeunes Latinos et d’autres minorités à Los Angeles en juin 1943.

 

 

Au delà de l'influence de la musique Jazz Afro-Américaine, c'est aussi une culture issue des minorités aux Etats-Unis d'Amérique qui va donc inspirer et influencer le mouvement Zazou. Les deux mouvements vont utiliser la musique comme un moyen de revendication et de luttes.

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En plus d'être de vrais amateurs passionnés de Jazz et de culture Afro-Américaine,

ces jeunes gens sont également totalement férus de mode vestimentaire. Avant de nous plonger dans l'histoire à proprement parler de ces Zazous, nous allons nous intéresser à l'étymologie de ce terme qui peut apparaître curieux à la première écoute.

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Une étymologie sujet à polémiques. Comme précisé auparavant, ces jeunes gens aux comportements novateurs, et souvent dérangeants, sont tout d'abord appelés les "Petits Swings", ou plus simplement les "Swings". Mais, très vite  le terme "Zazou" est préféré et employé pour désigner ce groupe distinctif issu du morceau "Zah Zuh Zah"

chanté par Cab Calloway.

 

- Référence musicale 3 (en bas d'article) -

 

- Malcolm X durant les années 1940 (Source : NH) -

 

Car, comme nous le rappellerons avec récurrence, les Zazous sont de véritables passionnés de  Swing Jazz. Avec le début de la guerre, la France se prend d'une véritable passion frénétique pour le Jazz, que ce soit en province ou à Paris, les salles de danse et autre caves, surtout dans la capitale, se remplissent de jeunes gens.

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C'est bien l'époque des "Petits Swing" et des "Swing", et le roi du Swing c'est Johnny Hess à Paris durant cette période. Johnny Hess n'est pas un inconnu, c'est le "premier" musicien du maestro Charles Trenet. Il est l'auteur du titre "Je suis Swing" et de "Je suis Zazou", Johnny Hess va composer avec Charles Trenet de nombreux succès. Beaucoup ont oublié cette période, mais le Swing était alors omniprésent !

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Le Swing est dans le vent, toute chanson ou film sortant à l'époque se doit de mentionner le terme Swing. La jeunesse a besoin de se divertir, le prix des disques

78 Tours explose sur le marché noir ! Car, le mouvement Zazou va évoluer dans cette France défaite et occupée par l'armée nazie.

 

 

Il est donc primordial de nous arrêter un instant sur la spécificité de cette période sombre. Cette jeunesse rebelle est pourtant sous le terrible joug des collaborateurs et de leurs idées d'ordre. Être Zazou c'est faire parti d'un mouvement de révolte contre le régime en court. Ils vont d'ailleurs être la cible de l'idéologie raciste et totalitaire du régime de Vichy. Dès 1942, le régime réactionnaire et ses sbires désignent les Zazous comme des cibles prioritaires.

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Les Zazous vont être victimes de tabassages et d'autres brimades, ils deviennent l'ennemi numéro 1 de cette jeunesse collaborationniste. L'affiche présentée ci-dessus illustre parfaitement cette situation vécue par les Zazous. Parmi les plus zélés, le Mouvement de jeunesse du Parti Populaire Français, dirigé par l'ultra collaborationniste Jacques Doriot, qui va pousser ses troupes à  traquer et "scalper les Zazous !" 

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La police et la Préfecture vont intensifier cette traque en multipliant les rafles et les arrestations. Cette situation va porter un coup au mouvement Zazou qui va devenir plus clandestin et se cacher dans les caves. Néanmoins, l'émulation va vite revenir, après la Libération et les jours meilleurs, avec le Jazz dans les caves de Saint Germain des Prés. Mais, revenons maintenant plus précisément sur le "début de l'aventure" des Zazous en France.

 

- Référence musicale 4 (en bas d'article) -

 

 - Affiche de propagande du P.P.F en 1942 (Source : H.M) -

 

Avant la dégradation de la situation, le mouvement Zazou avait réussi à s'épanouir en France malgré l'occupation Allemande. En effet, la musique Jazz ne va pas être interdite par l'occupant. Certes, pour les nazis le Jazz est "une musique décadente nègre et juive", elle représente tout ce que le Reich ne veut pas. D'ailleurs, le Jazz est interdit en Allemagne et dans tous les pays qu'elle conquiert, notons, au passage, que l'Alsace Lorraine va également connaître cette interdiction.

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Bien au contraire, et même d'une façon plus accrue comparativement à l'avant guerre, la France, et surtout Paris, connait une très forte activité des salles de spectacles, restaurants, ou autres Bars de nuit : des lieux ou le Jazz est omniprésent. La ville de Paris est ainsi devenue une des grandes capitales du Jazz dans le Monde. 

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Même le "Gitan", fantastique guitariste, Django Reinhardt est autorisé à habiter et vivre de son art dan des Etats-Unis, une musique qui fascine et électrise toute une génération. C'est en camouflant la musique Jazz sous des titres bien français, que le Hot Club de France va largement contribuer à ce phénomène.

 

 

Le secrétaire général du Hot Club de France, monsieur Charles Delaunay, va organiser le premier Festival de Jazz sous l'occupation. En faisant changer les titres en français, le "Saint Louis Blues" devient ainsi la "Tristesse de Saint Louis", il permet au Jazz de passer à travers la censure Allemande, même après l'entrée des Etats-Unis directement contre l'Allemagne ! Le Swing va pouvoir ainsi continuer son aventure sans encombres en France !

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Même si la musique Swing est autorisée, le comportement de ses plus fervents défenseurs, les Zazous, est lui très vite dénoncé. Le Zazou est reconnaissable, son aspect vestimentaire est d'ailleurs une de ses principales caractéristiques. Il est facile de trouver ces jeunes gens en pantalon à carreaux dans les bars de

 Saint Germain des Prés, ou des Champs Elysées.

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Les motifs à carreaux sont en effet une des grandes préférences des Zazous dans le domaine vestimentaire. Les pantalons sont étroits et courts ("à la Tintin"), ils s'arrêtent à la cheville, avec des chaussures épaisses à semelles compensées. Ils apprécient particulièrement les chemises américaines, portées avec des cravates étroites ajustées par des épingles.

 

 - Référence musicale 5 (en bas d'article) -

 

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- Caricature de Ralph Soupault parue dans Jeunesse en 1942 (Source : BNF) -

 

La particularité vestimentaire des Zazous est surtout marquée par le port de la veste et du manteau. Ils adorent les vestes longues à motifs, attitude vestimentaire provocante, au regard du rationnement touchant tout autant la nourriture que les vêtements !

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La coupe de cheveux des Zazous est également une provocation par rapport à la mode imposée par ce régime réactionnaire. Un décret de 1942 oblige, par exemple, de porter des cheveux courts pour la récupération de ces derniers après le passage chez le coiffeur. Les cheveux sont brillantinés et longs, très travaillés,

à la "mode d' Hollywood".

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C'est la même chose pour les filles qui arborent des cheveux qui tombent sur les épaules, la couleur blonde est le plus souvent mise. C'est là aussi la mode des Stars américaines, avec le rouge à lèvre rouge voyant et de grande lunettes de soleil. Les jupes sont plissées, et s'arrêtent au-dessus du genou, avec des chaussures hautes et épaisses.

 

 

L'accessoire typiquement Zazou est le parapluie. Un parapluie qu'il n'ouvre jamais qu'il pleuve ou qu'il neige ! Encore un petit détail particulièrement amusant, qui nous rappelle justement le courant port du parapluie (unmbrella) par les Mods. En 1942/1943, il est facile de rencontrer ces jeunes gens parés de leurs fameux parapluies sur les Grands Boulevards à Paris.

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Les Zazous sont même connus dans la capitale pour organiser des "monômes" comptant plusieurs centaines de participants. Le "monôme" est une forme de procession, un cortège, formé par des étudiants. C'est une tradition qui voit le jour en France, à la fin du XIXe siècle, surtout au sein de certaines confréries étudiantes.

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Ce "monôme" est une manifestation qui doit faire du bruit : les étudiants sont habillés pour l'occasion, ils se tiennent la main ou l'épaule et chantent à tue tête ! C'est une tradition qui va disparaître, après son interdiction par la Préfecture de Police de Paris, durant les événements de Mai 1968. 

 

- Référence musicale 6 (en bas d'article) -

 

 - Swinger's à Paris circa 1940 (Source : J.M) -

 

Cette attitude est volontairement provocatrice et contestataire, ils passent leur temps à refaire le monde dans les cafés ou les cinémas. C'est une provocation gratuite, spontanée et parfois extrêmement dangereuse des Zazous. Ce "monôme" est une manifestation qui doit faire du bruit : les étudiants sont habillés pour l'occasion, ils se tiennent la main ou l'épaule et chantent à tue tête !

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C'est une tradition qui va disparaître, après son interdiction par la Préfecture de Police de Paris durant les événements de Mai 1968. Cette attitude est volontairement provocatrice et contestataire, ils passent leur temps à refaire le monde dans les cafés ou les cinémas. C'est une provocation gratuite, spontanée et parfois extrêmement dangereuse des Zazous.

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Certains vont même aller jusqu'au port de l'étoile jaune, avec marqué dessus "Zazou" ou "Swing" ! Une attitude héroïque, quoique suicidaire, au regard de la violence des occupants : beaucoup de Zazous vont malheureusement finir à Drancy, avant d'être déporté dans les camps de la mort du régime nazi.

 

 

Les Zazous qui ne partent pas en déportation sont fichés par la police de Vichy comme "ami des juifs", un véritable honneur. D'ailleurs, certains de ces jeunes gens courageux vont être envoyés par les autorités d'occupation faire des travaux, comme des moissons, faute de pouvoir justifier d'une activité professionnelle.

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Comme nous l'avons souligné au début de notre article, cette répression, orchestrée par le pouvoir en place, va aller crescendo. Entre 1940 et 1943, la presse française publie plus de 100 articles ouvertement "anti-Zazous"! Malgré cette chasse, le Zazou est bien omniprésent dans les rues de Paris !

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Le Zazou est partout chez lui à Paris : dans les terrasses des grands cafés, comme le Pam Pam sur les Champs-Elysées, ou dans le Quartier Latin. Il est aussi

chez lui dans le Bois de Boulogne pour faire des promenades, ou même

encore dans les nombreuses caves de la Rive Gauche, pour pouvoir

écouter en sécurité et en secret le Jazz tant apprécié.

 

- Référence musicale 7  (en bas d'article) -

 

 

- Etoile portée par les Zazous durant l'occupation en 1942 (Source : J.M) -

 

Le Jazz est une musique que la France va découvrir très tôt grâce aux grands orchestres accompagnant les troupes de l'U.S Army. De nombreux orchestres vont en effet parcourir l'Hexagone en suivant les armées américaines, certains vont même devenir très célèbres auprès des populations autochtones. N'oublions pas que les soldats Noirs composent 10% des 4 millions de soldats volontaires américains.

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Nous avions déjà abordé l'incroyable "aventure" de certains de ces soldats Noirs venus combattre les nazis en Europe. Comme l'incroyable James Reese Europe, surnommé "Jim Europe" (voir la photo ci-dessus), qui avait particulièrement attiré notre attention. James Reese Europe est un chef d'orchestre talentueux originaire de Harlem à New York City.

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Il est le créateur du Clef Club en 1910, club connu bien plus tard sous le nom de Tempo Club. Le Tempo Club est à la fois un orchestre, une salle de concert, et surtout, une bourse du travail pour les musiciens Afro-Américains de New York City. Son club est le premier lieu festif qui voit se mélanger l'élite de la classe blanche WASP et l'élite de la communauté Afro-Américaine.

 

 

De plus, Jim Europe serait l'inventeur du  "One Step", pas de danse spécifique associé au "Fox Trot". Signalons, au passage, que pour certains c'est plutôt le compositeur W.C Handy qui serait à l'origine de ce pas de danse, querelle de spécialistes. Jim Europe va donc s'engager dans l'U.S Army pour combattre en Europe en 1916.

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Il va, à partir de cette date, travailler d'arrache pieds pour proposer chaque soir des concerts , et même plus certains jours. Jim va jouer à l'Opéra de Nantes en 1917, puis au Théâtre des Champs Elysées en 1918. Il va récolter la gratitude et le succès, de plus les troupes peuvent grâce à ses fantastiques concerts fuir un instant ces temps de guerre éprouvants.

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Cette histoire attachante illustre les liens, multiples, tissés entre la musique Jazz et le pays des Droits de l'Homme. Une histoire qui va se poursuivre dés la fin de la Première Guerre Mondiale, en 1918, avec l'installation de nombreux de ces combattants/musiciens Noirs à Paris. Cette présence de musiciens de Jazz en France va donc clairement influencer l'éclosion du phénomène Zazou.

 

 - Référence musicale 8 (en bas d'article) -

 

- James Reeese "Jim Europe" en 1918 (Source : J.M) -

 

Le mouvement Zazou n'est pas à proprement parler "Existentialiste". Néanmoins, son attitude exacerbée, et de nombreuses études / citations, les lient très souvent, et trop rapidement. Il est vrai que certaines attitudes peuvent laisser penser à une nouvelle forme d'affirmation radicale de l'identité. 

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Néanmoins, il y à bien un lien de "passage" entre les Zazous et l'Existentialisme ;

au même titre que celui établit entre le film "Les Tricheurs" / la Nouvelle Vague

et les Zazous. Un lien presque invisible pour le néophyte, malgré la force de son message. Pourtant bien visible pour les initiés. 

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Car, le Zazou veut lui aussi, tout comme le postulat existentialiste, être l'acteur de sa propre vie en luttant contre la prédestination du conformisme et des idéologies.

 Le travail de Boris Vian (1920 - 1959) est justement remplie de cette nouvelle force d' envie. Une nouvelle envie de liberté et d'ouverture, insufflée et propagée, en partie, par "l'avant-garde Zazou" !

 

- Référence musicale 9 (en bas d'article) -

 

 

 - Boris Vian en 1939 (Source : H.C.F) -

 

Même si Boris Vian n'est pas un pur existentialiste, il va contribuer, entre autres, à la revue les Temps Modernes de Jean Paul Sartre (1905/1980). Monsieur Boris Vian va surtout être un ardent défenseur de le culture Afro-Américaine à travers sa grande passion pour le Jazz. L'écrivain va jouer de la musique Jazz avec talent dés 1937 avec le Hot Club de France, comme avec "Jazz à Paris".

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Boris Vian va également produire un grand nombre d'émissions radiophoniques consacrées au Jazz. Durant l'occupation, malgré l'occupant, il fréquente le milieu du Jazz. Mais, ce n'est que plus tard, après la Libération, qu'il va commence a fréquenter réellement les Zazous.

 

 

L'oeuvre de Boris Vian est imprégnée de la fréquentation assidue des caveaux de Saint Germain des Prés. Michelle Vian, la première épouse de Boris Vian raconte bien cette époque "Les Zazous portaient le costume Anglais de l'époque, qui rappelle celui qu'ont porté plus tard les Mods ..." 

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L'objectif n'est pas de faire ici un "catalogue" de l'Existentialisme. La compréhension

du phénomène Zazou exigeait impérativement cette digression. 

Comment d'ailleurs ne pas revenir un instant sur le phénomène

de la musique Swing qui va accompagner les Zazous.

 

- Référence musicale 10 (en bas d'article) -

 

 - Dessin "Zazous" (Source : UFAC) -

 

Même si le but n'est pas de faire ici un "catalogue" de l'Existentialisme, compréhension de phénomène Zazou exigeait impérativement cette digression. Comment d'ailleurs ne pas revenir un instant sur le phénomène de la musique Swing qui va accompagner et soutenir les Zazous.

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Le Swing est une véritable passion pour les français, c'est Johnny Hess, comme nous l'avions souligné au début, qui va être la grande star de cette musique, avec son ami et partenaire de chant Charles Trenet. En quittant ce dernier, Johnny Hess va se lancer, avec beaucoup de succès, dans une carrière solo. C'est même sa chanson "Je suis Swing", en 1938, qui va rendre populaire le terme "Zazou".

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C'est durant la même période qu'il ouvre son propre cabaret, "Le Jimmy's", qui devient vite un des repères préférés des Zazous. En 1941, l'orchestre "Jazz à Paris" se produit dans les cabarets et clubs de la capitale. Cette même année, le compositeur et chef d'orchestre Robert Bergmann va fonder et diriger l'Orchestre Symphonique de Jazz de Paris. Le théâtre est lui aussi touché par cette véritable "fièvre Zazou" : le Théâtre du Gymnase rejoue la pièce "Jazz".

 

 

Cette pièce écrite par Marcel Pagnol (1895- 1974) avait eu un succès relatif durant les "années folles" (affiche ci-dessous), elle va ainsi retrouver une nouvelle vie ! Quelques mois plus tard, en février 1942, un énorme "Festival Swing" à lieu dans la salle

Pleyl, toutes les grandes vedettes du Swing sont présentes.

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Une situation presque "Kafkaïenne", au regard de cette exposition mettant en avant le Jazz Swing, alors qu'en même temps le régime de Vichy prépare les décrets qui vont être promulgués par l'Etat contre les Zazous. Des Zazous qui vont donc être de véritables précurseurs ; des pionniers qui vont ouvrir la voie à toute une culture urbaine, puis Underground.

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Dés la Libération, cette nouvelle culture "explose" littéralement dans les salles de danses et les caves de Paris à Saint Germain des Prés. Quelques années plus tard, les jeunes cinéastes de la Nouvelle Vague, à la fin des années 1950, vont aussi perpétrer ces traditions héritées des Zazous.

 

- Référence musicale 11 (en bas d'article) -

 

- Affiche représentation de la pièce "Jazz" de Marcel Pagnol en 1926 au Théâtre des Arts à Paris (Source : J.M) - 

 

Après la lecture de cette approche, un lien entre le phénomène Zazou et la culture Mod semble évident. Ce lien ne se limite pas uniquement

à la citation de Michelle Vian. En effet, malgré 40 années

de distance, c'est indéniablement une même intense

volonté de liberté, et de progressisme,

qui animent avec passion la jeunesse

Zazou et Modernist.

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Pourtant, il apparaît que notre scène Mod en 2023 manque de jeunesse et de renouvellement. Un nouvelle Renaissance Modernist est nécessaire pour revivifier notre mouvement. Effectivement, excepté quelques rares initiatives à soutenir activement, cette dernière demeure en partie "vivante" grâce à l'activité incessante et militante de "Mods vieillissants", comme votre fidèle serviteur.

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Incontestablement, notre scène Mod a donc un un besoin vital de jeunesse,

c'est pourquoi notre club Paris 75 M.N.S® Le Cercle Modernist a pris la décision de réserver ses invitations en 2023/2024 aux meilleurs jeunes  Mod'Operators.. "Come'On Mod Young Blood !"      

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Certes, comme nous l'avons déjà souligné les époques sont différentes,

 même si les récents événements internationaux nous démontrent cruellement que rien n'est acquis. Face à l'adversité,

les Zazous vont garder fièrement la  "tête haute". 

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L'histoire des Zazous restent pour nous Modernists Français une référence, un exemple a respecter. Les Zazous nous ont légué un 

héritage qu'il est primordial de préserver, cultiver, et diffuser.

Un puissant et éternel message de liberté et de fraternité,

face à la frénésie, et à l'obscurantisme rampant.

 

Alexandre Saillide-Ulysse.

75 M.N.S®

 

 

Sources :

 

- Jean Claude Loiseau "Les Zazous"

éditions Le Sagittaire, Paris, 1977

 

- Sandro Cassati "Charles Trenet : une vie enchantée"

éditions City, Paris, 2011

 

- Philippe Boggio "Boris Vian"

éditions Le Livre de Poche, Paris, 1995

 

- Anne Legrand "Charles Delaunay et Jazz en France 1930-1940"

éditions du Layeur, Paris (1er édition 2006) 2010.

 

Références musicales : 

- Sélection 1 : Cab Calloway "Zaz Zuh Zaz" 

 Columbia Records (2024/78T) - 1933

 

 - Sélection 2 : Johnny Hess  "Ils sont Zazous" dans  "Les Zazous 1940-1945" - Pathé Records (153689/2 LP) 1979  /

Enregistrement original Rythm Records (2137 /78 Tours)  - 1942

 

 - Sélection 3 : Duke Ellington  "C Jam Blues"

Storyville Records (1089/78T) - 1942

 

- Sélection 4 : Charles Trenet "Swing Troubadour" dans "Génération Zazou" - Warner Records - 2017 /

Enregistrement original Columbia Records (2838/78T) - 1941

 

- Sélection 5 : Johnny Hess "Ils Sont Zazous" dans "Les Zazous 1940-1945" - Pathé Records (153689/2 LP) 1979  /

Enregistrement original Pathé Records (2077/78T) - 1942

 

- Sélection 6 : Benny Goodman Quartet "Running Wild" dans "Swing Jazz" - Wagram Records (8807) 2015 /

Enregistrement original Rca Records (78T) - 1937

 

- Sélection 7 : Lionel Hampton "Flying Home" dans "Swing Jazz" Wagram Records (8807) 2015 /

Enregistrement original Decca Records - 1942

 

- Sélection 8 : Jim Europe & 369th Infantry Hell's Figthers Band

 "Menphis Blues" - I.N.A -  1917

 

- Sélection  9 : Boris Vian "Je suis Snob" dans "Génération Zazou" -Warner Records - 2017 /

Enregistrement original Polygram Records (10089) - 1954

 

 - Sélection 10 : Charles Trenet "La Poule Zazou" dans  "Les Zazous 1940-1945" - Pathé Records (153689/2 LP) 1979  /

Enregistrement original Rythme Records (5042) - 1942 

 

- Sélection 11 : Django Reinhardt & Quintette Du Hot Club De France

"Swing de Paris" - Vogue Records (EP7068) - 1955