Elmon Mickle (1919 - 1977)
- Elmon Mickle circa 1954 (Source : M. Leadbitter & D. Stolper)
Elmon Mickle, plus connu par ses surnoms de Model "T" Slim et de "Driftin' Slim", est un grand artiste musicien de Blues Afro-Américain malencontreusement peu connu par le grand public. Il bénéficie pourtant d'une aura légendaire auprès des spécialistes et passionnés de Pure'Blues.
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Elmon Mickle est particulièrement révéré et écouté par les Mods, c'est d'ailleurs en partie grâce au British Blues qu'il va être redécouvert. L'écoute attentive de ce Bluesmen permet de comprendre la puissance et l'originalité de l'oeuvre musicale qu'il nous lègue.
Un musicien forgé par un apprentissage musical puisé dans racines de la musique Afro-Américaine auprès des deux plus grands harmonicistes de Blues : John Lee Williamson (1914-1948) dit "Sonny Boy I ", et Aleck Miller (1899*- 1965) dit "Sonny Boy II Williamson".
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Plongeons nous dés maintenant dans la riche et trépidante existence de Model "T" Slim, ce très grand Bluesmen qui va énergiquement participer à une période fondatrice pour la musique Afro-Américaine qui influence toujours encore profondément la scène Modernist internationale.
- Référence musicale 1 (en bas d'article) -
- Edmond Mickle (Source : BLU) -
Né Elmon Mickle le 24 février 1919 dans la ville de Keo, située dans le "Natural State" bordant le fleuve Mississippi du "Deep South" : l'Arkansas. Comme de nombreux jeunes Noirs aux Etats-Unis, le jeune homme grandit dans un environnement favorable à la musique. Il accompagne sa famille qui chante et participe activement au groupe musical de leur paroisse.
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Elmon va donc apprendre à jouer des instruments dès son plus jeune âge, en débutant par la guitare, puis l''harmonica. Il se rend très vite compte qu'il a une préférence pour cet instrument de musique à vent : l'harmonica. C'est d'abord sous l'influence de l'immense John Lee "Sonny Boy" Williamson I (1914-1948) qu'il perfectionne, avec entrain et assiduité, sa technique de jeu à l'harmonica.
C'est donc John Lee "Sonny Boy" Williamson II qui va être le premier musicien à lui montrer comment souffler, et jouer, dans un harmonica. L'écoute de ses incroyables et puissantes phases de jeux à l'harmonica illustre brillamment cet apprentissage studieux auprès de ce grand maestro ; qui va d'ailleurs demeurer son maître tout au long de sa carrière en reprenant très souvent nombre de compositions.
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En 1937, Sonny Boy I sort son premier morceau "Good Morning Little School Girl" sur le légendaire label Bluebird Records. Ce morceau, avant de devenir un des grands classiques intemporels du Blues Afro-Américain, remporte dès sa sortie un franc succès auprès de public. Sonny Boy Williamson I devient ainsi une des premières grandes vedettes de Blues Afro-Américain, qui va être très justement auréolé d'une mythique renommée mondiale.
- Référence musicale 2 (en bas d'article) -
- Little Rock dans l'Arkansas durant les années 1940 (Source : BEAF) -
Le jeune Elmon Mickle semble avoir une bonne étoile qui veille sur lui. Après avoir commencé son apprentissage musical auprès de Sonny Boy I, il a effectivement l'immense chance de poursuivre cet apprentissage musical à l'harmonica auprès d'un autre très grand maître de l'harmonica du Blues Afro-Américain.
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Effectivement, au milieu des années 40, il rencontre Alec Miler dit "Sonny Boy Williamson II" (1899 - 1965) dans les Juke Joints locaux, et également le batteur "King Biscuit Boy" Peck Curtis. Grâce à Sonny Boy II, Elmon Mickle va faire faire des passages répétés sur les ondes radiophoniques lors d'émissions musicales, souvent en direct, consacrées au Blues sur ondes des stations KDRK et KGHI.
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Il participe aussi à d'autres émissions avec les excellents harmonicistes de "Country Music" Lonnie Glosson et Wayne Raney, dont il s'inspirera aussi. Durant cette période, Elmon Mickle s'installe à Little Rock, la plus grande ville de l'état de l'Arkansas. Une ville qui possède de nombreux clubs et bars permettant à la très active scène musicale Blues locale de s'épanouir.
Elmon Mickle va accumuler les nouvelles expériences musicales dans cette ville de Little Rock en jouant avec les Bluesmen locaux, comme le grand Robert Nighthawk, et justement Sonny Boy II qui est déjà pourvu d'une importante renommée à cette époque. Comme la plupart des artistes musiciens Afro-Américains durant ses années 1940, Elmon Mickle est aussi obligé de travailler pour vivre.
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En l'occurrence Elmon Mickle travaille pour les chemins de fer de l'Arkansas car il ne gagne pas assez d'argent aves ses contrats musicaux pour subsister convenablement. Malgré ces gains financiers insuffisants, il devient de plus en plus connu, il participe aussi à plusieurs émissions de radio.
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C'est aussi à cette époque qu' Elmon Mickle collabore avec des musiciens issus d'autres genres musicaux, notamment avec les excellents harmonicistes de "Country Music" comme Lonnie Glosson et Wayne Raney, dont il va aussi s'inspirer pour développer son propre style musical.
- Référence musicale 3 (en bas d'article) -
- Elmon Mickle dit "Drifting Slim", circa 1950 (Source : BM) -
Le tout premier morceau considéré comme un "Boogie" enregistré serait "The Rocks" interprété par George W. Thomas en 1923. Mais, c’est un peu plus tard que Clarence "Pinetop" Smith fait naître littéralement le mot "Boogie Woogie" en enregistrant en 1928 son célèbre morceau "Pinetop’s Boogie Woogie". À la suite de cet enregistrement, cette expression désigna ce style de musique très caractéristique.
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C'est donc en écoutant cette musique Boogie Afro-Américaine qu' Alexis Korner débute son initiation musicale. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Alexis Korner va trainer avec son piano et sa guitare dans les petits clubs de Jazz qui commençaient à fleurir un peu partout dans le Londres américanisé. C'est justement à cette époque, que la première génération Modernist bâtie les première fondations de la culture Mod.
- Référence musicale 8 (en bas d'article) -
- Alexis Korner's Blues Incorporated (Source : BLM ) -
L’aventure prit vraiment forme avec Cyril Davies harmoniciste de génie avec qui il va former un groupe de Blues exceptionnel qui donna une chance à de jeunes musiciens qui allaient quelques années plus tard devenir les légendes de notre musique Modernist. Pour la petite histoire, le titre légendaire de sa formation The Cyril Davies R&B All Stars "Country Line Special" est l'hymne fondateur du 75 M.N.S®.
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Pour avoir une idée plus précise de l’importance essentielle de cette formation dans l’histoire du blues Anglais, il convient de citer certains musiciens ayant joué avec Alexis Korner : Charlie Watts, Long John Baldry, Keith Richards, Jimmy Page, Graham Bond sans compter quelques chanteurs qui connaitront la gloire par la suite comme Mick Jagger et Rod "The Mod" Stewart.
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Alexis Korner est le véritable "père" de ce mouvement parti de la ville de Londres, son impact sur le Blues anglais fût tel que lorsque Jimmy Page lui demanda de lui conseiller un chanteur pour la formation de son nouveau groupe de Led Zepplin notre Bluesman lui parla d’un nommé Robert Plant.
A la différence de la ville de Liverpool où le style de musique Merseybeat l’emporte sur le Blues avec des groupes comme les Beatles ; la ville de Londres s’attache effectivement plus au sens osé et ambigu des paroles autant qu’aux rythmiques des guitares électriques des musiciens Bluesmens de Chicago et du delta du Mississippi.
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Tous ces jeunes musiciens blancs essayent de recréer le phrasé des maîtres. En l'occurrence, les Rolling Stones ont pour maître Chuck Berry, Bo Diddley, Muddy Waters (à qui ils empruntent leur nom), Jimmy Reed, et l'immense Slim Harpo. Le sommet de cet période Blues s’établira lors d'une mémorable tournée américaine de 1964, qui va leur permettre visiter, ou d'enregistrer pour certains, dans les mythiques studios d'enregistrement du label Chess de Chicago.
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A propos des Roling Stones, il convient de souligner qu’ils obtiendront leur premier disque n° 1 en Angleterre en novembre 1964 avec une reprise d’Howlin Wolf signée par Willie Dixon, avec dans "Little Red Rooster" un style musical ralenti par la guitare Bottle-neck dus à Brian Jones. Tout au long de leur carrière, les Stones glisseront au gré des albums du Blues senti, que ce soit avec des reprises, ou avec leurs propres composition.
- Référence musicale 9 (en bas d'article) -
- Cyril Davies (Source : BLM ) -
Pour leur part le groupe des Yardbirds était luis aussi très influencé par le Blues Afro-Américain. Le groupe des Yarbirds était composé le guitariste Eric Clapton. Leur style était plus puriste, mené par la voix blanche et plate de Keith Relf (en opposition avec les voix caverneuses et graves des créateurs originaux).
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Ils vont avoir le grand privilège d'accompagner en tournée justement le maître de Model T Slim le grand Sonny Boy Williamson II en 1964.Une tournée mythique, et révéré par la culture Mod. Lorsqu’ils tourneront le dos au purisme pour faire une carrière plus commerciale, Eric Clapton les quittera pour laisser sa place au flamboyant Jeff Beck.
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Dans les autres territoires de l'Angleterre, de nouvelles formations voient aussi le jour, comme avec les Animals d’ Eric Burdon qui vont bouleverser le nord de l’Angleterre en reprenant des morceaux de Ray Charles et John Lee Hooker. De leur côté, le groupe The Thems s’insurgent musicalement en Irlande, avec Van Morrison qui chante et scande le morceau "Baby Please Don’t Go".
Dès 1966, le Blues fait son retour aux États Unis. Mais les musiciens puristes résistent, menés par John Mayall qui a engagé Eric Clapton dans ses Bluesbreakers. Leur premier album ultrapuissant génère dès 1967 la vague du Blues Boom, beaucoup plus scolaire que la précédente. John Mayall sera le grand patron de cette seconde vague.
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Sous l’influence des Cream avec Eric Clapton, le durcissement du son se généralise. Jeff Beck qui vient de quitter les Yardbirds, monte le Jeff Beck Group. Si le répertoire est emprunté aux plus grands, le son est poussé à l’extrême, établissant les règles du Hard Rock naissant. Le guitariste qui l’a remplacé dans les Yardbirds, Jimmy Page fondera plus tard Led Zeppelin qui jouera un répertoire très Blues.
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Cette profonde vague de retour de la musique Blues va pousser ces nouveaux jeunes passionnés de Blues Afro-Américain à s'intéresser plus profondément à l'ensemble des artistes. C'est donc grâce à cet environnement favorable que les enregistrements de Model T Slim vont être repris par un certain nombre de labels de collectionneurs de Blues.
- Référence musicale 10 (en bas d'article) -
- Alexis Korner Blues Incorporated publicité concert en 1962 (Source : LRBC) -
- Couverture revue "Blues Unlimited" 1968 (Source : 75 M.N.S®) -
Elmon Micke est un artiste dont les nombreux surnoms, "Model T Slim" / "Drif(f)ting'Slim", évoquent immédiatement l'excellence et l'authenticité de la grande musique Blues Afro-Américaine.
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Même si sa notoriété reste encore confinée à la sphère des amateurs et passionnés de Blues, certains de ses morceaux ont incontestablement marqué et inspiré toute une génération.
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C'est très certainement au sein de la culture Mod qu'Elmon Mickle est le plus largement respecté et encore révéré : les puissant et inimitables riffs de son Harmonica retentissent toujours assidûment dans les soirées Modernists.
Alexandre Saillide-Ulysse
75 M.N.S®
Nota :*La date de naissance d'Aleck Miller dit "Sonny Boy II" est encore incertaine, et sujette à discussion ; pour le moment, seul la période comprise entre 1899 et 1912 semble faire l'unanimité.
Sources :
- Philippe Bas-Raberin "Le Blues moderne : 1945-1979",
éditions Albin Michel, Paris, 1986 (1ére édition 1979)
- David Ausseil, Charles-Henry Contamine et Denis Chapoullie,
"La Route du blues", éditions J.-P. Barthélémy, Paris,
- Gérard Herzhaft "La Grande encyclopédie du blues",
éditions Fayard, Paris, (1ére édition 1997)
- Ted Gioia "Delta Blues : The Times of the Mississippi Masters",
éditions W.W.N, Boston,
- Stéphane Koechlin "Le Blues : Les musiciens du diable",
éditions Castor Astral, Paris,
Références musicales :
- Sélection 1 : Drifting Smith "My Little Machine",
Modern Records (849) - 1951
- Sélection 2 : Drifting Slim "Good Morning Baby",
RPM Records (370) - 1952
- Sélection 3 : Model T Slim "You're Growning Old Baby",
Audio Blues Records (1932) - 1967
- Sélection 4 : Elmon Mickle "Flatfoot Sam",
Elko Records (003) - 1959
- Sélection 5 : Model T Slim "Shake Your Boogie",
Magnum Records Records (739) - 1967
- Sélection 6 : Model T Slim "Take My Hand",
Audio Blues Records (AB-1933) - 1968
- Sélection 7 : Model T Slim "Jackson Tennessee",
Magnum Records Records (739) - 1967
- Sélection 8 : Alexis Korner's Blues Incorporated
"Hoochie Coochie Man", Oriole Records (PS40058) - 1964
- Sélection 9 : Cyril Davies and His Rhythm'n'Blues All Stars
"Country Line Special", Pye International Records (7N2594) - 1963
- Sélection 10 : Cyril Davies and His Rhythm'n'Blues All Stars
"Chicago Calling", Pye International Records (7N2594) - 1963
- Sélection 11 : Model T Slim "Baby Don't Tear My Clothes",
Kent Records (504) - 1969
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